Un pilote de Formule 1 n’oublie jamais sa première victoire… si celle-ci arrive un jour, bien sûr. Daniel Ricciardo fait partie des 114 pilotes à avoir remporté un Grand Prix. Et des six à avoir vécu leur premier triomphe à Montréal. Dix ans ont passé depuis, mais il se souvient « de tout ».

C’était en 2014. Le jeune Daniel de 24 ans prenait part à sa première saison chez Red Bull. En arrivant au Canada, il était déjà monté sur la troisième marche du podium à deux reprises.

Parti sixième sur la grille à Montréal, il a lentement remonté la pente jusqu’à traverser la ligne d’arrivée devant tout le monde. Euphorie.

« Je me souviens des qualifications, du débrief. Honnêtement, j’ai l’impression que c’est arrivé il n’y a pas si longtemps », s’est souvenu Ricciardo avec l’enthousiasme qu’on lui connaît, jeudi matin, dans les paddocks du circuit Gilles-Villeneuve.

Le sentiment, quand j’ai traversé la ligne d’arrivée… C’était un soulagement parce que pendant longtemps, tu crois en tes capacités d’y arriver. Quand tu le fais enfin, c’est un soulagement.

Daniel Ricciardo

Étant donné que Felipe Massa avait percuté le mur dans le dernier tour, Ricciardo s’est abstenu de trop célébrer avant de savoir si le pilote se portait bien. Une fois que ce fut fait, les émotions l’ont submergé. Et les célébrations ont été, disons, à la hauteur du moment.

« Tous nos vols ont été annulés… Ou plutôt, nous avons annulé nos vols », a-t-il raconté en souriant de toutes ses dents. « Nous sommes restés ici le dimanche soir et avons profité d’une belle soirée. »

De toute évidence, la fête a duré longtemps.

« Là où nous logions, il y avait une terrasse sur le toit, a raconté le pilote de 34 ans. Toute l’équipe y est allée et nous avons vidé le bar. Après ça, certaines personnes sont parties dans d’autres clubs, mais ça s’est terminé là pour moi. Je pense que rendu là, il était 3 heures du matin et ma réserve d’adrénaline avait été vidée. »

Faire quelque chose de « spectaculaire »

Il s’est passé beaucoup de choses dans la carrière de Daniel Ricciardo depuis ce moment charnière. En incluant Red Bull, chez qui il a passé cinq saisons, il a porté les couleurs de trois équipes avant de se joindre à AlphaTauri – devenue Visa Cash App RB – en milieu de saison l’année dernière.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Daniel Ricciardo entouré de quelques membres des médias, jeudi

Depuis plusieurs années, Ricciardo est un des favoris de la foule de Formule 1 d’un bout à l’autre du globe. Sa personnalité charismatique et chaleureuse, mise au premier plan dans la série documentaire Drive to Survive, y est pour beaucoup.

En piste toutefois, ses performances en ont pris un coup. Sa dernière victoire – et son dernier podium – remonte à 2021, à Monza. Avec seulement 5 points, tous remportés lors de la course sprint de Miami, il pointe actuellement au 14rang des pilotes. Son coéquipier, Yuki Tsunoda, comptabilise 19 points.

Le contrat de Ricciardo se termine à la fin de la saison. S’il espérait retourner dans l’équipe principale de Red Bull, ces espoirs sont tombés à l’eau la semaine dernière, quand le constructeur champion en titre a annoncé le retour de Sergio Pérez pour les deux prochaines saisons.

« Je me tiens responsable de ne pas encore avoir fait quelque chose de spectaculaire », a dit l’Australien jeudi. « Quand tu essaies de te battre pour un siège au sommet, tu dois faire des choses assez spectaculaires. Je ne dis pas que ça ne va jamais arriver, c’est encore une place où j’aimerais terminer ma carrière, mais de toute évidence, ça n’arrivera pas à court terme. »

« Je ne pense pas que ça veut dire que je n’aurai pas de chances. Personnellement, j’ai eu de bons résultats à Miami, mais le reste de la saison ne s’est pas vraiment déroulé dans le respect de ce à quoi j’attends de moi-même. Je veux que ma saison se déroule mieux que ça, pour que ça m’aide à obtenir des chances. »

La priorité de l’Australien est désormais de signer une nouvelle entente avec RB, qui n’a toujours aucun pilote pour 2025. Là aussi, pour y arriver, il devra améliorer ses performances.

Un point précis à travailler ?

« Plus de pédale de droite et moins de pédale de gauche ? », a-t-il lancé en riant.

Plus sérieusement, le pilote a parlé de l’importance d’être plus constant, sans égard à son humeur ou aux conditions. Il souhaite aussi mieux gérer tout ce qui se passe en dehors de la piste. Ainsi, une fois arrivé dans la voiture, il n’y a « pas de questions, de doutes, d’inquiétudes ».

« Je pense que je peux être plus constant pour la suite des choses, parce que je l’ai déjà fait. »

Rien de mieux que d’appliquer cette nouvelle résolution là où il a gagné son premier Grand Prix il y a dix ans. Ici, à Montréal.