Le Brésilien Nelson Piquet Jr (Nextev TCR/China Racing) est devenu le premier Champion FIA de Formule Électrique, pour un point, au terme de la 11e et dernière manche remportée dimanche à Londres par le Britannique Sam Bird (Virgin Racing).

Parti 16e sur la grille, à la suite de qualifications perturbées par la pluie, le fils du triple champion du monde de Formule 1 a réussi à terminer 7e de cette course très animée, sur un tracé provisoire dans le parc de Battersea, au bord de la Tamise.

Grâce à cette 7e place, Piquet Jr, ancien pilote Renault en Formule 1, a conservé un petit point d'avance (144 à 143) sur le Suisse Sébastien Buemi (e.dams-Renault), vainqueur samedi de la 1re course, mais seulement 5e dimanche.

«C'était vraiment un championnat difficile», a commenté Piquet Jr, très ému. «Nous avons travaillé très dur depuis le début de la saison, quand nous étions vraiment perdus: je n'imaginais même pas monter sur le podium d'une seule course. Nous avons réussi à renverser la tendance, je me suis bien adapté à la voiture et tout s'est amélioré peu à peu. Quand j'ai débuté cette saison, je n'avais un contrat que pour cinq courses», a-t-il ajouté.

Le pilote suisse, champion du monde d'endurance en 2014 chez Toyota, est parti de la 6e place sur la grille et a longtemps semblé bien placé pour le titre, mais il est parti en tête-à-queue après son changement de voiture, à mi-course, et n'a jamais pu dépasser ensuite un autre Brésilien, Bruno Senna (Mahindra), bien accroché à la 4e place.

«Bravo à Nelson pour cette belle saison», a réagi Buemi, arrivé à Londres avec 23 points de retard sur Piquet. «Je pense qu'il mérite de gagner mas je pensais pouvoir y arriver, si je n'avais pas fait une petite erreur. J'ai essayé le plus possible de passer Bruno Senna, mais il ne voulait vraiment pas m'aider aujourd'hui», a-t-il regretté.

«Buemi a gagné trois fois»

Parti en pole position, le Français Stéphane Sarrazin (Venturi) a terminé en tête, mais a été pénalisé de 49 secondes, après l'arrivée, pour une consommation excessive d'énergie, ce qui l'a fait rétrograder à la 15e place et a donné la victoire à Bird.

Le Britannique, ancien pilote d'essai de Mercedes-AMG en F1, avait déjà gagné une fois cette saison, en novembre, dans les rues de Putrajaya (Malaisie).

Au bilan des victoires, Buemi a gagné trois fois cette saison, à Punta del Este, Monaco et Londres, samedi, alors que Piquet, plus constant ces derniers mois, n'a gagné que deux fois, à Long Beach et Moscou.

Piquet Jr avait été le héros malheureux du GP de Singapour de F1, en 2008, quand son écurie lui avait demandé de sortir de la piste, et de taper dans le rail de sécurité, pour provoquer une neutralisation et permettre à son coéquipier Fernando Alonso de remporter la course. Il a ensuite quitté la F1.

Le Brésil était bien représenté pendant cette saison 1 de la Formule E. En plus de Nelson Piquet Jr et Bruno Senna, Lucas di Grassi, ex-pilote de F1 chez Virgin et pilote Audi en endurance, était en course pour le titre jusqu'à ce dimanche. Il a finalement terminé 6e de cette dernière manche et 3e du championnat, derrière Piquet et Buemi.

Alain Prost: la Formule Electrique, «un truc de fou»

Alain Prost, quadruple champion du monde de Formule 1 et cofondateur de l'écurie e.dams-Renault qui a remporté le titre des équipes en Championnat FIA de Formule Electrique, a décrit cette expérience comme «un truc de fou».

Au lendemain du titre décroché samedi à Londres par l'écurie dans laquelle pilote son fils Nicolas, Alain Prost a confié que cette saison inaugurale l'avait contraint à jongler entre le court et le long terme dans une discipline partie de zéro et qui, selon lui, a trouvé son public.

Remporter le championnat «c'est quand même super, mais de l'extérieur vous ne vous rendez pas compte de tout le travail qu'il a fallu faire», a expliqué Prost avant le départ de la 11e et dernière manche de la saison de Formule E, dimanche à Londres.

«Je pensais que ce serait relativement cool, je pensais qu'on allait suivre le cours normal des choses, mais c'est un truc de fou. On apprend, on doit gérer toutes les choses à très court terme, on doit s'adapter, et en même temps on pense déjà à l'année prochaine» ainsi qu'aux années suivantes, quand les équipes auront graduellement plus de marge pour faire évoluer leurs monoplaces, a-t-il raconté.

«C'est réunion sur réunion, des réunions incessantes, avec le promoteur (Alejandro Agag) et la FIA (Fédération internationale de l'automobile). Il faut trouver des commanditaires, des appuis, des partenaires pour après-demain. Mais c'est ce qui est aussi intéressant en même temps», a encore indiqué Prost, également «ambassadeur» pour Renault et consultant de Canal Plus en F1.

Selon Prost, la Formule E a tenu ses promesses, d'un point de vue intérêt sportif et engouement du public: «On a les meilleurs pilotes du monde en dehors de ceux qui sont en F1, les courses sont vraiment disputées», a-t-il souligné.

Quant au public, «il y a un intérêt global qui est incroyable. On s'aperçoit que les gens qui viennent voir la Formule E, notamment parce que les courses se passent dans les villes, viennent avec une approche différente. On a un public jeune, même très jeune, que l'on n'a pas du tout, et que l'on n'a d'ailleurs jamais eu en F1. Ça, c'est le vrai succès», a-t-il conclu.