« C’était le chaos », s’est exclamé Lando Norris.

« Très amusant. J’ai adoré ça », a ajouté le vainqueur, Max Verstappen.

Ce Grand Prix du Canada fut fou, fou, fou. On a eu de la pluie. Des éclaircies. Des sorties de piste. Des accidents. Des dépassements à la douzaine. Même une marmotte s’est invitée dans le peloton de tête, gênant Max Verstappen lorsque ce dernier luttait avec George Russell pour la première place. Sur le coup, le Néerlandais était incapable d’identifier le petit animal. « Je l’appelais le castor. » Ce à quoi son adversaire britannique a répondu : « Si tu avais frappé un castor, tu aurais eu un problème ! »

Le contraste avec le récent Grand Prix de Monaco était saisissant. Souvenez-vous. C’était il y a deux semaines. Les dix premiers pilotes sur la grille de départ avaient terminé la course exactement dans le même ordre. « C’était tellement ennuyant, j’aurais dû apporter mon oreiller », avait commenté Max Verstappen. Sa propre domination la saison dernière – 19 victoires en 22 épreuves – avait rendu le championnat inintéressant. Des cauchemars pour la F1.

Ce qui fait la beauté du sport, c’est la surprise. L’inattendu. L’imprévisibilité. C’est ce qui nous incite à acheter des billets. C’est ce qui nous garde sur le qui-vive. C’est ce qui nous fait lever de nos sièges. On espère voir les négligés triompher. On aime quand les favoris ressentent la peur de perdre.

Dimanche, au circuit Gilles-Villeneuve, le suspense était total. Au 20e tour, Lando Norris, Max Verstappen et George Russell se suivaient d’aussi près que les voitures tentant d’accéder à l’île Notre-Dame, deux heures plus tôt. Seulement 1,2 seconde séparait la première place de la troisième. À la mi-course, les trois pilotes avaient chacun pris la tête pendant quelques tours. Au 47e tour, Norris est sorti des puits au coude-à-coude avec Verstappen, avant de s’engager dans une lutte spectaculaire avec Russell.

« Focus, George, focus ! », a-t-on entendu sur les ondes radio de Mercedes.

Des pilotes nerveux, des roues qui se frôlent, des ailerons qui se touchent, voilà ce que j’attends d’un Grand Prix. La F1 doit susciter des émotions. C’est la recette du succès de Drive to Survive. C’est la clé des albums de Michel Vaillant. Notez les titres de la série bédé : Cauchemar, Rififi en F1, Le circuit de la peur, Une histoire de fous. Qui n’a pas la curiosité d’aller jusqu’au bout de ces intrigues ?

Des courses comme celle de dimanche, on en veut plus.

C’est ce qui permettra de convertir les amateurs occasionnels (comme moi) en partisans fidèles.