(New York) Une carte de Mickey Mantle à l’état neuf s’est vendue pour 12,6 millions US dimanche, établissant un record pour le prix payé pour un souvenir sportif dans un marché qui se veut de plus en plus lucratif depuis quelques années.

Cette carte rare de Mantle a éclipsé la marque établie il y a quelques mois seulement : 9,3 millions pour un maillot porté par Diego Maradona quand il a marqué le fameux but de la « Main de Dieu » à la Coupe du monde 1986.

La vente a facilement surpassé le montant de 7,25 millions pour une carte de plus de 100 ans d’Honus Wagner, récemment vendue dans une vente privée.

Le mois dernier, la ceinture des lourds retrouvée par Mohammed Ali pendant le « Rumble in the Jungle » de 1974 a été vendue pour près de 6,2 millions.

Tous ces items ont profité de l’engouement pour les souvenirs sportifs.

Les prix ont augmenté pas seulement pour les items les plus rares, mais aussi pour les pièces qui auraient pu amasser la poussière dans les garages et greniers. Plusieurs de ces items ont trouvé leur chemin jusqu’à des sites d’enchères grand public comme eBay, tandis que d’autres ont été confiées à des maisons de ventes aux enchères.

En raison de sa condition presque parfaite et de son sujet légendaire, la carte de Mantle était toute désignée pour devenir l’un des meilleurs vendeurs, assure Chris Ivy, le directeur des enchères sportives à Heritage Auctions, qui a dirigé la vente.

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Le directeur des enchères sportives à Heritage Auctions, Chris Ivy

Certains ont vu les articles de collection comme une protection contre l’inflation ces dernières années, ou simplement une façon de rallumer une passion d’enfance.

Ivy explique que certains investisseurs ont vu venir l’inflation. Ils se sont donc tournés vers les souvenirs sportifs comme alternative aux investissements boursiers ou à l’immobilier, particulièrement parmi ceux de la génération X ou les milléniaux plus âgés.

« Il y a une limite à ce qu’on peut regarder sur Netflix pendant la pandémie. Alors ces gens retrouvaient les hobbys qu’ils avaient délaissés et clairement, la collection de souvenirs sportifs en faisait partie », note Ivy, qui remarque un plus grand nombre d’appels de la part de vendeurs potentiels.

Ajoutez à cela l’intérêt de riches collectionneurs outre-mer et vous vous trouvez avec une tempête parfaite pour rendre ces articles particulièrement attrayant, insiste Ivy.

« Nous avons été témoin de hausses de prix qui ont mené à une plus grande couverture médiatique. Je crois que ça a créé un effet d’entraînement, dit-il. Je pense que la pandémie a jeté de l’huile sur ce feu. »

Avant la pandémie, le marché des items de collections sportives était évalué à plus de 5,4 milliards, selon une interview avec David Yoken, fondateur de Collectable.com, par Forbes en 2018.

En 2021, ce marché avait atteint 26 milliards selon la firme de recherches Market Decipher, qui prédit que le marché explosera jusqu’à atteindre 227 milliards dans 10 ans. Elle attribue cette hausse au marché des NFT, ou jetons non-fongibles, des objets virtuels uniques ne pouvant être remplacés ou copiés.

Les cartes sportives sont particulièrement en demande. Comme les gens ont passé plus de temps à la maison, ils ont eu le temps de fouiller leurs vieilles boîtes et de potentiellement y trouver des trésors cachés, comme de vieilles bandes dessinées ou des cartes de légendes sportives.

Cet attrait pour de l’argent vite fait avec des articles amassant la poussière chez papa et maman s’est avéré irrésistible, note Stephen Fishler, fondateur de ComicConnect, qui a été témoin de la montée et de la profitabilité du marché.

« Le monde des cartes sportives modernes est devenu complètement fou », dit-il.

La carte de Mantle date de 1952 et est vue comme l’une des très rares qui sont à l’état presque parfait. La vente a permis à Anthony Giordano, l’entrepreneur en gestion de déchets du New Jersey, qui l’avait achetée lors d’une convention de collectionneurs à New York, en 1991. Son prix d’achat à l’époque : 50 000 $ !

Frappeur ambidextre, Mantle a remporté la Triple Couronne en 1956, trois titres de joueur par excellence de l’Américaine et sept Séries mondiales. Le membre du Temple de la renommée est décédé en 1995.

« Certains diront qu’il ne s’agit que d’une carte de baseball. Qui s’en soucie ? C’est seulement un Picasso ou un Rembrandt après tout. C’est une pièce d’art pour certains », souligne John Holden, professeur de droit en administration sportive à l’Université de l’État de l’Oklahoma et collectionneur amateur.

Comme des œuvres d’art qui n’ont pas de valeur intrinsèque, la valeur est se trouve dans l’œil de celui qui veut se la procurer, note-t-il. Ou plutôt dans son portefeuille.

« La valeur est ce que le marché est prêt à lui attribuer », conclut-il.