Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence

Appel à tous

Et vous, si vous étiez un joueur de baseball professionnel, sur quelle chanson voudriez-vous vous présenter au bâton ?

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Nicholas Richard

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Brian Johnson et Angus Young, du groupe AC/DC

J’y ai réfléchi longuement. J’ai pensé à Kanye West, Eminem, U2, mais finalement, comme c’est souvent le cas, la nostalgie a pris le dessus. Je pense que c’est sur la chanson Thunderstruck d’AC/DC que je voudrais me diriger vers le marbre avant de frapper un grand chelem dans la gauche. J’ai choisi Thunderstruck pour la seule et bonne raison que c’est l’un des morceaux qui ont résonné le plus pendant mon enfance. Non pas comme berceuse avant de m’endormir – mes parents ne sont pas des descendants de Voldemort –, mais c’était plutôt dans les haut-parleurs de l’aréna Melançon de la délicieuse ville de Saint-Jérôme que ça jouait avant chaque partie de hockey, pendant la période d’échauffement. Pendant que nous faisions la fameuse banane et que mon père, entraîneur-chef, et ses adjoints traversaient la patinoire en bottes en essayant de ne pas se ridiculiser devant tout le monde, c’est Thunderstruck qui se faisait entendre. Mine de rien, ce tube sonne quand même du feu de dieu. Tout le monde connaît la pièce, c’est un classique indémodable et je crois que ça en réveillerait quelques-uns avant que j’arrive au bâton. Franchement, qui n’aurait pas envie de briser un mur en écoutant cet air ? Ça en jette, et la balle sur le bâton résonnerait comme le bruit du tonnerre.

Katherine Harvey-Pinard

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le rappeur Eminem

Deux mots : mom’s spaghetti. J’entre en transe quand j’entends le beat de Lose Yourself d’Eminem. Ça déclenche quelque chose en moi. Je m’imagine très bien marcher vers le marbre, mon bâton sur l’épaule, pendant qu’Eminem rappe « You only get one shot, do not miss your chance to blow, this opportunity comes once in a lifetime ». Avouez, ça donne le goût. Est-ce que je passerais quand même dans le beurre une ou deux fois avant de toucher la balle ? Probablement. Cela dit, j’aurais eu une belle entrée.

Jean-François Téotonio

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Neil Diamond

J’aime m’entourer d’harmonie, de joie et d’allégresse. Mon choix de chanson est à l’image de cette volonté. Parce qu’un stade en entier qui hurle le refrain de Sweet Caroline, éternel succès de Neil Diamond, ça te met impérativement dans une humeur de fête. Et quoi de mieux pour faire durer le plaisir ambiant qu’une bonne présence au bâton ? Imaginez sortir de l’abri des joueurs alors qu’un stade rugit joyeusement, et à l’improviste, la célèbre ritournelle. J’aurais aimé proposer une chanson de l’un de mes groupes préférés de tous les temps, Radiohead ou Bon Iver... mais je crois que le décalage de ton pour une foule de baseball aurait été tout juste un peu trop prononcé.

Simon-Olivier Lorange

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Wyclef Jean

Partons de l’idée que ma carrière de baseballeur professionnel serait calquée sur mes succès à la balle molle, sport que je pratique à un niveau bien plus récréatif que compétitif. Le lecteur aux yeux les plus affûtés aura peut-être remarqué la belle rondeur de joues que camoufle peu (ou pas) ma barbe sur mon bloc auteur. Quand je me présente au bâton, les joueurs en défense qui ne me connaissent pas tendent à reculer au champ, en tout respect des kilos en trop que je transporte avec moi jusqu’au marbre. Or, je ne suis pas un frappeur de puissance. Je possède le poids, mais je n’en maîtrise pas le transfert. Ça ne fait pas de moi un vilain cogneur pour autant, car je frappe des simples et des doubles avec régularité, profitant avec plaisir de l’espace qu’on m’accorde derrière l’avant-champ. En l’honneur à cette tromperie, je jette donc mon dévolu sur la pièce Masquerade, de Wyclef Jean et M.O.P. À cause du titre, évidemment, et parce que ça rentre comme une tonne de briques.

Guillaume Lefrançois

Les thèmes de lutteurs sont parfaits pour ce type d’utilisation. Ils sont courts et ont toujours un punch dès le début. Le thème naguère utilisé par Legion of Doom, une équipe aussi connue sous le nom des Road Warriors, fait école en la matière. Un cri, trois mots, de la guitare électrique, et autant de testostérone que dans les annonces de Molson Export des années 1980. Voici le thème en question. À écouter avec des écouteurs si l’être aimé dort à vos côtés, sinon vos effets personnels risquent fort d’aboutir dans un sac vert, sur le trottoir.

Écoutez le thème utilisé par Legion of Doom

Mathias Brunet

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Catherine Ringer, des Rita Mitsouko

Marcia elle danse
Sur du satin, de la rayonne
Du polystyrène expansé
À ses pieds
Marcia danse avec des jambes
Aiguisées comme des couperets
Deux flèches qui donnent des idées
Des sensations
Marcia elle est maigre
Belle en scène, belle comme à la ville
La voir danser me transforme
En excitée
Combien de fois me suis-je fait taquiner par mes amis lorsque ce tube des Rita Mitsouko jouait à tue-tête en boîte ? Prononcé à sa façon bien à elle par la chanteuse Catherine Ringer, le « Marcia » peut aisément sonner comme un « Mathias ». C’est devenu un peu mon hymne personnel. Alors oui, au bâton, j’aimerais bien entendre ce succès...

Alexandre Pratt

Comme je serais l’un des rares francophones dans les ligues majeures, je choisirais un ver d’oreille avec des mots en français. Une ritournelle que les partisans pourraient facilement retenir, et même chanter : la canne de bines.
On ouvre la canne de bines
Oh yeah
And The Chips
And The Chops
And The Chips au ketchup
On veut des points Tsst Tsst
Des points Tssst
Des points sur notre bord
On s’laissera pas intimider
Par l’autre côté.
Chanté par Plume, ça aurait du panache, non ?