Ni le Baseball majeur ni ses joueurs n’ont confirmé la nouvelle, mais c’était devenu évident. Pour la première fois depuis 1995, les camps d’entraînement ne commenceront pas comme prévu dans les Ligues majeures.

Le conflit de travail dure depuis 76 jours dans le baseball majeur en raison de l’impasse sur la façon de partager les revenus annuels de 10 milliards US entre les équipes et les joueurs.

Lanceurs et receveurs ne se présenteront pas aux installations des équipes comme prévu, mercredi.

Le Baseball majeur ne prévoit pas faire d’annonce concernant le report du début des camps avant de devoir annuler les premiers matchs préparatoires, prévus le 26 février.

Si les négociations se poursuivent jusqu’en mars — tout indique que ce sera le cas — les matchs inauguraux devront aussi être repoussés.

Le lock-out a été décrété le 2 décembre, au moment de l’expiration de la convention collective.

« Je suis confiant que nous pourrons conclure une entente avant le début prévu de la saison », a affirmé le commissaire Rob Manfred lors d’une conférence de presse jeudi dernier.

« Je crois qu’annuler des matchs serait désastreux pour notre industrie. Nous ferons tout en notre possible pour l’éviter. »

Il s’agissait des premiers commentaires du commissaire depuis le début du neuvième arrêt de travail dans l’histoire du baseball majeur.

Les négociations concernant la prochaine convention collective avancent très lentement.

Il n’y a eu que cinq séances de négociations sur les principaux enjeux financiers depuis que le conflit a commencé : une rencontre virtuelle le 13 janvier, ainsi que des rencontres en personne les 24-25 janvier, 1er et 12 février.

Le releveur Andrew Miller a été le seul joueur à participer aux rencontres en personne, tandis que Dick Montfort, des Rockies du Colorado, a été le seul propriétaire.

Aux antipodes

Les joueurs exigent des changements importants. Ils étaient notamment mécontents que la masse salariale des équipes soit limitée à 4,05 milliards l’an dernier, en baisse de 4,6 % par rapport à celle de 2017, qui était de 4,25 milliards.

Le syndicat des joueurs veut aussi réduire l’admissibilité à l’arbitrage salarial à deux années de service, soit la règle qui prévalait entre 1974 et 1986.

La MLBPA souhaite aussi une réduction du partage des revenus, ainsi que du temps de service additionnel pour la crème des jeunes joueurs.

Les propriétaires ont affirmé qu’ils ne diminueraient pas le partage des revenus et qu’ils refuseraient d’élargir l’admissibilité à l’arbitrage salarial.

Les deux camps sont aussi loin de s’entendre concernant le salaire minimum, la cagnotte réservée aux meilleurs jeunes joueurs et la taxe de luxe.

« La ligue n’était pas obligée de déclarer un lock-out », a estimé le président du syndicat des joueurs, Tony Clark, le 2 décembre. Il n’a pas parlé aux journalistes depuis.

« Les joueurs trouvent que c’est inutile et que c’est une tentative de provocation. Cet arrêt de travail ne mettra pas de pression sur les joueurs et ne les intimidera pas. Il ne les poussera pas à accepter une convention collective dont ils ne veulent pas », a tranché Clark.

Manfred a répliqué en affirmant que ce lock-out est « défensif », rappelant que les joueurs ont décidé de déclencher une grève tard lors de la saison 1994, ce qui a mené à l’annulation de la Série mondiale pour la première fois en 90 ans.

« En jouant sans convention collective, on s’expose à une grève à n’importe quel point en cours de saison, a dit le commissaire. En 1994, le syndicat des joueurs a profité du moment où nous engendrons le plus de revenus, lors des séries éliminatoires.

« Nous voulions éviter une situation semblable et essayer de forcer les deux camps à s’entendre maintenant. Nous croyons que c’est la meilleure option pour les partisans. »

Les deux parties semblent croire que l’autre ne fera pas de compromis significatifs avant que le jour où les matchs inauguraux seront menacés.

Le commissaire a souligné la semaine dernière que quatre semaines d’entraînement seraient peut-être nécessaires entre une entente et le début de la saison, avec un délai supplémentaire pour la ratification de la convention et le voyagement des joueurs vers les camps.