Stuart Sternberg ne voit plus ses Rays disputer 81 matchs à St. Petersburg et souhaite partager l’équipe avec Montréal. Bien malin qui pourrait expliquer comment ce projet se réalisera.

Le propriétaire des Rays de Tampa Bay a tenu une conférence de presse au musée Dali, mardi, au cours de laquelle il a expliqué très sommairement son plan.

Après avoir longuement parlé des réalisations du club et de son implication communautaire au cours des 15 dernières années, Sternberg a demandé aux gens d’être « ouverts d’esprit » afin que l’équipe survive dans le marché de Tampa/St. Petersburg.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est arrivé à cette solution d’une garde partagée de l’équipe avec Montréal. Une chose est certaine : Sternberg a affirmé que si ce projet ne se réalisait pas avec Montréal, il ne croit pas le marché de Tampa/St. Pete capable d’appuyer une équipe pour 81 matchs locaux. Mais il ne compte pas quitter la région.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Afin que le projet se concrétise, il faudra deux nouveaux stades à ciel ouvert — un à St. Pete et un à Montréal.

« Je veux être clair : il ne s’agit pas d’une sortie (de St. Petersburg). Cette idée ne m’a jamais traversé l’esprit. Ce n’est pas le premier pas vers une délocalisation à Montréal. J’ai rejeté cette idée il y a plusieurs années et je continue à le faire aujourd’hui. Il ne s’agit pas non plus d’une stratégie de négociation. Il s’agit de trouver une façon pour les Rays de réussir dans la région de Tampa Bay. Il s’agit pour Tampa Bay de garder son équipe et pour Montréal d’en obtenir une également.

“Il s’agit d’une association permanente. D’un engagement pour plusieurs générations envers les deux communautés. […] Aujourd’hui s’amorcent une discussions, une exploration et une collaboration. »

Le propriétaire a rappelé que son club avait atteint tous ses objectifs, sauf celui de construire un nouveau stade dans la région.

« Depuis 20 ans, la survie de cette équipe est remise en question, a-t-il précisé. Malgré son bassin de partisans, il nous manque quelque chose : quelques dizaines de milliers de partisans par rencontre. C’est ce qui fait que nous sommes derniers ou parmi les derniers dans tous les indices économiques du Baseball majeur. »

Il estime que de partager l’équipe avec Montréal et de condenser le quelque un million de spectateurs qui assistent aux rencontres des Rays en une saison sur une demi-saison améliorera grandement les états financiers de l’équipe.

« La majeure partie de nos partisans n’assistent qu’à une ou deux, voire cinq parties par année, a-t-il imagé. Imaginez que tous ceux qui ont cette habitude n’aient qu’une demi-saison pour le faire. Nous aurions de meilleurs assistances. »

Afin que le projet se concrétise, il faudra deux nouveaux stades à ciel ouvert — un à St. Pete, un à Montréal. Les Rays débuteraient la saison en Floride pour se déplacer au nord quelque part en juin. Sternberg estime que cette garde partagée des Rays pourrait voir le jour pour la saison 2024.

Un bail le lie toutefois pour tous les matchs locaux de son club au Tropicana Field jusqu’en 2027. Le maire de St. Petersburg, Rick Kriseman, a déclaré la semaine dernière qu’il ne comptait pas donner la permission aux Rays d’aller de l’avant avec ce plan. Il a toutefois assoupli sa position, mardi. À tout le moins sur un point.

« Si M. Sternberg souhaite explorer ce concept de façon formelle avec moi et qu’il souhaite financer un nouveau stade à St. Petersburg avec des fonds privés, je suis prêt à l’écouter, a-t-il déclaré. Mais la ville de St. Petersburg ne participera pas au financement d’un stade pour une équipe à temps partiel.

“Nous demeurons ouverts à développer de concert le site du Tropicana Field et d’y construire un nouveau stade, mais pour une équipe à temps plein. L’avenir de St. Pete n’a jamais paru aussi prometteur et toute entreprise ou équipe de baseball en Amérique devrait vouloir en faire partie. »

PHOTO ANDREW VAUGHAN, LA PRESSE CANADIENNE

Stephen Bronfman

Le partenariat de Sternberg avec Stephen Bronfman demeure nébuleux. S’il affirme avoir discuté avec le fer-de-lance du groupe de Montréal il y a deux ans, il ne peut dire avec certitude quand il lui a présenté cette idée. Qui plus est, il ne peut dire si Bronfman deviendra actionnaire minoritaire du club, puisque Sternberg a assuré qu’il allait demeurer l’actionnaire de contrôle de cette entité.

Sternberg ne sait pas davantage où l’équipe disputerait ses matchs éliminatoires, pas plus que si le nom de Montréal apparaîtrait dans le nom du club, voire si celui-ci allait carrément changer de nom.

Le New-Yorkais de 60 ans, qui n’a pas été capable de trouver du financement pour faire construire un stade pour une équipe à temps plein, ne sait pas de quelle façon ces deux nouveaux stades seraient financés. Il ne semblait d’ailleurs pas être au courant des avancées du groupe de Montréal au niveau de son montage financier ni de son intention d’acheter le terrain du bassin Peel pour y construire un stade.

Bronfman et son groupe réagiront à cette conférence de presse mercredi, à Montréal.

Réactions

Ces explications de Sternberg ont été accueillies plutôt froidement par les médias américains.

MSNBC.com a titré : « Le propriétaire des Rays tente de vendre son concept d’équipe à deux vils ; échoue ». Le journaliste Craig Calcaterra y indique que « le principal problème est que Sternberg n’a pas défendu ce projet, il a plutôt a) demandé aux gens de la région de Tampa Bay de lui bâtir un stade pour un club à temps plein, ou b) s’est donné une excuse pour pouvoir dire :’nous avons essayé’ ».

Du côté du Tampa Bay Times, on note que « vue la difficulté d’obtenir du financement pour une équipe disputant 81 matchs dans la région, ça semble plus qu’un important défi pour les Rays que de se faire financer un stade pour une équipe à temps partiel ».

TheAthletic.com a de son côté souligné à quel point cette conférence de presse avait répondu à bien peu de questions. Surtout, il demande pourquoi faire cette annonce dès maintenant.

« Pourquoi, exactement, compte tenu des succès obtenus sur le terrain par l’équipe, annonce-t-on immédiatement ce plan qui sèmera le doute et l’incertitude, en plus de causer de la distraction ? Sternberg répond qu’il aurait souhaité attendre, mais qu’une fois ses intentions dévoilées, il n’avait plus le choix. »