La compagnie d’investissements Claridge, propriété de Stephen Bronfman, et le promoteur immobilier Devimco se sont entendus au sujet du développement de l’immense terrain au bassin Peel, où le Groupe de Montréal souhaite ériger le stade des Expos de Montréal 2.0.

« Oui, nous avons une entente. On travaille ensemble. On fait des plans, a révélé Stephen Bronfman mardi, en marge de la soirée visant à honorer son père, Charles Bronfman, en ce 50e anniversaire des Expos. On travaille même avec la table de concertation qui tiendra des consultations publiques cet automne, je crois. On prépare nos plans. Ça bouge, même s’il y a quelques trucs dont on ne peut pas parler. »

PHOTO ANDREW VAUGHAN, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Stephen Bronfman

Le fils Bronfman, qui est à la tête du Groupe de Montréal, groupe d’investisseurs souhaitant ramener le baseball majeur dans la métropole, a précisé que Devimco se porterait acquéreur du terrain avec Claridge comme partenaire financier et de développement du site de quelque 950 000 pieds carrés.

« Ça s’en vient, a-t-il dit. Il y a des négociations avec (la Société immobilière du Canada). Mais c’est Serge Goulet (président de Devimco) qui va s’occuper de ça. Nous on est des partenaires financiers, mais c’est Devimco qui va s’occuper d’acheter le terrain. »

Bronfman espère toujours faire une annonce cet été mais n’est pas inquiet.

« Les dates ne m’inquiètent pas. C’est en mouvement. »

Du côté du baseball majeur, il n’y a pas eu d’avancées. Bronfman ne s’en inquiète pas du tout. Il souligne que la MLB a été aux prises avec l’important dossier des chaînes sportives régionales qu’elle tentait de racheter à Fox au cours des trois à six derniers mois, ce qui a eu pour effet de « tasser un petit peu les autres dossiers ».

La MLB et son partenaire Liberty Media, propriétaire de la Formule 1, notamment, ont toutefois été battus au fil d’arrivée par une offre de Sinclair Broadcasting.

« Pendant qu’à New York ils étaient occupés avec cette transaction, nous sommes allés progressivement de l’avant avec notre projet. Je ne m’inquiète pas avec les dates ou les annonces, car je sais que c’est en cours. Quand il sera le temps d’annoncer quelque chose, nous le ferons. Étape par étape. »

L’homme d’affaires est toujours convaincu qu’il pourra mener à bien ce dossier.

« Je suis toujours positif. Ça n’avance pas vite, mais ça roule, c’est ce qui est important, a-t-il souligné. On ne sait jamais vraiment ce qui se passe (à New York), mais nous sommes la plus grande ville (en lice), la plus avancée en Amérique du Nord. Dans ma tête, il y aura du baseball ici à 100 %. Je ne sais pas quand par contre, ni quelle forme (relocalisation ou expansion) ça va prendre. Un jour, il y aura du baseball ici à Montréal. »

Hommage à Charles Bronfman

Plusieurs ex-porte-couleurs des Expos, dont Steve Rogers, Bill Lee, Andre Dawson, Denis Boucher, Derek Aucoin et Claude Raymond, ou d’ex-dirigeants du club comme Richard Morency s’étaient déplacés au salon Le Pavillon du Grand Quai du Vieux-Port de Montréal pour honorer Charles Bronfman.

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Charles Bronfman

La cérémonie était présidée par Jacques Doucet et Dave Van Horne, les voix francophone et anglophone des Expos. Van Horne, qui décrit aujourd’hui les matchs des Marlins de Miami, a obtenu la permission de ses employeurs pour venir assister à cet événement.

Charles Bronfman est convaincu du bien fondé du projet de son fils, tout en rappelant que le bon stade est nécessaire.

« La ville est assez forte pour appuyer une équipe, comme elle l’a toujours été, a-t-il précisé. C’est malheureux que nous ayons joué toutes ces années au Stade olympique, même si nous avons eu quelques bonnes saisons là-bas. Le baseball est un sport intimiste, qui doit être joué dans des stades comme le Wrigley Field, Fenway Park ou Nationals Park. C’est le genre de stades où les gens, même au-delà de la 20e rangée, sont dans le match quand même. Au Stade olympique, dans la 10e rangée, de la façon dont il a été conçu, vous êtes trop loin. Il n’était pas bon pour le baseball, pas plus qu’il ne l’est pour le soccer. »

« Est-ce que ça va revenir, je ne sais pas. Mais est-ce qu’ils (le baseball majeur) en doivent une à Montréal ? Je crois bien, oui. »

Il ne se prononce toutefois pas sur un échéancier.

« Ce n’est vraiment pas à moi de vous dire si le projet est sur le point de se concrétiser. C’est l’affaire de Stephen. Mais tout ce que je peux dire, et ça ne plaira pas aux gens, c’est que vous ne savez jamais ce qui va se produire d’un jour à l’autre. Ils ont travaillé très fort jusqu’ici, mais le sport est aussi imprévisible que le Monopoly. C’est quelqu’un d’autre qui décidera, pas les investisseurs. »

A-t-il donné un conseil à son fils ?

« Sois patient. Il a fait tout un travail, bien meilleur que ce que j’ai fait. Il est très patient. Il a joué toutes ses cartes comme il faut. Il a un groupe d’investisseurs solides à ses côtés. Je n’aurais pas pu mieux faire et on n’aurait pas pu demander à qui que ce soit de mieux faire. »

L’homme de 87 ans a admis être très touché qu’on souligne le 50e anniversaire de son implication dans la venue de la MLB à Montréal. Mais il a une explication quand on lui demande comment il se fait qu’on se souvienne toujours de lui après toutes ces années.

« Il y a du panache à faire partie des ligues majeures. Je pense que tout le monde aimait bien ça. L’équipe était excitante et nous avons eu beaucoup de plaisir. Je pense que toute l’expérience au Parc Jarry, c’est vraiment cela qui a vendu le baseball ici. Nous avions toute une équipe de 1979 à 1982. Malheureusement, nous n’avons jamais atteint la Série mondiale. C’est là mon seul regret que j’ai. […] La nostalgie a repris depuis leur départ et soudainement, les vêtements à l’effigie des Expos se sont retrouvés parmi les meilleurs vendeurs des Majeures. Pourquoi ? On ne sait pas ! »

« Parce qu’ils sont beaux », suggère un scribe. Le premier proprio des Expos n’a pas répondu, mais arborait un sourire qui en disait long.