L'incident survenu la semaine dernière au Fenway Park de Boston, alors qu'une spectatrice a subi de graves blessures après avoir été atteinte à la tête par un bâton brisé, relance le débat sur l'utilisation des bâtons en érable lors des matchs du baseball majeur.

Le 5 juin, lors d'un match opposant les Red Sox de Boston aux Athletics d'Oakland, Tonya Carpenter a reçu une pièce du bâton que Brett Lawrie, des A's, venait de fracasser en frappant la balle en deuxième manche.

La dame de 44 ans, qui était assise à quelques rangées du terrain, a été frappée en plein visage et a dû être hospitalisée d'urgence. On a même craint pour sa vie pendant un moment. Aux dernières nouvelles, elle prenait du mieux et son état est désormais considéré comme stable.

Dans la foulée de cet événement qui aurait pu avoir des conséquences fatales, certains ont réclamé plus de restrictions concernant l'utilisation de bâtons en érable, si ce n'est leur interdiction pure et simple.

En 2008, une étude commandée par les autorités du baseball majeur à la suite de plusieurs incidents impliquant des bâtons brisés a révélé que les bâtons en érable, plus légers et plus durs, étaient trois fois plus susceptibles de se fracasser que les bâtons en frêne, autre essence de bois fréquemment utilisée.

Dans un point de presse en marge du repêchage, lundi, le commissaire du baseball majeur, Rob Manfred, a déclaré que le circuit réévaluerait sa position par rapport à l'usage sécuritaire des bâtons.

«Je crois qu'il est important de ne pas perdre de vue le fait que nous avons franchi des pas importants dans ce domaine. La sécurité des bâtons est grandement améliorée par rapport à ce qu'elle était il y a des années. Nous avons investi beaucoup de temps, d'argent et d'efforts pour nous assurer que nos bâtons sont sécuritaires et que nous ayons moins d'accidents», a-t-il affirmé, tel que cité par le Boston Globe.

Manque de sécurité

Arlene Anderson, présidente et propriétaire de Sam Bat, croit pour sa part que le problème est ailleurs. Son entreprise, fondée en 1997 et basée dans la région d'Ottawa, est l'un des principaux fournisseurs de bâtons en érable du baseball majeur. Elle fait aujourd'hui affaire avec chacune des 30 équipes du circuit.

En entrevue avec La Presse hier, Mme Anderson estime que le problème réside davantage dans le manque de protection pour les spectateurs assis aux abords du terrain dans les différents stades. «Il y a plusieurs personnes qui textent ou qui ne prêtent tout simplement pas attention au match. Moi-même, j'ai dû un jour pousser quelqu'un hors du chemin pour éviter qu'il soit atteint par une balle», signale-t-elle, tout en précisant que 75% des bâtons utilisés dans le baseball majeur sont en érable.

«N'importe quel instrument utilisé dans les sports - que ce soit un bâton, une balle ou une rondelle au hockey - est dangereux», ajoute-t-elle.

Soulignant que l'interdiction des bâtons en érable devrait d'abord être approuvée par l'association des joueurs du baseball majeur, Mme Anderson rappelle que des critères très stricts entourent leur utilisation.

«Je ne sais pas si le public réalise à quel point les bâtons sont réglementés et à quel point il est difficile de trouver le bois que le baseball majeur utilise. C'est un processus très détaillé», note-t-elle.

Si l'érable devait en effet être interdit, elle ne s'inquiète pas pour l'avenir de Sam Bat. Selon ses dires, cette dernière et tous les autres fournisseurs utiliseraient simplement une autre essence de bois pour créer les bâtons, en dépit des coûts supplémentaires que cela pourrait engendrer.

«Nous prenons notre travail très au sérieux et nous allons continuer de faire les meilleurs bâtons possible selon leurs règles», conclut Mme Anderson.