La bonne vieille casquette bleue était dans une position à la fois familière et amusante - à l'envers. Les blagues, les énormes bulles de gomme à mâcher et le sourire enfantin étaient également de retour. Et le numéro 24, qu'il arborait lorsqu'il est devenu une super-vedette à Seattle mais qu'il n'avait pas porté depuis neuf ans, était cousu dans son dos.

«J'ai pensé à prendre le 45, comme Mike!», a blagué Ken Griffey Jr. en faisant allusion à son bon ami Michael Jordan qui a brièvement porté le 45 lors de son retour au jeu avec les Bulls de Chicago, au lieu de son célèbre 23.

«Mais ça n'a pas fonctionné.»

Tout le reste a fonctionné à merveille en ce samedi qui a ravivé les Mariners et toute la communauté de Seattle.

Le puissant cogneur maintenant âgé de 39 ans, qui semblait se diriger vers la retraite l'an dernier, donnait l'impression de s'être baigné dans une fontaine de Jouvence. Ou d'être retourné 20 ans en arrière, jusqu'en 1989.

«Junior» était de retour à la maison et avait retrouvé son bon vieux casier. Il revenait là où il a amorcé sa carrière alors qu'il avait 19 ans et qu'il marchait, sourire accroché au visage et casquette à l'envers.

«Je savais exactement où j'allais. Je pense connaître ce vestiaire mieux qu'à peu près tout le monde ici!», a lancé en riant celui qui domine les ligues majeures, parmi les joueurs actifs, avec 611 circuits en carrière.

Dans ce vestiaire, il n'a pas cessé de dérider ses nouveaux coéquipiers, certains presque deux fois plus jeunes que lui, mais tous totalement admiratifs. Puis, ce fut le temps d'une conférence de presse de bienvenue, digne de celles que l'on réserverait à un héros.

Elle s'est amorcée avec un Griffey visiblement mal à l'aise, la tête penchée dans ses mains et riant nerveusement. Elle a pris fin avec Griffey multipliant les blagues.

«On veut tous amorcer et terminer sa carrière avec la même équipe», a-t-il fait remarquer. «Je ne dis pas qu'il s'agit de la fin, mais j'ai la chance de réaliser un objectif: celui de revenir ici.»

«Pour ainsi dire, j'ai été élevé à Cincinnati», a ajouté le rejeton de Ken Griffey père, une ancienne vedette des Reds dans les années 1970. «Mais c'est ici que j'ai grandi.»

Il s'est ensuite dirigé vers une cage de frappeurs intérieure, s'élançant pendant une douzaine de minutes sur les tirs du gérant recrue Don Wakamatsu. Son premier entraînement officiel aura lieu dimanche matin.

Griffey a qualifié les neuf années qui ont suivi son départ de Seattle de «difficiles, à l'occasion» à cause de toutes les blessures qui ont ralenti une carrière qui demeure aujourd'hui phénoménale.

A Cincinnati, il a visité l'infirmerie pour soigner des malaises à une épaule, à une cuisse, à une cheville et à un pied.

Puis après avoir été échangé aux White Sox de Chicago en juillet dernier, il a dû se soumettre à une arthroscopie à un genou. Plusieurs croyaient alors que sa carrière était terminée.

Aujourd'hui, les Mariners espèrent retrouver le Griffey sain de corps qui avait connu une saison de 30 circuits et 93 points produits avec les Reds en 2007.

Interrogé sur ses propres attentes en vue de 2009, Griffey s'est tourné vers Wakamatsu et a lancé en boutade: «Je suppose que je devrais occuper le premier rang du rôle des frappeurs, quitte à faire descendre Ichiro d'un cran!»

«Je n'atteindrai probablement pas le plateau de 50 (circuits), ni de 40, ni de 30», a-t-il enchaîné plus sérieusement.

«Mais je peux faire avancer les coureurs et réaliser les petites choses nécessaires pour remporter des matchs. Mon père a gagné trois bagues de la Série mondiale; j'en veux une.»

Lorsqu'est venu le temps de choisir entre Seattle et les Braves d'Atlanta, qui lui ont présenté des offres similaires ces derniers jours, Griffey a écouté les conseils des légendaires Willie Mays et Hank Aaron. A San Francisco, a rappelé Griffey, vous ne pouvez parler de baseball sans penser à Mays; à Atlanta, le baseball est incontournablement relié à Aaron.

Lorsqu'un journaliste lui a demandé s'il espérait que les amateurs associent son nom au baseball à Seattle, Griffey y est allé de cette réponse : «C'est un pas dans la bonne direction.»