Le hasard a voulu que Sylvie Bernier, par l'entremise de son mari, soit une amie de la famille Despatie. Elle se souvient d'un souper où le petit Alexandre jouait sous la table avec ses camions. Déjà, il faisait du ski alpin et jouait au golf, sports de ses parents. Ceux-ci ont demandé à la championne olympique: il est hyperactif, que fait-on avec lui?

«J'ai dit: il a le physique parfait pour aller en plongeon», s'est souvenue Sylvie Bernier, mardi, à l'annonce de la retraite du double médaillé olympique. «Il n'est pas grand, musclé, tempérament vif. J'ai dit: go, plongeon, tout de suite!»

Inscrit à 5 ans au club CAMO du centre Claude-Robillard, Alexandre Despatie n'a pas mis de temps à être remarqué par l'entraîneur Michel Larouche. «Une de ses grandes qualités était sa capacité à réagir à la rétroaction, a-t-il souligné. Même à l'âge de 5 ans, on lui donnait une information et immédiatement, il y avait une réaction et une correction. Physiquement, il n'avait rien d'extraordinaire. C'était plus le rapport entre sa tête et son corps.»

Mitch Geller, directeur technique de Plongeon Canada, a accompagné Despatie depuis ses débuts internationaux aux Jeux du Commonwealth, en 1998. Il ose le ranger dans la même catégorie que Klaus Dibiasi (trois titres olympiques consécutifs à la plateforme, de 1968 à 1976) et Greg Louganis (quadruple champion olympique en 1984 et en 1988). «Louganis avait sa propre élégance, a analysé Geller. Alexandre a su joindre l'acrobatie à cette élégance. Il a établi un style.»

À ce style, il faut ajouter un sens du dramatique peu commun. Comme aux Jeux olympiques de Pékin, dont il avait failli être privé en raison d'une fracture à un pied survenue quatre mois plus tôt. Une fois en Chine, des maux de dos l'empêchaient presque de marcher. «Au Village des athlètes, on sentait la crainte dans son regard», a confié Sylvie Bernier, qui était chef de mission de l'équipe canadienne.

Une fois sur le tremplin, plus rien n'y paraissait. Despatie avait arraché l'argent, s'insérant entre les deux Chinois. «Les gens du milieu, on était tous impressionnés par sa force de caractère, dit Sylvie Bernier. On se demandait comment il réussissait à faire ça. C'était sa marque de commerce.»