Les nuages se sont accumulés au-dessus de Lance Armstrong, dont l'approche du Tour de France est contrariée par une chute jeudi au Tour de Californie, le jour où il rejetait les accusations de dopage de son ancien coéquipier Floyd Landis.

«C'est sa parole contre la nôtre», a résumé le septuple vainqueur du Tour de France qui a eu beau jeu, comme les autres personnes mises en cause, de souligner le lourd passé de Landis.

Pour avoir nié tout dopage, même sous serment, pour s'être également ruiné en frais judiciaires inutiles, Landis, vainqueur déchu du Tour 2006, a mis à mal sa crédibilité. A moins que ses dires soient confirmés par les investigations que les autorités américaines ont annoncé vouloir mener. Ou que d'autres témoignages authentifient ses lourdes accusations.

Pour l'heure, dans la perspective du Tour, Armstrong a d'abord à redouter les conséquences sportives de sa chute. Le Texan est tombé au début de la 5e étape, quelques kilomètres après le départ de Visalia. Le visage ensanglanté, au-dessous de l'oeil gauche, il a été également touché au coude gauche et a annoncé devoir prendre quelques jours de repos avant de remonter sur le vélo.

Depuis son retour au début de l'année 2009, le Texan a chuté une demi-douzaine de fois. Sans conséquence, hormis en mars 2009 quand il s'était fracturé la clavicule au Tour de Castille et Leon. Maladresse, fébrilité, concours de circonstances?

A près de 39 ans, Armstrong n'est plus l'ancien chasseur de classiques qui frottait et jouait des coudes dans la première partie de sa carrière. Dans ses années de domination, il a pris l'habitude de pédaler entouré d'une garde rapprochée. Quitte à perdre quelques réflexes, dépendre de la nervosité de ses équipiers et des erreurs de trajectoire courantes dans le peloton, surtout dans des épreuves réunissant des coureurs de niveaux très différents.

Le signal d'alarme

Les chutes qui se sont multipliées depuis le début du Tour de Californie en apportent la preuve. Pour les Américains appartenant à des formations de deuxième ou troisième division, la course offre la possibilité de se faire connaître et décrocher un contrat dans une équipe de l'élite. Dès lors, quelles que soient la qualité et la largeur des routes, la tension monte.

La blessure d'Armstrong, a priori moins grave que celle de l'année passée, survient beaucoup plus tard dans la saison. Elle ajoute un contre-temps supplémentaire après le virus (gastro-entérite) qui a provoqué l'abandon de l'Américain au Circuit de la Sarthe début avril et l'a amené à renoncer aux classiques ardennaises.

Son programme a été modifié à plusieurs reprises depuis le début de l'année. Disputera-t-il seulement le Tour de Suisse (12 au 20 juin), participation qu'il n'a pas encore confirmée officiellement, ou ajoutera-t-il une autre course à son calendrier ? A quel niveau surtout se présentera-t-il au prologue du Tour à Rotterdam le 3 juillet ? Sera-t-il même au départ, se demandent les plus pessimistes sur ses chances ?

Autant de questions pour l'instant sans réponse. A l'inverse de l'année passée, quand il avait couru le Giro en mai avant de prendre la troisième place de la Grande Boucle, l'Américain s'expose en tout cas à manquer de compétition.

«Je ne veux pas tirer le signal d'alarme mais il est temps que les indicateurs remontent à la hausse», affirmait-il au départ du Tour de Californie en faisant part d'un espoir cruellement démenti par les faits: «J'aimerais croire que je vais dans le bon sens.»