Nos journalistes ont parlé du pire spectacle sportif auquel ils ont assisté. Au tour de nos lecteurs de se confier.

Le pire spectacle sportif auquel j’ai assisté était une partie de hockey de joueurs pee-wee. Ce spectacle odieux ne se passait pas sur la glace, mais plutôt dans les gradins, où des parents frustrés engueulaient les arbitres, le coach et même certains jeunes joueurs et leurs parents. Je trouvais tout à fait aberrant un tel comportement de la part d’adultes qui semblaient avoir perdu la raison. C’est un bien mauvais exemple à donner aux jeunes. Il ne faudrait pas non plus perdre de vue que les coachs sont des bénévoles. De telles situations ne créent qu’une tension qui annule les bienfaits que le sport devrait apporter aux jeunes et elles ne devraient en aucun cas être tolérées.

Nicole Lavoie

Si l’on fait exception du fameux Vendredi saint, le match disputé entre les Flyers de Philadelphie et l’Armée rouge de l’Union soviétique, le 11 janvier 1976 au Spectrum, fut sûrement l’un des pires matchs de l’histoire. En toute impunité, les Broad Street Bullies s’en donnèrent à cœur joie contre les méchants communistes. Dardage, rondelles tirées en leur direction, bagarres constamment recherchées, coups de bâton de hockey, coups vicieux après les arrêts de jeu, tapes sur la gueule et assaut violent dans le dos d’un joueur soviétique obligeant alors son entraîneur à inviter tous ses joueurs à retraiter dans le vestiaire après ce coup impuni. C’est dire combien cette partie fut un véritable carnage. Après plusieurs minutes de discussion, les joueurs soviétiques revinrent sur la patinoire, craignant d’être privés de leurs cachets. Vous me croirez si vous le voulez, mais l’on raconte que l’archevêque de la ville de l’amour fraternel déclara du haut de la chaire : « Paix sur la glace aux joueurs de bonne volonté ».

Claude Dionne

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Eugenie Bouchard

Lors du tournoi de tennis de Montréal, Eugenie Bouchard a brisé sa raquette et s’est mis la tête sous une serviette. La foule au complet a eu un long silence gêné par ce comportement bébé. Le moment le plus malaisant que j’ai vécu, et cette joueuse a perdu mon respect.

Carole Hébert

Depuis le parcours magique du Rocket jusqu’en finale d’association en 2022, il faut se procurer des billets plusieurs jours, voire semaines, à l’avance pour les matchs du week-end à la Place Bell, car lesdits billets partent comme des petits pains chauds. Cela dit, jamais je n’avais assisté à un aussi piètre spectacle que celui de novembre dernier, avec mon paternel. Pratiquement deux heures de route (en provenance de l’Outaouais) pour assister en direct à une dégelée de 5-0 de Laval contre Toronto un samedi soir devant une salle comble de 10 000 spectateurs. Aucune menace du Rocket pendant la joute. Rien, absolument rien ! En fait, nous avons enfin eu la chance de nous lever de notre siège en milieu de troisième période… pour sacrer notre camp ! Le pire dans tout cela ? Les Alouettes, que nous sommes allés voir trois fois pendant la saison, à une vingtaine de minutes de là, disputaient la demi-finale de l’Est contre Hamilton en après-midi et des billets étaient encore disponibles. Le premier pas vers la conquête de la Coupe Grey ! Si c’était à refaire…

Jonathan Bergeron

Je suis devenu il y a une douzaine d’années un vrai partisan de soccer, et encore plus particulièrement un partisan du Paris St-Germain. Depuis une dizaine d’années, je pense avoir regardé 90 % des matchs de l’équipe, c’est devenu une religion pour moi d’aimer le PSG. En octobre 2016, à 20 ans, je partais vivre mon premier voyage en Europe. En sac à dos, tout seul, pour six semaines, comme beaucoup de jeunes adultes le font. J’avais organisé mon voyage pour aller voir sept matchs de soccer dans différents endroits que j’allais visiter en Europe pendant ce mois-là. Le premier match que j’allais voir, c’était un match du Paris St-Germain contre l’Olympique de Marseille, à Paris. C’était pour moi tellement magique et spécial de me dire qu’après des années à regarder ces matchs en après-midi, au Québec, en rêvant d’y être, j’allais le vivre, un soir, au Parc des Princes, dans un match qui est appelé en France « le Classique », le plus grand affrontement français possible. Avant le match, je suis allé souper dans un bar, seul, avec mon petit bonheur. J’ai pris le temps d’apprécier tout ce qui se passait autour du stade. En entrant dans le stade, c’est un des moments les plus forts que je puisse me rappeler de ma vie, la première fois où j’ai vu le terrain. J’en ai eu les larmes aux yeux, de me dire que j’y étais finalement. J’avais acheté un billet au bord du terrain, ma plus grosse dépense de tout le voyage. Le match, finalement, a commencé. Un des matchs du PSG les plus ennuyants que j’ai jamais regardés, il ne s’est rien, rien, rien passé du match. Ça s’est terminé 0-0. Je me rappelle que le lendemain, le journal L’Équipe a titré « Triste classique ». Eurosport a titré « Spectacle affligeant ». Le Parisien a titré « Bonjour tristesse ! » – je me souviens de chacune de ces manchettes au lendemain du match. Pas grave, j’en garde un souvenir magique quand même d’avoir vu le Parc des Princes pour la première fois. J’y suis retourné cinq autres fois depuis ce 23 octobre 2016, en vivant de magnifiques moments. Mais ce soir-là, je me suis couché dans mon auberge de jeunesse un peu abattu de me dire combien le match avait été long et ennuyant. Vaut mieux en rire !

Jasmin Leroux

Le traumatisme causé par la défaite de l’Impact 5-2 au match retour contre Santos Laguna en 2009 m’a suivi longtemps. Voir les joueurs complètement impuissants dans le temps ajouté et se faire marquer deux fois était décourageant et probablement le pire effondrement que j’ai vu comme partisan.

Stéphane Godin

Comme plusieurs, c’est en tant que téléspectateur que j’y ai assisté : le fameux match du Vendredi saint du 20 avril 1984. Mon sport préféré est devenu un cirque de mauvais goût ce soir-là et cette fois-ci, ce n’était pas la faute des Broad Street Bullies ou des Big Bad Bruins. Les deux équipes de ma province natale en étaient responsables. Ce match aura au moins eu l’avantage de nous aider à réaliser que lorsque la passion l’emporte sur la raison, c’est la laideur qui est gagnante et la décence qui est perdante.

Donald St-Pierre

Un dimanche après-midi de printemps, peut-être 1998 ou 1999. Une amie montréalaise m’emmène au Stade olympique pour voir les Expos contre… une autre équipe dont elle se fichait pas mal elle aussi. Le baseball est déjà un sport… spécial. Il faut de la patience pour y entrer. Je n’en ai pas. Mais ce jour-là, il y avait aussi un match des Habs, assez important. La match de baseball était tellement lent et ennuyant que même les joueurs se tournaient pour voir les mises à jour du Canadien, annoncées sur le grand écran.

Karen White

Je ne suis pas du genre à partir avant la fin d’un show, d’un match de sport ou autre, mais j’avais tellement hâte de me rendre au métro cette journée-là. C’était en 2004-5-6 ? Who knows ! Un ami m’invite aux qualifications du Grand Prix. Le samedi. Tu vas voir, c’est le fun, dit-il. Trente degrés au soleil. Zéro ombre. Une voiture qui passe de temps en temps pas vite, vite (nous étions dans l’épingle). Le pire (!), c’était l’espèce de camion-séchoir qui passait pour assécher la piste, je suppose. Plus bruyant qu’un avion. Le pire (encore !), c’est que je semblais être le seul à espérer être chez le dentiste. Ils semblaient tous aimer ça. Je voulais rester poli, alors j’ai été patient. Ça se passerait autrement aujourd’hui ! J’avais plus de fun à jouer avec mes Hot Wheels. Plus jamais.

Éric Parenteau

En 2004, nous sommes quatre cégépiens québécois au fin fond de la Thaïlande. Une musique traditionnelle résonne et un camion déguisé en ring de boxe apparaît. « Tonight, tonight... champions from all over Thailand. Come check out the muay thaï champs ! » Excités, nous achetons des billets. Le soir arrive, on nous assoit ringside. Il y a au maximum 30 personnes dans un « stade » extérieur couvert. L’humidité est suffocante. On commande 20 Singha dans un seau rempli de glace et nous sommes prêts pour le spectacle. Le premier combat oppose deux jeunes d’environ 11 ans. Ils sont sûrement camarades de classe. Ils se frappent à qui mieux mieux. Nous sommes outrés, mais figés. On regarde les autres touristes et on voit que nous éprouvons tous le même malaise. Le reste de la soirée n’est guère mieux. À éviter si vous allez en Thaïlande un jour. Le seul souvenir négatif de mon premier voyage en sac à dos qui m’aura donné la passion.

Pierre Yves