La rubrique où les journalistes de l’équipe des Sports répondent à une question dans le plaisir.

Simon-Olivier Lorange

Aussi pénible un match puisse-t-il être, il y a toujours un espoir auquel s’accrocher : d’ici 10, 60 ou 120 minutes, ce sera fini. Quand je repense à la pire dégelée à laquelle j’ai assisté, c’est plutôt une séquence qui me revient en tête. Très précisément, les 14 matchs qu’a disputés le Canadien du 28 décembre 2021 au 8 février 2022. Comme une longue dégelée dont on ne savait ni quand ni comment elle allait se terminer. Frappé de plein fouet par les blessures et par la COVID-19, le CH avait compilé une fiche de 1-9-4, accordant dans l’intervalle pas moins de 70 buts : 5 par match, oui. Quelques défaites phares : 5-2 en Floride, avec une formation incomplète ; 8-2 au Minnesota, avec Michael McNiven en relève en troisième période ; 7-2 contre les Oilers d’Edmonton, avec Zack Kassian qui décapite Montembeault sans jamais se faire déranger… Cet accident de train au ralenti a sonné le glas pour l’entraîneur-chef Dominique Ducharme. L’équipe n’a pas connu beaucoup plus de succès cette saison-là avec son successeur Martin St-Louis. C’était quand même moins difficile à regarder.

Alexandre Pratt

PHOTO KACPER PEMPEL, ARCHIVES REUTERS

Deux joueuses de l’équipe de water-polo de l’Afrique du Sud aux Jeux olympiques de Tokyo

Aux Jeux olympiques de Tokyo, le tournoi féminin de water-polo a accueilli une équipe beaucoup trop faible : celle de l’Afrique du Sud. Trois matchs, trois massacres : 21-1 contre les Canadiennes, 29-4 contre les Espagnoles et 33-1 contre les Néerlandaises. J’ai assisté en partie à la dégelée face aux Espagnoles : 29 buts, c’est presque un par minute (un match dure 32 minutes). C’était malaisant. Sinon, j’étais au Stade olympique lorsque la Machine de Montréal s’est fait écrabouiller 44-0 par les Knights de New York-New Jersey. Ce fut notre premier et dernier match de la Machine en famille.

Mathias Brunet

PHOTO DENIS COURVILLE, ARCHIVES LA PRESSE

Le propriétaire des Alouettes de Montréal, Nelson Skalbania, le quart-arrière Vince Ferragamo et le receveur James Scott en 1981

Je vais tricher légèrement. Il ne s’agit pas d’un match auquel j’ai assisté, mais un résultat qui a brisé mon cœur de jeune adolescent. En 1981, le propriétaire des Alouettes de Montréal Nelson Skalbania a décidé de « s’acheter » un championnat. Il a mis la main sur l’un des meilleurs quarts-arrière de la NFL, Vince Ferragamo, 30 passes de touché avec les Rams de Los Angeles la saison précédente, pour 600 000 $, une somme énorme à l’époque, presque le triple de l’offre des Rams. Skalbania avait aussi arraché à la NFL Billy « White Shoes » Johnson, des Oilers de Houston, l’un des retourneurs de bottés les plus spectaculaires au sud de nos frontières, membre de l’équipe d’étoiles en 1975 et 1977, le porteur de ballon David Overstreet, 13choix au total en 1981 par les Dolphins de Miami après une saison fantastique à l’Université de l’Oklahoma, le receveur de passes James Scott, 36 passes captées pour 696 verges avec les Bears de Chicago, et l’ailier défensif Keith Gary, un autre choix de premier tour en 1981, 17au total, par les Steelers de Pittsburgh. Qui donc allait pouvoir vaincre les Alouettes avec cette collection de vedettes ? La formation montréalaise disputait son premier match de la saison régulière à Vancouver contre les Lions, à une heure où j’étais au lit depuis longtemps en raison du décalage horaire et de mes 12 ans. Je me souviens avoir accouru, fébrile, vers la porte d’entrée, le lendemain matin, pour cueillir le Dimanche-Matin (La Presse n’était pas publiée le dimanche) pour connaître le résultat de la rencontre. J’ai presque échappé le journal en voyant la manchette : Lions de Vancouver 48, Alouettes de Montréal 8. Cette année-là, les Alouettes ont terminé la saison avec une fiche de 3-13 et la plupart des stars américaines s’étaient déjà évaporées la saison suivante pour le début de la saison de cette équipe désormais appelée les Concordes de Montréal…

Jean-François Tremblay

PHOTO FOURNIE PAR L’IMPACT DE MONTRÉAL

Eduardo Sebrango (à gauche), de l’Impact de Montréal, lors du match contre Santos Laguna au Mexique, le 5 mars 2009

Je n’étais pas sur place, mais je couvrais à distance le deuxième match de l’Impact de Montréal contre Santos Laguna, en 2009, au Mexique. Un affrontement de quart de finale de la Ligue des champions de la CONCACAF. L’Impact avait fait rêver avec une victoire de 2-0 lors du match aller, disputé au Stade olympique devant plus de 55 000 partisans, l’une des bonnes ambiances que j’ai vécues en personne. À un certain moment dans le match retour, l’Impact menait 4-1 au total des buts. Les billets d’avion étaient presque achetés pour la demi-finale du tournoi. Puis, boum, un but, boum, un deuxième but. L’Impact mène par un au début des arrêts de jeu. Boum, égalité… Puis… boum, victoire Santos Laguna. Les coups de poignard enfoncés à 90+2, puis à 90+5 par Quintero. Le résultat du match n’est pas en soi une dégelée, mais cette fin de match reste l’un des plus spectaculaires effondrements sportifs que j’ai vus de mes yeux.

Appel à tous

Et vous, quelle est la pire dégelée sportive à laquelle vous avez assisté ?

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