Avant de partir à Santiago pour les Jeux panaméricains, la semaine dernière, Mary-Sophie Harvey a repensé à ceux de 2019. « Je remercie la Mary d’il y a quatre ans d’avoir continué. »

Dans les mois qui avaient précédé la compétition internationale, la nageuse traversait des blessures et une dépression. Elle composait avec un trouble alimentaire. Et elle avait fait une tentative de suicide. Mentalement et physiquement, rien n’allait.

« C’est fou parce qu’il y a quatre ans, je me faisais à l’idée, je me disais : peut-être que mes bonnes années de natation sont derrière moi. J’essayais d’être correcte avec ça », nous raconte-t-elle au bout du fil.

Sans trop savoir pourquoi, elle a continué la natation. Les Jeux panaméricains de 2019 avaient finalement représenté un nouveau départ dans sa carrière. Elle y avait remporté quatre médailles.

Jeudi dernier, quatre ans plus tard, elle est revenue de cette même compétition avec… sept médailles, dont deux individuelles.

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Mary-Sophie Harvey après sa victoire au 200 m libre

Maintenant, je regarde ça et, clairement, mes meilleures années étaient devant moi.

Mary-Sophie Harvey

« Ç’a vraiment été des années qui [sont allées] en s’améliorant, de mieux en mieux. J’ai tellement eu du plaisir à ces Jeux-ci. C’était ça, mon objectif. »

En ce qui concerne les temps ou les positions, la Québécoise n’avait pas d’attentes précises. Comme les Jeux panaméricains ont lieu au début de la saison de natation, elle souhaitait surtout voir où elle se situait par rapport à ses adversaires.

« C’est sûr que je m’attendais un peu à avoir quelques médailles. Sept sur huit épreuves, je ne sais pas ! Mais ç’a été une agréable surprise. »

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Les nageuses canadiennes Danielle Hanus, Rachel Nicol, Mary-Sophie Harvey et Maggie Mac Neil posent avec leurs médailles d’or après leur victoire au 4 x 100 m quatre nages aux Jeux panaméricains.

Gagner, récupérer, recommencer

La première médaille qu’elle a remportée est celle d’or au relais 4 x 100 mètres style libre.

« J’ai commencé le relais avec un meilleur temps personnel. C’est là que je me suis dit : ah OK, je pense que ça peut être une belle semaine ! », relate la sympathique athlète de 24 ans.

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Mary-Sophie Harvey lors du 200 m quatre nages individuelles

Sa deuxième médaille a été celle d’or au 200 mètres style libre. Il s’agissait de sa toute première médaille d’or individuelle en carrière sur la scène internationale chez les seniors. Pas une mince réussite.

« D’entendre l’hymne national pour la première fois, c’est une chose que j’attendais depuis longtemps ! […] C’est sûr que ça va rester en dedans de moi, j’ai vraiment apprécié le moment. »

L’athlète a dû gérer son énergie adéquatement pendant la semaine. Quand on lui demande si elle s’est parfois sentie exténuée, la jeune femme y va d’un « oh my god, oui ! ». C’est que les athlètes disposaient de peu de temps entre la fin des préliminaires et le début des finales. « C’était vraiment, vraiment, vraiment dur physiquement. Surtout que je coursais chaque session. Mes cheveux ont été mouillés pendant six jours ! »

« La quatrième journée, j’ai eu froid toute la journée et ça ne me tentait pas de sauter dans l’eau, d’avoir froid, continue-t-elle. C’était dur, mais je savais qu’il fallait quand même que je performe bien. Dans de grosses semaines comme ça, c’est sûr que ce ne sont pas toutes les épreuves qui vont bien aller et desquelles je vais être entièrement satisfaite. »

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Photo souvenir après la victoire au relais avec ses coéquipières

Après avoir décroché ses trois premières médailles, Harvey s’était mise à croire à la possibilité d’égaliser le record de huit. Elle en a parlé avec son entraîneur. Elle savait cependant que le 100 m style libre serait son épreuve la plus difficile parmi les huit auxquelles elle prenait part, étant donné qu’elle ne le nage que depuis avril dernier. Résultat : quatrième place, par 14 centièmes de seconde…

« Ça m’a fait de la peine. J’ai versé une petite larme. […] J’étais un peu triste, mais en même temps, c’était mon meilleur temps, alors je ne peux pas être trop fâchée contre moi. »

Au total, la Trifluvienne a récolté trois médailles d’or, deux d’argent et deux de bronze. La dernière de toutes, celle d’argent au 4 x 100 m quatre nages, a couronné une semaine longue et mouvementée.

« J’étais vraiment émotive sur ce podium-là parce que c’est là que j’ai pu prendre du recul. »

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Mary-Sophie Harvey étreint l’Américaine Camille Spink après avoir remporté le 200 m libre.

Encore plus

Si Mary-Sophie Harvey est allée aux Jeux panaméricains sans attentes précises, elle en revient avec une grande soif de victoires.

« Chaque fois que je touchais au mur, j’étais un peu étonnée par mes temps à ce niveau-ci, à ce temps-ci de l’année. C’est sûr que j’en veux plus. »

Ce « plus », ce sont les Jeux olympiques. Ses résultats de la dernière semaine sont de bon augure pour ce qui s’en vient dans les prochains mois. « Ce sont de bons temps, mais il va me falloir un petit peu plus pour les essais olympiques », note-t-elle.

Lors des Jeux de Tokyo, en 2021, Harvey avait pris part au 4 x 200 m style libre. Une fois sa course terminée, elle s’était donné comme objectifs de participer un jour à une finale olympique, de faire une épreuve individuelle et de prendre « une plus grosse place dans l’équipe pour les prochains Jeux.

« Je pense que c’est sur la bonne voie. »

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