La rubrique où les journalistes de l’équipe des Sports répondent à une question dans le plaisir

Simon-Olivier Lorange

C’est dans un pool à long terme – un « keeper » – que j’ai commis ma pire erreur, et de loin. La franchise dont je tenais les rênes avait, de toujours, éprouvé des problèmes devant le filet. Des choix douteux ? Absolument. Non, Anders Lindback n’est pas devenu un surdoué lorsqu’il a été échangé au Lightning de Tampa Bay. Des malchances ? Bien sûr. Merci pour rien à Tim Thomas qui, acquis à fort prix, a annoncé sa retraite surprise du hockey en 2012. Mes problèmes étaient donc nombreux et incessants. Une parenthèse ici : dans ce pool, à cette époque, les gardiens avaient une valeur démesurée puisqu’ils comptaient pour le tiers des points de classement. Ainsi, céder un choix de premier tour contre un portier ordinaire n’était pas hors norme. Je n’ai donc pas réfléchi trop longtemps lorsqu’on m’a proposé Jonas Hiller contre un choix de premier tour pendant l’été 2014. Tout juste embauché à Calgary, il n’allait certainement pas empirer mon cas à cette position. De fait, il a été plutôt bon en 2014-2015. On ne saurait en dire autant du reste de mon équipe. J’ai donc terminé parmi les derniers du classement général, peut-être même au dernier rang, je ne m’en souviens plus. Et le DG à qui j’avais échangé mon choix a gagné la loterie. Donc oui, Jonas Hiller m’a coûté Connor McDavid. Juste pour ça, on ne devrait plus jamais m’autoriser à participer à un pool.

Mathias Brunet

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Peter Regin

J’étais fier comme un paon, il y a une quinzaine d’années, d’intégrer à mon groupe annuel de poolers un homme lié depuis plusieurs années à la Ligue nationale de hockey. Je disais à mes copains qu’ils avaient besoin de bien préparer leur séance de repêchage parce que notre recrue, qui n’en était pas vraiment une, allait emmener notre bande à un autre niveau. Dix participants avaient déjà fait leur choix lorsqu’est venu le temps pour mon distingué invité de se prononcer. Mes amis, quand même un peu impressionnés, et moi-même étions tout ouïe. Puisqu’il s’agissait d’un pool où on pouvait conserver certains joueurs au fil des ans, Sidney Crosby, Alexander Ovechkin et compagnie étaient déjà retenus. Mais il restait néanmoins de grands noms au tableau, entre autres Anze Kopitar, Phil Kessel, Henrik Sedin, Brent Burns et les recrues Victor Hedman et Steven Stamkos. « Peter Regin... », a lancé notre éminent invité. Il y a eu comme un silence de mort dans la pièce. « Qui ? », ai-je demandé, interloqué. « Peter Regin », a répété notre homme, le plus sérieusement du monde. J’ai ri jaune. Les autres se sont regardés, en se demandant s’ils ne venaient pas d’en échapper une. Peter Regin est demeuré un secret bien gardé. Il a disputé 11 matchs pour les Sénateurs d’Ottawa cette année-là et 56 dans la Ligue américaine. Il est demeuré dans la LNH pendant quelques saisons, dans un rôle obscur, avant de rentrer en Europe, où il évolue toujours à 37 ans. Mon orgueil en a pris un coup. J’avais invité un formidable développeur de talent sur la glace, mais pas un grand pooler...

Guillaume Lefrançois

PHOTO MARTIN KEEP, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Alex Turcotte

Je n’ai pas une très bonne mémoire pour des trucs du genre, mais je fais partie d’un pool à vie depuis une quinzaine d’années. Il appert que le commissaire de ce pool est Jean-François Chaumont, un confrère qui écrit pour le Journal de Montréal et à qui je parle occasionnellement. Et ledit Chaumont tient les archives du pool avec la discipline d’un magistrat de l’Empire romain. Bref, nos archives m’ont rappelé notre repêchage des recrues de l’automne 2019. Je détiens le 7e choix d’une année qui est annoncée comme une bonne cuvée. Rendu à mon tour, le 5e choix du « vrai » repêchage de 2019, Alex Turcotte, est encore disponible. S’il a glissé jusque-là, c’est que Tremblay et Rasta ont tenté leur chance avec Nikita Gusev, qui arrivait de la KHL, et Moritz Seider, réclamé au 6e rang. Alors rendu à mon tour, je saute sur ce Turcotte, que certains recruteurs voyaient même sortir au 3e rang. Le problème : Trevor Zegras était encore disponible, tandis que Turcotte a amassé autant de points que moi dans la LNH jusqu’ici, mais en 12 matchs de plus. Chapeau à Bouchie. Au moins, je me suis repris au 3e tour en repêchant Drake Batherson.

Alexandre Pratt

PHOTO JEFF MCINTOSH, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Jarome Iginla

Dans un pool à long terme, j’ai échangé Jarome Iginla, 23 ans, contre Boris Mironov. Pas fort, pas fort. Au moins, Mironov était dans ma formation championne cette saison-là. Je suis toutefois incapable de justifier pourquoi j’ai gardé l’espoir Igor Grigorenko dans mon équipe pendant quatre ans. Nombre de matchs dans la LNH en carrière : zéro...

Nicholas Richard

PHOTO TONY AVELAR, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Dan Boyle et Patrick Marleau

En 6e année, j’organisais le pool de hockey de mon école primaire, avec mon ami Guillaume (pas Lefrançois). Les règles étaient simples : une formation complète selon certaines catégories, mais avec comme seule interdiction de choisir deux joueurs de la même équipe. Guillaume et moi avons inscrit, rempli et approuvé chacun des formulaires à la main. Sur une centaine de pools, nous avons passé visiblement trop rapidement sur celui d’une dénommée Jasmine. Qui ne connaissait absolument rien au hockey. Et elle avait eu le front de choisir deux joueurs des Sharks : Patrick Marleau et Dan Boyle. Elle a fini par remporter le pool, me devançant d’une position à la fin de l’année. Je n’ai donc jamais pu mettre la main sur la précieuse carte cadeau de 25 $ du désormais mythique Carrefour du Nord remise au gagnant.

Jean-François Tremblay

PHOTO SAM NAVARRO, USA TODAY SPORTS

Juuse Saros

Laissez-moi vous raconter l’histoire de Juuse Saros, le gardien des Predators de Nashville. Je l’ai repêché dans mon pool en me disant que Pekka Rinne finirait bien par confirmer son entrée dans le bel âge et prendre sa retraite. Ce qu’il se refusait de faire. Alors j’ai protégé Saros un an, puis deux ans, puis trois ans, sans qu’il me serve à quoi que ce soit pour mon classement final. Puis une année, Rinne s’est blessé, et Saros n’en a pas profité. Ses statistiques comme numéro un étaient sans éclat, et j’ai perdu patience. Deux fils se sont touchés dans ma tête. Je l’ai laissé aller à notre ballottage de mi-saison, incapable d’en tolérer plus. Il n’a à peu près plus perdu après avoir été expulsé de mon équipe, puis a fini successivement sixième, troisième et quatrième au classement du trophée Vézina les trois années suivantes. Chapeau.

Appel à tous

  • Et vous, quelle est la pire erreur que vous avez faite dans un pool de sports ?
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