Après une année 2022 triomphale, la triathlonienne Emy Legault connaît une saison 2023 plus difficile et compte sur l’épreuve de Montréal, qui a lieu samedi, pour reprendre confiance en terrain connu. « Quand tu compétitionnes chez toi, la majorité des gens derrière les barricades te connaissent. On dirait que tu as une grosse équipe derrière toi », commente l’athlète québécoise en entrevue.

L’année 2022 a « vraiment été un choc » pour Emy Legault, avec notamment une 10e place à Hambourg, en Allemagne, son meilleur résultat en carrière.

Sa saison de rêve a débuté en février, quand elle a décroché deux médailles d’argent d’affilée aux Coupes continentales de Viña del Mar et Villarica, au Chili. Ces résultats ont révélé un potentiel qu’elle et son équipe n’avaient pas détecté au cours des années précédentes.

La triathlonienne a concrétisé son ascension dès l’épreuve de Yokohama, au Japon, quelques mois plus tard. Malgré un départ chancelant en natation, elle ne s’est pas laissé abattre.

J’ai embarqué sur la piste de course puis je me suis dit : “Pas de temps à perdre. Il faut commencer à remonter.”

Emy Legault

Emy Legault a mis son plan à exécution, puis a terminé l’épreuve au 21e rang. Un résultat qui a surpris l’athlète comme son entraîneuse.

Le prochain succès n’a pas tardé. Un mois plus tard, Emy Legault a décroché la médaille d’argent à la Coupe du monde de Huatulco, au Mexique. Elle pleurait en franchissant la ligne d’arrivée.

Sa meilleure course à vie

Avec cette réussite en poche, Emy Legault a complété sa saison « sur un nuage ». « On dirait que je ne réfléchissais plus, je faisais juste y aller. »

Elle raconte d’ailleurs avoir réalisé sa meilleure course en carrière à Abou Dhabi. Et pourtant, rien ne laissait présager pareille conclusion.

Dix jours avant cette dernière épreuve des Séries mondiales, une cycliste était tombée devant elle en plein virage.

« Je suis rentrée à 45 km/h dans un poteau, se souvient-elle. C’est ma hanche gauche qui a pris le coup. »

Arrivée sur place quelques jours avant l’épreuve, Emy Legault peinait à retrouver la forme. Le jour J, durant la course, le mercure frôlait les 40 °C sous le soleil brûlant des Émirats arabes unis. L’athlète n’a toutefois pas paniqué.

« Je me suis dit : “Fais ton affaire, sois intelligente, et ne prends pas de chance.” »

Ainsi, la triathlonienne a ménagé son énergie en décidant de maintenir une vitesse prudente, contrairement aux coureuses surchauffées devant elle. « Tout au long des 10 km, je les ai dépassées, une à la fois », se souvient Legault, qui a terminé la course blessée, mais en 22e position.

Surmonter les doutes

Cette année, le scénario est différent. Une 47e place à Abou Dhabi, une 40e place à Yokohama… Emy Legault reconnaît que jusqu’ici, 2023 est « plus dure ».

Malgré ses réussites passées, la triathlonienne est parfois frappée du syndrome de l’imposteur. « Je me demande : “Est-ce que c’est vraiment moi qui ai fait ces performances, l’an dernier ?” »

Aujourd’hui, avec son entraîneuse, Emy Legault tente une nouvelle approche : se concentrer sur les aspects techniques qu’elle doit améliorer, plutôt que de viser un résultat spécifique. « Je travaille à accomplir chaque petite affaire comme il faut. C’est comme ça qu’on obtient un bon résultat. »

Seule Québécoise à Montréal

L’histoire d’amour entre Emy Legault et le triathlon remonte à loin. L’athlète a plongé dans le sport dès l’âge de 9 ans. « Même quand j’étais jeune, c’était un jeu, mais pas tant un jeu […]. J’ai toujours été compétitive », se souvient la native de L’Île-Perrot, rencontrée au Stade olympique de Montréal.

À 16 ans, l’idée d’une carrière à l’international est passée « d’un rêve à un objectif ». Mais la route vers l’élite n’a pas été sans obstacle. « Dans ma tête, il y avait beaucoup de doutes quand je prenais un départ. J’ai commencé à moins bien performer », se souvient-elle.

PHOTO RENÉ MARQUIS, ARCHIVES LA TRIBUNE

En 2013, Emy Legault (à gauche) avec une médaille d’argent du triathlon aux Jeux du Canada, à Sherbrooke

« Ça a pris plusieurs années à bûcher pour arriver au niveau où je suis. »

Emy Legault sera la seule Québécoise à concourir à Montréal, ce week-end. L’olympienne Amélie Kretz, qui devait participer à l’épreuve, s’est retirée pour soigner une blessure. La championne canadienne n’en reste pas moins une inspiration pour Emy Legault.

« Amélie est un grand modèle, observe Emy Legault. Elle a accompli beaucoup. Elle a vraiment une éthique de travail incroyable. Il y a encore de belles choses qui s’en viennent pour elle. »

Objectif : Paris 2024

L’an dernier, Emy Legault s’est engagée dans le processus de qualifications pour l’épreuve de triathlon des Jeux olympiques de Paris de 2024. « J’ai toujours eu ce rêve-là, d’aller aux Jeux », souligne la triathlonienne, qui est actuellement 31e au classement mondial des qualifications olympiques.

Emy Legault n’est pas seule face au rêve olympique : sa sœur, la marathonienne Elissa Legault, espère aussi se tailler une place dans l’équipe canadienne.

« On se soutient énormément, ma sœur et moi […]. C’est le fun de pouvoir partager ce moment-là ensemble », souligne la triathlonienne.

L’épreuve de Montréal des Séries de Championnat World Triathlon se tiendra samedi et dimanche au Grand Quai du Port de Montréal. L’évènement sera ouvert gratuitement au public.

Lisez « Les deuxièmes Championnats du monde d’Elissa Legault »