L’aventurière québécoise Caroline Côté avale les kilomètres de neige et de glace dans sa quête d’un record de vitesse pour une femme en Antarctique.

« C’est bien parti pour elle », affirme son conjoint Vincent Colliard, joint à Punta Arenas, dans le sud Chili, d’où il supervise l’expédition polaire.

« Si elle arrive à continuer sur sa lancée et à consolider sa moyenne depuis le départ, elle pourrait arriver à décrocher le record. »

Ce record, c’est celui de la Suédoise Johanna Davidsson. En décembre 2016, elle a mis 38 jours et 23 heures pour accomplir seule, sans assistance, un trajet de 1100 kilomètres entre Hercules Inlet, près de la côte, et le pôle Sud.

Caroline Côté a entrepris ce même trajet le 9 décembre dernier. Avant son départ, elle tentait de minimiser l’importance de ce record.

« Il y a le record à battre, c’est sûr, mais je pense que c’est plus une bataille avec moi-même que je vais faire », disait-elle.

PHOTO D’ARCHIVES FOURNIE PAR VINCENT COLLIARD

Caroline Côté

Mais voilà, pendant les 10 premiers jours de son expédition, Caroline Côté a établi une moyenne de 31 kilomètres par jour, ce qui met la marque à sa portée.

Ce qui est intéressant, c’est qu’une autre femme essaie de battre le record de Johanna Davidsson cette année, la Britannique Wendy Searle. Celle-ci avait mis trois jours de plus que Mme Davidsson pour parcourir la distance entre Hercules Inlet et le pôle Sud en 2019.

Le départ de Wendy Searle a été un peu plus lent que celui de Caroline Côté : la Britannique a franchi le 82e parallèle au cours de sa dixième journée de ski alors que la Québécoise a pu le franchir au cours de sa huitième journée.

« Ce que je dis à Caroline, c’est qu’il ne faut pas qu’elle se batte contre la Britannique cette année, déclare Vincent Colliard. Ça doit lui donner de la force pour faire plus de kilomètres chaque jour, mais le but, c’est d’aller chercher le record des 10 prochaines années. Ça peut lui donner la motivation pour mettre la barre le plus haut possible pour qu’elle ne se fasse pas chatouiller l’année prochaine. Ce serait dommage de faire autant d’efforts pour que le record tombe l’année prochaine. »

Vincent Colliard communique avec Caroline Côté plusieurs fois par jour, notamment le matin et le soir.

Le moral, ça va bien. Je sais qu’elle commence à avoir faim, ce qui est normal en donnant autant d’efforts.

Vincent Colliard, superviseur de l’expédition

Jusqu’ici, elle n’a eu qu’un petit problème d’équipement avec un ski qu’elle a été capable de réparer.

« On a passé deux semaines et demie ici à Punta Arenas, on a travaillé tous les jours pour préparer le matériel, raconte Vincent Colliard. Elle n’a pas encore fait assez de kilomètres jusqu’ici pour qu’il y ait de la casse. Ce serait étonnant qu’il y ait quelque chose qui casse à ce stade-ci de l’expédition. »

Le terrain n’est pas toujours facile. Le vent forme notamment des monticules de neige durcie, les sastrugis, qu’il faut parfois gravir s’ils sont de bonne taille.

« La coordination avec le traîneau est un peu mise à mal, ça rend les journées plus longues ou ça réduit la distance parcourue par jour. »

La hantise de Caroline Côté est cependant le vent, qui rend tout plus difficile, depuis l’alimentation jusqu’à l’installation du camp.

« Elle est seule, elle est responsable de monter correctement sa tente, explique Vincent Colliard. Si la tente s’envole par grand vent, il n’y a quasiment aucune chance de la récupérer, à moins d’être dans un champ de sastrugis très gros, où la tente pourrait se bloquer. Sinon, si elle perd sa tente, elle perd son expédition. »

Caroline Côté a la chance de compter sur l’expérience de son conjoint, lui-même un passionné de l’exploration polaire. En fait, les deux ont récemment réalisé une traversée hivernale de l’île principale de l’archipel du Svalbard, en Arctique, au nord de la Norvège.

Vincent Colliard devait lui-même partir dimanche dernier pour guider une expédition entre le 89e parallèle et le pôle Sud, ce qu’on appelle le dernier degré. Mais un de ses clients a contracté la COVID-19 et le départ a été remis au 29 décembre.

« C’est un mal pour un bien, affirme M. Colliard. Si on arrive autour du 8 ou du 9 janvier, Caroline ne devrait pas être bien loin. J’espère que ça lui donnera de la force pour mettre les bouchées pour qu’on puisse se rejoindre là-bas. »

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