La Québécoise Marianne Hogan a réalisé un tour de force en terminant au deuxième rang de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, le Super Bowl de la discipline. Même si son corps a lâché, c’est son état d’esprit qui lui a permis de terminer le parcours de 170 kilomètres.

Exactement 24 heures, 31 minutes et 22 secondes. C’est le temps qui aura été nécessaire à Marianne Hogan pour monter sur la deuxième marche du podium de la plus mythique des courses de longue endurance, le 27 août. Elle en était à sa toute première participation.

De retour à Montréal, Hogan commence à peine à réaliser ce qui s’est produit dans les Alpes françaises. « C’est un peu flou », a-t-elle dit d’entrée de jeu, lors d’un entretien par visioconférence.

Un tournant dans l’histoire

Elle est consciente que son résultat marque un tournant dans l’histoire de l’athlétisme québécois, mais elle est surtout à même de constater, quelques jours plus tard, que le défi était monstrueux. Elle note d’ailleurs qu’il y a une différence importante entre courir sur une longue distance et performer sur une longue distance. Chose qu’elle a faite avec brio, compte tenu de tous les impondérables qui s’imposent dans ce genre de compétition.

Je tombe un peu en mode robot tout le long de la course. Je pense à ma vitesse, à ma performance. La course passe tellement vite ! Parfois, je me demande comment j’ai fait.

Marianne Hogan

À son avis, ce qui rend cette compétition aussi prestigieuse est son degré de difficulté. D’une part, le parcours est très ardu, avec ses 10 000 mètres de dénivelé. Puis, il n’y a aucune course dans le monde où le niveau de compétition est aussi relevé, car les meilleures athlètes au monde y sont pour aller chercher la victoire.

Il est cependant important de préciser que ce résultat n’est pas une surprise complète. En juin, elle avait pris le troisième rang lors de la Western Trail Run, en Californie. Un résultat qui lui a donné confiance en vue de sa participation à l’épreuve du mont Blanc. Le type de parcours n’est pas le même et le tracé américain est plus accessible, elle l’a terminé en 18 heures, mais au moins, sur la ligne de départ en Europe, elle était prête. Physiquement et mentalement. « C’est ça, le plus important, lorsque tu te mets sur la ligne de départ, il faut être prêt à affronter le défi que tu t’es donné. »

Plus impressionnant encore, Hogan a terminé la course malgré une douleur insupportable à la hanche gauche alors qu’il lui restait 40 kilomètres à parcourir. Ce qu’elle appelle « la fin de course », mais qui représente l’équivalent d’un marathon.

La force du mental

Elle croit que si elle a pu conclure la course, c’est grâce à son état d’esprit. Même s’il faut un bon entraînement et des qualités athlétiques, physiologiques et cardiovasculaires certaines, ce qui se passe entre les deux oreilles est crucial.

« Après un certain point, c’est juste le mental et le désir d’accomplir quelque chose de grand. Il faut que ça vienne de soi-même, sinon c’est impossible de se rendre à la ligne d’arrivée », a expliqué l’athlète de 32 ans.

La pression est tellement forte qu’il faut du temps, en rentrant à la maison, pour renouer avec la vraie vie et son travail en ressources humaines pour une société informatique de Montréal.

On vit tellement de moments intenses dans une course d’Ultra-Trail qu’il y a une adaptation lorsqu’on revient dans un environnement normal. Ça fait une drôle de transition.

Marianne Hogan

Lorsqu’elle y repense, le simple fait d’avoir terminé la course est un exploit dont elle est fière. D’avoir terminé en deuxième place est un immense bonus. Surtout qu’à un certain moment, elle avait peine à croire qu’elle allait pouvoir franchir la ligne d’arrivée. « Je suis fière d’avoir eu autant de motivation. Parfois, je me demande même d’où sort cette motivation », raconte-t-elle.

Elle est aussi extrêmement reconnaissante du soutien qu’elle a reçu de sa province natale. La course était diffusée en direct sur le web et les Québécois étaient nombreux à encourager leur compatriote. « Ça fait chaud au cœur et c’est sûr que ça ajoute à mon niveau de fierté non seulement d’être une athlète, mais d’être une athlète québécoise. » Elle est une des rares représentantes de la fleur de lys à connaître un tel succès dans son domaine.

Elle a non seulement le Québec tatoué sur le cœur, mais aussi sur son acte de naissance, elle qui est née un 24 juin.

Hogan a déjà les yeux rivés sur 2023, où elle compte répéter le doublé Californie-Chamonix. Cette fois, peut-être en rentrant au pays avec deux médailles d’or.