Après avoir repoussé ses limites dans une île de l’Arctique, une Québécoise vise maintenant l’Antarctique. L’aventurière et cinéaste Caroline Côté veut rejoindre le pôle Sud à ski, en solitaire, sans assistance. Et espère battre le record de vitesse pour une femme, actuellement de 38 jours, 23 heures et 5 minutes.

« Je vise le record parce que dans la vie, j’ai besoin de me motiver pour avancer », explique-t-elle.

Le record est une chose. Le principal attrait, c’est l’Antarctique.

« C’est hors du commun de se retrouver sur un territoire aussi vaste, pendant si longtemps, avec des conditions aussi intenses. »

Elle entend suivre un trajet classique, 1130 km entre Hercules Inlet et le pôle Sud.

« C’est la terre des grands explorateurs, c’est un endroit qui ne laisse aucune place à l’erreur. J’avais envie de me tester là-dedans. Je pense que je suis prête à entreprendre un tel défi. Est-ce que je suis sûre à 100 % de réussir ? Il y a tellement de bad lucks qui peuvent arriver. »

Caroline Côté s’y connaît en expéditions. En 2018, elle a parcouru seule, à pied, le trajet entre Natashquan et Montréal en suivant les lignes électriques d’Hydro-Québec.

En 2021, elle a réalisé la traversée de l’île arctique de Spitzberg, au Svalbard, en hiver, avec son conjoint Vincent Colliard. L’expédition de plus de deux mois a été particulièrement difficile. Il a notamment fallu rationner la nourriture vers la fin. C’est une expérience qui lui sera particulièrement utile pour l’Antarctique.

J’ai été au bout de moi-même. Mais je n’avais pas envie d’arrêter l’expédition même si j’étais vraiment à bout, à mon plus faible. Je ne voulais vraiment pas appuyer sur le bouton rouge et demander de l’aide. Ça m’a appris jusqu’où je peux aller.

Caroline Côté

La grande différence, c’est qu’en Antarctique, elle sera seule.

« Si j’ai un pépin, il n’y aura personne pour me soutenir. »

115 000 $ US

Caroline Côté s’entraîne donc à fond pour cette expédition, prévue pour novembre et décembre 2022. Elle a choisi de le faire en Norvège : son conjoint et elle y ont acheté un petit terrain.

« La Norvège, c’est un endroit où les gens sont très proches du domaine de l’exploration et de l’expédition, affirme-t-elle. J’ai la chance de parler à des gens qui ont fait beaucoup d’exploration dans leur vie, comme Børge Ousland. Ça fait partie de la préparation mentale. »

Il s’agit notamment de prévoir tous les problèmes qui pourraient survenir : un réchaud qui ne fonctionne plus, des ampoules inopportunes, un vent violent qui complique le montage de la tente, etc.

Je me prépare au pire, j’essaie de trouver des réponses.

Caroline Côté

En fait de préparation physique, elle marche en tirant un pneu de voiture pendant deux heures par jour.

« C’est quand même assez lourd. Je ne peux pas prendre ça à la légère. Pour battre le record de vitesse [établi par la Suédoise Johanna Davidsson], je dois donner tout ce que j’ai. »

Le fait de battre ce record (elle vise une traversée de 38 jours) lui permettrait de prendre du galon dans le monde de l’aventure.

« Ça pourrait m’ouvrir la porte pour d’autres expéditions et ça pourrait m’aider à trouver de plus grands partenaires. »

La recherche de partenaires (ou commanditaires) est un passage obligé dans l’organisation d’une grande expédition. Caroline Côté estime que ses frais de déplacement devraient atteindre 72 500 $ US.

« Ça n’inclut pas tout le reste du matériel nécessaire à l’expédition. Ça devrait monter à au moins 115 000 $ US. Pour l’instant, j’investis beaucoup de ma poche, mais j’essaie de trouver des partenaires dans certains domaines au Québec qui pourraient m’aider là-dedans. »

Cette aventurière, qui a pourtant fait bravement face au froid polaire et à la faim, avoue éprouver de la crainte à l’idée de récolter des fonds.

« Ça me fait peur de demander de l’argent aux gens et j’ai peur de les décevoir. »

Voyager léger

Caroline Côté a réalisé des documentaires dans le passé, notamment au sujet de son expédition au Svalbard, dans l’île de Spitzberg. Mais par souci de s’alléger au possible, elle n’apportera pas d’équipement de tournage ou de montage.

« C’est tellement énorme que juste le fait de sortir ma caméra me ferait vivre de la fatigue. Je vais quand même avoir un téléphone avec lequel je vais filmer. C’est tout de même de la qualité incroyable. »

Avec ces vidéos, elle espère créer une sorte de matériel de bord qu’elle aimerait présenter au retour.

« Je suis certaine qu’il y aura des moments super drôles, des moments plus intimes et des moments plus difficiles. »

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    Si Caroline Côté remporte son pari, elle sera la première Québécoise à relier le pôle Sud en ski en solo.