Chaque semaine, les journalistes des sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence. Comme il nous fallait bien un brin d’expertise en la matière, notre invitée spéciale cette semaine est Camille Dussault, graphiste à notre salle de rédaction.

Écrivez-nous pour nous faire part de vos préférences

Camille Dussault, graphiste à La Presse

Le logo des Oilers d’Edmonton est du bonbon pour les yeux. Sans contredit l’un des plus beaux logos de tous les temps, il est d’une unité et d’un équilibre parfaits, et ce, en toute simplicité. La centralité de la goutte et du nom de l’équipe unifiés à l’intérieur de la forme parfaite qu’est le cercle donne une composition qui s’apparente littéralement à un sceau. Un autre signe d’harmonie est le choix du bleu et de sa couleur complémentaire, l’orange (plus marquante dans la version des années 1970, le bleu d’aujourd’hui étant plus près d’un indigo). On reconnaît aussi la perfection d’un logo dans la facilité de son utilisation en version monochrome, sans altération ni confusion des composantes. Le choix de la police de caractères d’influence western n’est pas anodin compte tenu de la situation géographique de l’équipe, mais a aussi ce petit côté vintage qui fait vibrer la fibre nostalgique. Les lignes courbes des empattements des lettres se terminant en une nappe d’huile épousant la forme circulaire limitrophe complètent la symbiose. Le tout est d’une efficacité intemporelle.

Mention spéciale à la refonte graphique des Alouettes de Montréal réussie avec brio avec leur logotype en bichromie d’une simplicité désarmante uniquement composé d’un trait formant l’oiseau et le « M » de la ville.

Mathias Brunet

PHOTO ROSS D. FRANKLIN, ASSOCIATED PRESS

Alex Nedeljkovic, gardien des Red Wings de Detroit, stoppe le lancer de Liam O’Brien, des Coyotes de l’Arizona.

Esthétiquement, le logo des Red Wings de Detroit est de toute beauté. Et il marie les deux éléments principaux de l’équipe, la ville, reconnue à titre de capitale de l’automobile, et le caractère du club, qu’on veut rapide et dynamique. Ironiquement, sa couleur était prédestinée puisque les Wings ont été les premiers à accueillir massivement les anciennes gloires soviétiques de l’Armée rouge. Détail méconnu, mais ô combien important, ce logo, né en 1932, tire son origine de... Montréal. Il est en effet inspiré du premier club à remporter la Coupe Stanley, en 1893, les Winged Wheelers de Montréal, dont le nouveau propriétaire des Cougars des Detroit, James Norris, avait déjà porté les couleurs étant jeune. Quatre ans plus tard, ce club plutôt médiocre dans les années 1920 remportait une première Coupe Stanley. Norris donne aussi aujourd’hui son nom au trophée décerné au défenseur par excellence dans la Ligue nationale.

Miguel Bujold

PHOTO JEFF CURRY, USA TODAY SPORTS

Jordan Kyrou (25) célèbre avec Ryan O’Reilly (90), tous deux des Blues de St. Louis, à la suite d’un but marqué contre les Coyotes de l’Arizona.

À mon avis, parmi les principales ligues professionnelles en Amérique du Nord, c’est dans la Ligue nationale de hockey (LNH) que l’on trouve les plus beaux logos. Ceux du Canadien, des Bruins, des Flyers, des Blackhawks et des Red Wings sont tous particulièrement réussis. Mon préféré est toutefois celui des Blues. Dès la petite enfance, j’ai aimé ce logo, sans trop savoir pourquoi. À vrai dire, en regardant mes cartes de hockey alors que j’avais 4 ou 5 ans, je croyais que le logo était une petite pelle... C’est bien sûr une note de musique avec des ailes, ce qui le rend encore plus original. Et puisqu’on y est, parlons du nom du club. Pourquoi ne dit-on pas le Blues plutôt que les Blues, comme on le fait pour le Jazz de l’Utah ? C’est parce qu’en 1967, le propriétaire et fondateur de l’équipe, Sid Saloman fils, a nommé son équipe en honneur de la chanson St. Louis Blues, de W. C. Handy, et non pas pour le genre musical. Si jamais la question se retrouve dans un jeu-questionnaire...

Katherine Harvey-Pinard

PHOTO CHARLES KRUPA, ASSOCIATED PRESS

Une femme vend des souvenirs à l’extérieur du Fenway Park avant un match des Red Sox de Boston.

Je suis tellement difficile. J’ai eu toute la misère du monde à choisir, mais j’ai finalement opté pour l’actuel logo principal des Red Sox de Boston. Deux bas rouges, sans artifices inutiles. Pas besoin de se casser la tête pour le comprendre. Il est unique et même un peu amusant, mais surtout simple et efficace. Comme ce paragraphe !

Richard Labbé

PHOTO USA TODAY

Le logo des Bucs de Tampa Bay flotte au vent.

J’ai toujours eu un faible pour le logo des Bucs de Tampa Bay. Pour le premier logo, là, pas le plus récent. Parce que le premier logo des Bucs est sublime, et que c’est un crime contre l’humanité que d’avoir pensé à le tasser à la faveur d’un logo plus « moderne ». Mais à quoi ça sert d’être moderne si c’est pour être plus plate ? Je vous le demande. Alors qu’on nous ramène ce pirate orange, de la même couleur que les délices glacés de notre enfance, qui regarde l’ennemi d’un air menaçant, le couteau littéralement entre les dents. La perfection, ça ressemble un peu à ça.

Guillaume Lefrançois

PHOTO JEFFREY T. BARNES, ASSOCIATED PRESS

Dustin Tokarski, gardien des Sabres de Buffalo

Mise en garde : je vais répondre ici par nostalgie plus que par purs critères de design. Parce que bien honnêtement, je serais plus à l’aise de parler du système de santé du Turkménistan que de parler de design. Je me rabats donc sur les logos des années 1980, quand j’ai commencé à suivre le sport. J’ai pensé au logo des Islanders (pas le capitaine Highliner, rassurez-vous) ou à celui des Brewers au baseball, avec la mite qui forme un B et un M (comme dans Brewers et Milwaukee). Bien pensé. Mais s’il faut trancher, j’y vais avec le premier logo des Sabres, tellement beau que l’équipe a fini par y revenir, d’abord en bleu marine, puis en ramenant carrément le bleu royal des années 1970 et 1980.

Simon-Olivier Lorange

PHOTO YVES BEAUCHAMP, ARCHIVES LA PRESSE

Gary Carter dans le vestiaire des Expos de Montréal, le 11 septembre 1980

Accusez-moi de chauvinisme ou de paresse autant que vous voulez, mais nul besoin de consulter en entier l’article « logos de sport » sur mon cédérom Encarta pour trouver mon logo favori. Celui des Expos est exceptionnellement beau. Simple et facile à aimer, que l’on connaisse ou non ses détails et sa signification, quoique complexe mais fluide dans son exécution – le « e », le « M », le « b ». Surtout, il tranchait, à la naissance de l’équipe à la fin des années 1960, avec la tradition des logos de baseball, essentiellement centrée sur le nom des clubs (Dodgers, Giants, Twins...) ou sur leur illustration littérale (Tigers, Indians, Orioles...). Quand on constate à quel point le logo a traversé les années, encore 17 ans après le déménagement de la franchise, on conclut facilement que le design, attribué à Gerald Reilly, était un coup de génie.

Alexandre Pratt

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Shayne Corson, des Canadiens, et Mark Hunter, des Whalers de Hartford, durant un match au Forum le samedi 21 décembre 1991

J’aime les logos avec des messages cachés, comme celui du Tour de France, avec une roue dans le O et un cycliste dans le R. Ou encore, celui des Twins du Minnesota, avec le mot « win » souligné. Mon préféré ? Celui des Whalers de Hartford. La base blanche est en forme de W, pour Whalers. Dans le centre, en vert, il y a un H, pour Hartford. Le tout couronné par une queue de baleine. Du génie.

Jean-François Tremblay

PHOTO CAROLINE GRÉGOIRE, FOURNIE PAR LA LIGUE DE HOCKEY JUNIOR MAJEUR DU QUÉBEC

L’Armada de Blainville-Boisbriand disputant un match contre les Remparts de Québec, le 26 janvier 2019

Tout d’abord, j’aime les logos épurés où ça ne prend pas une maîtrise en sémiologie de l’image pour comprendre ce dont il en retourne. Et qu’y a-t-il de plus épuré qu’un logo qui n’est qu’une lettre stylisée ? Le risque était grand au dévoilement de l’image de marque de l’Armada de Blainville-Boisbriand de tomber dans le cliché. Il n’aurait pas fallu grand-chose pour que le logo devienne un galion, mais de toute évidence, le designer était au fait du triste sort de l’Invincible Armada espagnole qui s’est écrasée sur les côtes irlandaises en 1588 avant de réussir son invasion de l’Angleterre. Tout ça pour dire que j’ai été ravi de voir ce logo d’un A surmontant deux B. Tout est là. En plus, l’agencement noir et blanc se démarquait nettement à une époque où les uniformes sombres n’étaient pas la norme.