Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence.

Simon-Olivier Lorange

Chaque matin, j’ouvre les yeux en sachant que Laurent Duvernay-Tardif est sans doute en train de faire quelque chose de mieux que moi. Il est l’un des meilleurs de sa profession – on parle ici de son « job de jour », soit protéger Patrick Mahomes. Il vient de remporter le Super Bowl. Il devait avoir une sacrée cote R, car il a été accepté en médecine et a décroché son diplôme avec succès. Voilà qu’il donne du sien dans les CHSLD. Et pendant ses temps libres, il s’implique pour la persévérance scolaire ou, plus sobrement, travaille le bois pour se détendre. Autant d’éléments qui relativisent avec une cruauté froide la fierté que j’ai ressentie, la semaine dernière, après avoir installé un luminaire sans provoquer d’incendie. Même sa famille respire le succès : ses parents, propriétaires de ma boulangerie de quartier, vendent la meilleure baguette de l’univers connu. Je paierais cher pour passer une journée dans les souliers de ce gentilhomme qui nous fait tous mal paraître.

Mathias Brunet

PHOTO MIKE FINN-KELCEY, ARCHIVES REUTERS

Thierry Henry, dans le maillot dArsenal, soulevant en 2004 le trophée remis au joueur de l’année de la Premier League

J’ai quelques critères précis en tête. J’opterais d’abord pour un sport qui ne laisse pas de séquelles physiques importantes. J’exclus donc la boxe, le football et l’UFC. J’aurais aimé être un athlète capable de transcender son sport. J’aurais aimé jouer dans les plus grandes villes du monde, Paris (avec l’équipe de mon pays), Londres, Barcelone, Monaco, New York. J’aimerais être un athlète, mais aussi un être humain doté d’une intelligence et d’une éloquence exceptionnelles. Une fois ma carrière terminée, avoir les capacités intellectuelles pour mener une autre carrière de front, dans le coaching. Une statue ? Pas un préalable, mais bon, s’ils insistent… Si j’avais à être un athlète, j’aurais bien aimé être Thierry Henry, l’un des plus grands joueurs de l’histoire, l’entraîneur-chef de l’Impact.

Miguel Bujold

PHOTO ERIC GAILLARD, ARCHIVES REUTERS

Cristiano Ronaldo, de la Juventus de Turin, en février dernier

Lorsque mon fils a changé d’école au début de sa troisième année, c’est en jouant au soccer durant les récréations qu’il a commencé à se faire de nouveaux amis. Ayant entrepris sa « carrière » de joueur à 3 ans, mon garçon se débrouille plutôt bien avec le ballon noir et blanc, ce qui lui a valu le sobriquet de « mini-Ronaldo » dans la cour d’école. Il n’en fallait pas plus pour que la super-étoile du Portugal ne devienne son joueur préféré. Quelques semaines avant le début de la crise de la COVID-19, il a d’ailleurs expliqué à ses camarades de classe dans une présentation pourquoi Cristiano Ronaldo et la Juventus étaient son joueur et son équipe préférés au soccer. C’est donc pour cette raison, et aussi pour sa grande générosité auprès de quantité d’œuvres de charité, que je choisirais d’être Ronaldo. L’apparence physique et la fortune ne nuiraient pas non plus.

Simon Drouin

PHOTO WOLFGANG RATTAY, ARCHIVES REUTERS

Didier Cuche survolant la Streif, à Kitzbühel, en 2008

Au risque d’offusquer les partisans du Canadien, je serais Brad Marchand, pour être l’ailier perpétuel de Patrice Bergeron. Quel bonheur ça doit être de jouer avec un tel meneur. Mais j’ai une autre idée : Didier Cuche, le skieur suisse. En 2012, j’ai assisté à sa quatrième victoire à la descente de la Coupe du monde de Kitzbühel, ce qui lui avait permis d’égaler le record du grand Franz Klammer. Quelques jours plus tôt, j’avais eu le privilège de parcourir quelques sections de la Streif, la mythique piste. Le Mausefalle, mur sombre et glacé au possible, est proprement effrayant. L’Autrichien Hans Grugger s’y était écrasé le lendemain lors du premier entraînement. On ne l’a jamais revu en course. Cuche, donc, avait dominé l’épreuve de sa façon habituelle : un équilibre impossible entre contrôle absolu sur chaque aspérité de la pente et engagement total dans la traverse finale. Je me vois franchir la ligne d’arrivée devant 50 000 spectateurs médusés. Presque aussi grisant qu’une passe à Bergeron sur le but gagnant en finale de la Coupe Stanley.

Richard Labbé

PHOTO ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Joe Namath

Dans l’absolu, et en premier pour des raisons purement financières, j’aimerais bien être Lionel Messi, un joueur qui, selon Forbes, a touché 127 millions de dollars en 2019, une somme plus que respectable à mon humble avis (et ça tomberait vraiment bien, j’ai des travaux à faire faire dans la maison). Mais n’ayant aucun intérêt pour le soccer ou le théâtre, mon choix consisterait plutôt à me transporter dans le temps et à devenir le quart Joe Namath, ce qui me permettrait de prédire la victoire et de gagner un Super Bowl en janvier 1969 avant d’aller au festival de Woodstock à l’été avec 12 de mes meilleures amies, et puis pourquoi pas, aller ensuite au festival d’Altamont en Californie l’année suivante pour y saluer les Stones. En plus, il paraît que Broadway Joe avait de bons amis partout où il passait, en plus d’avoir son propre bar à Manhattan, là où il pouvait manger et boire une bière (ou deux) gratis chaque soir. Si ce n’est pas le rêve américain, ça, je ne sais pas ce que c’est.

Guillaume Lefrançois

PHOTO ADAM HUNGER, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Henrik Lundqvist

Pas le choix d’y aller avec Henrik Lundqvist. Il a été un des meilleurs gardiens de sa génération. Il a fait carrière dans la ville la plus enivrante qui soit, New York. Dans cette ville la plus enivrante, il a ouvert un restaurant dans le plus beau quartier, Tribeca. Il est musicien. Il est beau comme un cœur. Et surtout, il est la classe incarnée, même dans les moments difficiles. Si j’étais mère de famille, je le voudrais comme gendre. Mention honorable à l’ancien lutteur « Stone Cold » Steve Austin. Pendant ses belles années, il a personnifié un rebelle qui buvait de la bière dans l’arène, qui a une fois rempli de ciment la Corvette décapotable de son patron et qui attaquait ledit patron à coups de Stone Cold Stunner pas mal tous les lundis. Le rêve, quoi.

Michel Marois

PHOTO TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS

Colin Chapman aux côtés du pilote Mario Andretti en 1978

Je n’ai jamais envié les champions que j’ai pu approcher au cours de ma carrière. Avec les années, j’ai constaté à quel point leurs performances ne sont que de brefs moments d’éternité et que leur quotidien est généralement fait d’abnégation et d’obligations. Le golf m’aurait tenté, certes, mais pas la vie d’un golfeur professionnel. Par contre, j’aurais bien aimé évoluer dans l’univers du sport automobile et, depuis l’enfance, mon rêve était de dessiner des F1. Si j’avais pu, j’aurais donc bien voulu prendre la place de Colin Chapman, de John Barnard ou d’Adrian Newey, des ingénieurs qui ont marqué leur époque et dont les créations continuent de nous fasciner aujourd’hui.

Pascal Milano

PHOTO ARCHIVES REUTERS

Kilian Jornet lors d’un entraînement dans les montagnes norvégiennes

Je me souviens de ma première course en sentiers pour laquelle je n’étais pas du tout préparé. J’ai souffert dans quelques montées, mais que dire des descentes, que j’avais largement sous-estimées. En cette journée boueuse à Mont-Tremblant, j’ai embrassé quelques arbres après des foulées mal assurées… Malgré quelques expériences subséquentes plus positives, j’envie ces coureurs qui grimpent sans difficulté apparente et qui dévalent les pentes à toute allure. J’envie Kilian Jornet, ce polyvalent coureur espagnol dont le talent est aussi élevé que les sommets qu’il a gravis. Sa feuille de route inclut autant des victoires spectaculaires (Ultra-Trail du Mont-Blanc, Sierre-Zinal, Hardrock 100…) que les montagnes les plus hautes du monde. Entre deux aventures, Jornet se repose – enfin, presque – dans une vieille maison au beau milieu de la Norvège. Les paysages sont à couper le souffle, le calme est manifeste. Mieux vaut aimer les montées et les descentes, par contre…