Snobé par les vainqueurs du dernier Super Bowl, le président Trump a relancé mardi sa guerre ouverte contre les joueurs de la NFL, mais il a trouvé du répondant avec les stars de la NBA, LeBron James en tête, qui l'ont déjà averti qu'ils le boycotteraient à leur tour.

Alors qu'il devait recevoir dans les jardins de la Maison-Blanche les Eagles de Philadelphie, vainqueurs du Super Bowl en février dernier, Donald Trump a annulé lundi la cérémonie et décidé d'organiser une grandiloquente célébration du drapeau américain et des États-Unis.

Au programme, musique militaire par l'United States Marine Band, l'unité de musique du corps des marines, et honneur au drapeau, devant 1000 partisans des Eagles pour bien marteler son message.

«L'Amérique est une grande nation, une communauté, une famille, l'Amérique est notre maison et nous aimons notre maison», a-t-il insisté dans son discours après avoir fredonné lui-même quelques paroles de God Bless America.

Au lieu de célébrer les exploits des Eagles, vainqueurs de leur premier Super Bowl en battant les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, le milliardaire républicain a rendu hommage «aux militaires, à notre pays, et tous les héros qui ne sont pas revenus au pays» dans une cérémonie très patriotique.

Sans les évoquer directement, Donald Trump a ainsi fait lourdement allusion aux joueurs de la NFL qui protestent contre les tensions raciales aux États-Unis en posant un genou à terre pendant l'hymne américain et qu'il a qualifiés par le passé de «fils de pute», «qui ne devraient peut-être pas être dans le pays».

C'est parce que la plupart des joueurs des Eagles ont décidé de faire l'impasse sur la cérémonie que le milliardaire républicain leur a retiré son invitation à le rencontrer à la Maison-Blanche, comme le veut la tradition dans le sport américain, professionnel et amateur.

«Malheureusement, les Eagles ont proposé d'envoyer seulement un tout petit contingent de personnes pour les représenter, en insistant bien que la grande majorité des joueurs ne serait pas présente», a confirmé sa porte-parole Sarah Huckabee Sanders.

«Le président pense qu'il faut respecter l'hymne américain. En ce qui concerne la NFL, ce n'est pas une question d'équipe, mais de fierté pour notre pays, de respect pour les hommes et femmes qui se sont battus et sont morts pour notre pays», a-t-elle poursuivi.

«Personne ne veut être invité»

La cérémonie de mardi a été largement perturbée par la présence d'un invité qui a crié «arrêtez de vous cacher derrière les troupes et l'hymne national». L'homme, hué par la foule, tenait à la main un livre de la navigatrice française Isabelle Autissier, comme l'a rapporté un journaliste de CNN présent sur place.

Une autre personne s'est agenouillée pendant l'hymne, selon la vidéo d'un journaliste suédois.

Depuis l'automne dernier, M. Trump est parti en guerre contre le mouvement de boycott lancé en 2016 par l'ancien quart-arrière des 49ers de San Francisco, Colin Kaerpernick.

Pour tenter de stopper la polémique qui a empoisonné sa saison 2017, la NFL a édicté fin mai une nouvelle réglementation obligeant les joueurs présents sur le terrain à rester debout pendant l'hymne, joué avant les matchs, sous peine d'amende, tout en laissant la possibilité aux joueurs qui veulent protester de rester dans les vestiaires.

Présentée comme une victoire pour Donald Trump, cette réglementation est déjà contestée par l'association des joueurs de NFL.

Les joueurs de football ne sont pas seuls et ils ont reçu le soutien des vedettes des Cavaliers de Cleveland et des Warriors de Golden State, qui disputent actuellement la finale de la NBA.

«Je sais que quel que soit le vainqueur de cette finale, personne ne veut être invité (à la Maison-Blanche), ni Cleveland ni Golden State», a prévenu la superstar LeBron James à la veille du troisième match de la finale.

«Il y a tellement de choses auxquelles nous croyons en tant qu'Américains qu'il ne représente pas», a rappelé le triple champion de la NBA.

Alors que Golden State, sacré champion en juin 2017, avait boycotté Donald Trump qui avait retiré son invitation, son entraîneur Steve Kerr attend avec impatience la prochaine élection présidentielle.

«Ce sera bien quand les choses reviendront à la normale, dans trois ans», a-t-il lancé.

AP

Des partisans des Eagles ont participé à la cérémonie de mardi.