Vingt-trois ans et déjà au sommet de l'olympe. L'Américain Michael Phelps a rejoint le groupe sélect des plus grands médaillés d'or de l'histoire des Jeux olympiques, remportant le 200 mètres libre avec une aisance presque effrayante, ce matin (lundi soir au Québec), au Centre national de natation de Pékin.

Seul dans son monde, Phelps a laissé ses adversaires dans le bouillonnement de son puissant battement de jambes, abaissant son propre record mondial grâce à un temps de 1:42.96.

Après les émotions fortes de son dernier 400 m quatre nages à vie, dimanche, et la frousse du relais, lundi, le Baltimore Bullet s'est contenté d'un sourire contenu quand il a relevé ses lunettes pour lire le temps au tableau. Après tout, il faut se garder une petite gêne. Il reste quand même cinq courses à gagner.

Phels s'est ensuite tourné pour serrer la pince du Coréen Taehwan Park, médaillé d'argent à presque deux secondes du gagnant. «Bon travail», s'est fait dire Park, dont le chrono de 1:44,85 lui permet quand même de devenir le troisième performeur de l'histoire sur la distance.

Dominant de bout en bout, Phelps a servi une véritable clinique de style libre pour abaisser son ancien record de presque une seconde. Chaque virage lui a permis d'augmenter une avance déjà imparable grâce à des coulées dont lui seul a le secret ou le souffle pour les exécuter.

Phelps ne s'est évidemment pas arrêté pour parler aux journalistes puisqu'il devait retourner au plus vite dans le bassin secondaire pour chasser l'acide lactique avant la cérémonie des médailles et les demi-finales du 200 m papillon. Il a remis ses fleurs à sa soeur, une ancienne nageuse, qui n'a pu retenir ses pleurs.

L'Américain Peter Vanderkaay a décroché le bronze avec un chrono de 1:45,14.

Le 200 m libre fut la seule épreuve individuelle perdue par Phelps aux derniers JO d'Athènes. Dans ce qui avait été étiqueté la «course du siècle», l'Américain avait dû se contenter de la troisième place derrière l'Australien Ian Thorpe et le Néerlandais Pieter van den Hoogenband.

Retraitée, la Thorpille assiste aux compétitions de Pékin depuis les gradins. Aux Mondiaux de Melbourne, en mars 2007, Phelps avait battu l'ancien record mondial de Thorpe, une marque considérée intouchable à l'époque.

Van den Hoogenband, surnommé le Hollandais volant, a pour sa part choisi de se concentrer sur une deuxième défense inédite de son titre olympique sur 100 m.

Grâce à cette victoire attendue, Phelps rejoint Paavo Nurmi, Larissa Latynina, Mark Spitz et Carl Lewis parmi les neuf médaillés d'or olympiques. Selon toute vraisemblance, il s'installera seul en tête demain matin (ce soir au Québec) alors qu'il devrait participer à la finale du 200 mètres papillon, l'épreuve qui l'a fait connaître à l'âge de 15 ans aux JO de Sydney. Difficile de l'imaginer perdre cette course.