L'icône du judo Ryoko Tani est tombée de son piédestal au profit de la Roumaine Alina Dumitru alors que la Française Frédérique Jossinet a sombré en chutant au premier tour de la catégorie des moins de 48 kg des jeux Olympiques, samedi à Pékin.

Chez les hommes, le Sud-Coréen Choi Min-ho, champion du monde en 2003, est revenu au sommet en s'adjugeant celle des moins de 60 kg aux dépens de l'Autrichien Ludwig Paischer. Choi a aussi eu le mérite de faire chuter le tenant du titre mondial, le Néerlandais Ruben Houkes.

Le crime de lèse-majesté sur Ryoko Tani, Dumitru, qui a remporté quatre fois la couronne européenne et fini troisième des Mondiaux à Rio en 2007, l'a commis en demi-finale. Elle a battu Tani lors d'un combat limité à une bagarre pour la prise de kumikata (kimono) en étant sanctionnée une fois de moins.

La suite n'a donc été que du bonheur. Elle a battu la Cubaine Yanet Bermoy, championne du monde 2005 en l'absence de Tani et deuxième lors du retour de la patronne. Après un peu 1 min 20 de combat, elle a placé un o soto gari qui a mis fin aux rêves de Bermoy.

Après son triomphe, elle a avoué qu'en une journée elle avait réalisé tous ses rêves: «Battre Tani et devenir championne olympique!» «J'étais déçue après Athènes - pas de podium - mais j'ai eu un coup de pouce en gagnant les Championnats d'Europe», a-t-elle souligné.

Considérée comme l'une des favorites, Jossinet a regardé de loin. La faute à la Kazakh Kelbet Nurgazina auteur d'un mouvement de bras. Totalement assommée, la vice-championne olympique a saisi qu'elle n'aurait jamais sa consécration. En revanche, elle n'a pas compris ce qui s'est passé.

Tani en grande dame

Malgré sa défaite, la première depuis Atlanta 1996, Tani est sortie en grande dame. Elle est montée sur la troisième marche du podium au côté de l'Argentine Paula Paretto grâce à une technique de jambe (harai goshi) sur la Russe Lyudmila Bogdanova. Elle a salué le public, peut-être pour la dernière fois.

«Je ne peux rien faire sur la décision de l'arbitre. Nous faisions toutes les deux la même chose. Il faut que je l'accepte», a expliqué la septuple championne du monde et double championne olympique (2000, 2004), affirmant être venue «en bonne condition» et avoir «fait son maximum».

«Je suis très fière d'avoir fait cinq jeux Olympiques (elle a remporté deux fois l'argent en 1992 et 1996), a ajouté celle qui restera éternelle quoi qu'il arrive. Et de préciser qu'elle allait discuter de son avenir avec ses proches. Et pourquoi pas se décider à conquérir un huitième titre mondial en 2009 à Rotterdam.

Côté des hommes, Choi est revenu au plus haut niveau après son titre mondial. Il a fauché le champion d'Europe Ludwig Paischer. Auparavant, il avait appliqué la même recette pour passer le tenant du titre mondial, le Néerlandais Ruben Houkes, troisième.

Ce bronze, c'est celui que le Français Dimitri Dragin a entrevu. Mais après une bonne matinée, il a craqué en finale de tableau contre Paischer puis pour la médaille de bronze face à l'Ouzbek Rishod Sobirov. Deux adversaires qu'ils connaissaient bien.

Mais il n'a pas su les maîtriser, au grand regret d'un judo français qui ne veut pas voir apparaître le spectre d'Athènes-2004 (1 seule médaille d'argent). «Je n'ai pas su faire les bonnes choses. Je ne cherche pas d'excuses», a déploré Dragin.

Au lendemain de ses 28 ans, Choi a estimé qu'il avait gagné grâce à son travail et à son mental. Mais il a aussi «remercié Dieu d'avoir répondu à mes prières». «Après «un grand chelem de 3e places», il avait du mal à croire que le rêve était devenu réalité.