Par le truchement de capsules vidéo parodiant les émissions de variétés estivales, l’organisme ÉquiLibre déconstruit la grossophobie un mythe à la fois. L’humoriste Michelle Desrochers anime Le GROS talk-show dans le cadre duquel elle reçoit notamment la créatrice culinaire Loonie, le chroniqueur Mickaël Bergeron, la photographe Julie Artacho ainsi que des spécialistes de la santé.

Votre relation avec la nourriture est un sujet que vous abordez dans votre premier spectacle solo, Pelote. Quel est votre rapport au poids et à la culture des diètes ?

Pour moi, le poids, c’est le combat d’une vie, c’est une obsession. J’ai appartenu un peu à tous les spectres du trouble alimentaire. J’ai vécu dans ma jeunesse le fait de se priver et d’être dans les extrêmes. J’ai vécu aussi de l’hyperphagie, qui est cette idée de s’empiffrer dans le secret pour ensuite se punir. C’est un message important de mon spectacle, d’ailleurs : on ne connaît jamais le rapport au poids, au corps ou au trouble alimentaire des gens en un coup d’œil. C’est important d’en parler, de le dédramatiser aussi, parce que même le mot « gros » peut parfois faire peur.

Dans Le GROS talk-show, le mot « gros » est assumé. Est-ce un mot qu’on devrait utiliser sans gêne ?

Selon moi, la question, c’est comment on l’utilise. Sur ce plateau, il y avait quelque chose de magique. Tous les intervenants étaient taille plus. La styliste nous a habillés merveilleusement, de façon colorée, avec des tailles qui étaient les bonnes. Tout le monde se sentait à l’aise, ce qui est un peu l’expérience contraire qu’on peut vivre sur un plateau quand on est une personne grosse. Des fois, le linge ne nous fait pas, on se fait mettre un demi-chandail sur le dos et on se fait dire : « Sois drôle, sois confiante. » Sur le plateau du GROS talk-show, il y avait cette exception-là. Le mot « gros » n’est pas négatif, parce qu’on est tous ensemble là-dedans. On assume le mot et on le dit sans jugement. Par contre, je pense que le mot « gros » peut être encore néfaste quand il est utilisé avec méchanceté ou dans le but de blesser. C’est le contexte qui est important.

Quatre grands mythes sont déconstruits dans ces capsules. Lequel est le plus important selon vous ?

Les personnes grosses ne sont pas en santé. Souvent, dans le débat sur la grossophobie, on va se faire extrêmement discréditer. Personne ne va écouter nos arguments. Ce mythe est intéressant parce qu’on amène une médecin qui nous dit que, selon son expérience, les gens gros ne sont pas nécessairement en mauvaise santé et que les gens minces ne sont pas nécessairement en bonne santé. C’est extrêmement difficile à entrer dans la tête des gens. C’est sans compter les violences médicales que les gens en surpoids peuvent vivre. Des fois, on n’a pas le diagnostic parce qu’on s’est trop fait juger sur le poids. Même pour moi, entendre ce mythe démonté par une professionnelle, c’est validant. J’ai été élevée avec l’importance de la minceur. Chez nous, on a parié sur notre poids. C’est un sujet qui revient constamment. J’aimerais non seulement que les gens prennent le temps d’écouter cette capsule, mais aussi que mon entourage la voie. Je souhaite aussi que tout le monde prenne soin de sa santé en se fiant à tous les paramètres autres que le poids : l’activité physique, l’alimentation, ne pas fumer, ne pas être stressé, prendre le temps de bien dormir. La liste est immense. Il faut se sortir de l’idée que le poids est le seul indicateur de la santé.

Les capsules vidéo sont disponibles sur le site web d’ÉquiLibre.

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