Vous avez été nombreux, à la suite de la publication de l’article « Cher journal » dimanche dernier, à nous faire partager l’importance du journal intime dans votre vie. Voici quelques-unes des réponses reçues.

Relecture périodique

« J’ai conservé le journal intime de mon adolescence au fil des déménagements et des périodes de vie où l’on s’allège de ce qui s’accumule dans nos tiroirs et nos bibliothèques. Étant passionnée de généalogie et d’histoire, j’ai hésité à différentes étapes de ma vie à m’en départir, le relisant périodiquement. Il est le reflet de la femme que je suis devenue, de ce qui m’a forgée par les personnes et les évènements qui ont meublé ces saisons de découvertes de soi et de l’autre. Pour mon 65e anniversaire en juillet, je songe à m’en défaire dans un rituel intime de feu de joie aux abords de ma rivière derrière chez moi. Je crois qu’il a joué son rôle et qu’il est probablement temps qu’il se taise à jamais. Vous avez ravivé la réflexion à cet effet et le sentiment de bonheur que m’ont procuré l’écriture, la lecture et la relecture de ce journal intime d’adolescence ! »

Danielle Boudreau

Souvenirs jamais ennuyants

« J’ai commencé à écrire mon journal personnel à 16 ans, et j’ai poursuivi jusqu’au milieu de la trentaine, quoique moins assidûment dans les dernières années. J’écrivais ce journal intime à l’intention de mes enfants à venir, et les aléas de la vie ont fait en sorte que je suis devenue maman très tard, à 45 ans. Ma fille aura bientôt 9 ans et je considère qu’elle aura la maturité pour lire mon journal intime dans un horizon de 8 à 10 ans. J’ai conservé tous mes cahiers dans lesquels j’écrivais ma vie, mes amours, mes désillusions. Il m’arrive de relire des passages pour me rappeler certains épisodes de ma vie, marquants (par exemple : la tuerie de Polytechnique, dont j’ai été témoin à 20 ans, étudiante de deuxième année en génie chimique à Poly), pathétiques ou insignifiants, mais jamais ennuyants. »

Julie Vaillancourt, ingénieure et maman au cœur d’ado

Un besoin vital

« J’ai aujourd’hui 72 ans et j’écris depuis longtemps. J’ai écrit des journaux intimes à l’âge de 12-13 ans en 1963 alors que j’étais pensionnaire dans un couvent de religieuses. J’en ai détruit deux, les jugeant insipides, et en ai gardé un, le premier. Il fait partie d’une dizaine de magnifiques carnets d’écriture que j’écris depuis maintenant sept ans. Ils ont chacun une fonction différente : états d’âme, souvenirs, fictions, histoires de famille, thèmes précis, etc. Je les cache. Mes enfants et mes petits-enfants les trouveront quand ils videront ma maison. Ils découvriront alors leur mère et leur grand-mère sous un jour fort différent. J’encourage tous les jeunes à écrire, c’est un exutoire pour les peines, les difficultés… C’est un miroir réfléchissant et qui fait réfléchir. Pour moi, c’est aujourd’hui un besoin vital, tout comme la nourriture. »

Suzanne Duquette

Une habitude qui reste

« J’écris mon journal depuis l’âge de 9 ans, j’en ai 50. Le premier journal fut celui de la collection Nathalie Simard. À 9 ans (en 1982), je racontais que je mangeais du spaghetti et que j’avais perdu mes mitaines. J’ai conservé tous mes journaux ; cette habitude d’écriture de soi ne m’a jamais quittée, c’est le moyen le plus sûr que j’ai pour me retrouver. »

Sonia Pelletier

Sauver la vie

« J’aurai bientôt 80 ans. J’aime penser que le fait d’avoir écrit un journal intime m’a sauvé la vie. Mon anxiété existentielle ayant diminué depuis quelques années, je n’y suis pas retourné depuis longtemps. Plusieurs cahiers ont été remplis de mon écriture serrée, et mes plus récentes pensées ont pris la forme de millions d’octets. Je crois avoir eu besoin d’écrire pour contenir ou circonscrire mes confusions intérieures. »

Richard Goulet

Représentatives de la vie

« J’ai gardé mes journaux intimes depuis 1979 (j’avais 12 ans). Au début, les entrées sont assez courtes, mais représentatives de ma vie. Je n’ai jamais arrêté depuis, même si parfois, il y a eu des pauses de quelques mois. Encore aujourd’hui, à 56 ans, j’écris dans mon journal intime régulièrement. »

Nathalie Ebacher

Revivre en relisant

« J’ai conservé précieusement un seul journal de ma jeunesse, celui de l’année de mes 16 ans que j’ai passée au Brésil en échange étudiant avec AFS International. J’ai quitté la maison pour faire ma 5e secondaire en février 1981 pour revenir en janvier 1982, hémisphère Sud et horaire scolaire décalé obligent… Avant l’ère de l’internet, mon seul moyen de communication avec ma famille au Québec était la bonne vieille poste, quand elle ne faisait pas la grève ! Et le meilleur moyen de garder un souvenir impérissable de ma dernière année de secondaire, c’était de tenir un journal. Ce journal a donc recueilli mes pensées, mes horaires, les recettes de ma “mère brésilienne” qui m’a appris à tricoter, à cuisiner, et surtout, avec l’aide des autres membres de la famille et les collègues de classe, à parler portugais, langue que j’utilise toujours facilement aujourd’hui, à l’aube des mes 60 ans. AFS a été une expérience inoubliable que je revis périodiquement en relisant des petits bouts de mon journal, et je me remémore cette année qui a forgé une partie de celle que je suis devenue. »

Pauline Jubinville