À 38 ans, Sophie Reis a reçu un diagnostic de cancer du sein et a décidé de compiler ses recherches et apprentissages (en collaboration avec des médecins) dans Un cancer en cadeau, un guide complet pour les personnes atteintes d’un cancer. Nous l’avons rencontrée.

Sophie Reis est le genre de femme qui déplace des montagnes. Autrice, consultante et conférencière, elle a travaillé pendant longtemps dans les télécommunications avant de cofonder La Ruche, une plateforme de financement participatif pour les entreprises. Le premier livre de cette mère de deux enfants de 7 et 10 ans, Le guide des parents voyageurs, visait à simplifier le voyage en famille, un peu comme son deuxième, Un cancer en cadeau, où elle souhaite aider les personnes atteintes du cancer.

Un outil pratique

Elle nous reçoit chez elle et on la sent fébrile, quelques jours avant la sortie de son livre, un guide complet de 634 pages où elle a compilé toutes les informations qu’on doit connaître sur le cancer. Rédigé avec l’aide de nombreux médecins, professeurs et chercheurs, ce livre est un vrai outil pratique où on explique notamment tout le lexique médical. Des mots comme métastase, tumeur, radiothérapie, chimiothérapie, immunothérapie, biopsie, échographie ou mastectomie n’auront plus de secret pour vous. Elle y donne aussi 100 conseils et thérapies complémentaires qui permettent de mieux vivre cette épreuve qu’est le cancer.

Je cherchais ce livre quand j’ai reçu mon diagnostic de cancer du sein le 4 décembre 2020. Je ne l’ai pas trouvé, alors j’ai décidé de l’écrire.

Sophie Reis

« L’action a été ma planche de salut, car quand on reçoit un diagnostic de cancer, on a cinq minutes avec le médecin traitant. Les gens sont laissés à eux-mêmes, ils se tournent vers les réseaux sociaux où il y a de l’entraide, mais est-ce qu’ils trouvent vraiment les bonnes réponses à leurs questions ? Je ne pense pas, et ce livre est là pour ça, c’est un vrai besoin pour les patients. »

Pour Sophie Reis, être bien informé est fondamental, on doit connaître nos droits en tant que patient. « Ce livre, c’est deux ans d’écoute, de traitements, de questions posées à des médecins spécialistes, c’est aussi mon propre parcours. »

Elle a reçu un diagnostic de cancer du sein agressif, à 38 ans, alors qu’elle n’a pas d’antécédent familial. Son premier réflexe a été de s’informer et de bien s’entourer.

« Je me suis déclarée PDG de ma santé et j’ai en quelque sorte constitué, pour me soutenir, mon conseil d’administration formé de médecins et de professionnels paramédicaux, comme un naturopathe, un acupuncteur, un ostéopathe. J’ai lu également Rémission radicale : survivre au cancer malgré les pires pronostics de Kelly A. Turner. »

Elle découvre alors qu’en plus du protocole médical traditionnel, on peut, pour favoriser son bien-être, recevoir des traitements complémentaires. « Il y a toutes sortes de choses qu’on peut faire, il y a évidemment l’exercice physique qui est important, une saine alimentation, un sommeil adéquat, de la méditation, de l’acupuncture intégrée au parcours oncologique, il y a des massothérapeutes spécialisés en oncologie, le yoga adapté, l’aromathérapie, l’art-thérapie, la musicothérapie, l’ostéopathie, les bienfaits des bains et cures thermales, et ça se décline à l’infini », précise-t-elle.

Lorsque les patients prennent part à leur processus de soins, il y a une notion d’engagement qui est importante, et quand on est engagé dans le processus, les résultats sont meilleurs.

Sophie Reis

« Alors, trouvons des solutions ensemble, avec les équipes médicales et paramédicales. On a du retard au Québec, car ailleurs dans le monde, en Suisse, en France ou en Allemagne, par exemple, des soins complémentaires sont intégrés à la pratique médicale oncologique traditionnelle. L’équipe paramédicale peut inclure des notes dans le dossier du patient, c’est un travail d’équipe, c’est un suivi linéaire, ces traitements sont complémentaires, ça fait partie du protocole, ce n’est pas un ou l’autre, mais bien l’un et l’autre », insiste-t-elle.

Un nouveau départ

Le cancer a bousculé la vie de Sophie Reis à jamais. « C’est le moment de réfléchir sur ce qu’on veut vraiment dans le futur, on revoit nos priorités, on fait le ménage dans notre vie. Dans mon cas, c’est un nouveau départ, je change de carrière, je redessine ma vie… Vous savez, l’après-cancer n’est jamais simple », confie-t-elle.

Le plus dur pour elle, qui est une femme très organisée, a été de perdre le contrôle. « J’aime planifier, mais quand on reçoit son diagnostic, tout s’arrête. Vivre dans l’ambiguïté a été difficile pour moi et psychologiquement. Ce qui m’a fait garder le contrôle, c’est d’avoir eu la possibilité de ne pas perdre mes cheveux grâce au casque réfrigérant. Ça a d’ailleurs été une vraie obsession, au-delà de mes cheveux, c’était une façon d’avoir le contrôle. »

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE SOPHIE REIS

Sophie Reis, avec le casque réfrigérant, pendant son traitement

Elle s’est même jointe à l’organisme à but non lucratif gardetescheveux.org, qui sert à informer les femmes et les cliniciens sur l’usage du casque réfrigérant, qui consiste à porter un casque qui refroidit le cuir chevelu avant, pendant et après la chimiothérapie. « C’est difficile, c’est désagréable, je l’avoue, il faut de la volonté, le coût peut être remboursé par votre assurance… mais surtout, il faudrait que ce soit accessible à tous », estime-t-elle.

Sophie Reis souhaite que son livre ait un impact dans la vie des patients, des accompagnateurs, et qu’il se rende dans les mains du ministre de la Santé, Christian Dubé. « Il faut que nos cliniciens puissent penser et agir différemment, dans l’intérêt du patient, de son bien-être et de sa vitalité. Il n’y a pas plus grand stress que celui de penser perdre sa vie. Il y a plusieurs visages au cancer, chaque expérience est unique, je raconte la mienne… Le cancer, ça peut aussi bien se terminer. »

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Un cancer en cadeau

Un cancer en cadeau

Éditions Trécarré

634 pages