Une vieille maison rénovée peut atteindre des sommets d'efficacité énergétique, voire atteindre l'objectif «net zéro», s'il faut en croire une récente étude effectuée par la Société canadienne d'hypothèque et de logement sur une cinquantaine de maisons dans six villes canadiennes. Au sens où l'entend la SCHL, une maison à consommation d'énergie «nette zéro» produit autant d'énergie qu'elle en consomme en une année.

Réduire la demande d'énergie d'une maison déjà existante n'est toutefois pas facile. «Il y a beaucoup d'obstacles, affirme Jacques Charlebois, conseiller en diffusion de l'information à la SCHL. Et malheureusement, la plupart des propriétaires préfèrent investir dans la rénovation de leur cuisine. Mais il y a de plus en plus de gens suffisamment motivés.»

M. Charlebois donnera le 15 septembre une conférence au titre prometteur: Vers une consommation énergétique nette zéro dans les maisons existantes, dans le cadre des activités d'Énergie solaire Québec (info sur www.esq.qc.ca). «C'est bien de réussir à construire des maisons neuves ultraperformantes, soutient-il. Mais ces maisons ne représentent qu'une infime minorité des 12 millions de maisons existantes au Canada, la plupart construites avant l'ère de l'efficacité énergétique.»

Mode d'emploi

La première étape consiste à minimiser les besoins en électricité et en chauffage. On isole et on rend étanche le plus possible l'enveloppe du bâtiment, on utilise des électroménagers Energy Star et des ampoules électriques peu énergivores. On tire parti de l'énergie solaire passive: fenêtres à triple vitrage, petit muret de maçonnerie en guise de masse thermique, plancher sans tapis (en céramique, béton ou bois, toujours pour la masse thermique), ajout d'un solarium si on n'est pas orienté plein sud, comportement économe, etc.

Une fois la demande d'énergie réduite, on investit dans des équipements d'énergie renouvelable comme des panneaux solaires thermiques, des panneaux photovoltaïques ou la géothermie (dans les cas où on ne peut pas isoler les murs).

Les obstacles

Outre le manque d'intérêt des consommateurs et des entrepreneurs, la difficulté de coordonner les travaux de rénovation fait fréquemment obstacle. Un exemple: si on réduit la demande énergétique de la maison, la fournaise au mazout sera trop performante. Pas trop tentant de la changer si elle est relativement neuve... Même réflexion pour le parement extérieur d'une maison, qu'on n'enlèvera pas s'il est en bon état. Et si on l'enlève, c'est le moment d'investir plus encore: dans l'isolation extérieure et le remplacement des fenêtres. Il faut donc «disposer d'un plan clair et d'un financement opportun», lit-on dans un document de la SCHL. Par ailleurs, le coût des rénovations a plus que doublé en 10 ans et les équipements photovoltaïque et géothermique sont encore longs à rentabiliser. D'autres raisons enfin, comme la valeur patrimoniale, interdisent de toucher à un mur.

Étude de la SCHL

Selon les simulations, les quelque 50 maisons étudiées par la SCHL pourraient toutes approcher l'objectif «net zéro». «Celles qui n'atteindraient pas net zéro auraient tout de même diminué de 80 ou 90% leur consommation, ce qui est déjà énorme», fait valoir M. Charlebois.

Les avantages des maisons «nettes zéro»: réduction ou élimination des coûts de l'énergie, sécurité énergétique individuelle et nationale, réduction de la pollution, réduction de la demande aux heures de pointe et amélioration de la qualité de l'air intérieur.

Pour un résumé gratuit, version PDF, de l'étude Vers une consommation énergétique nette de zéro dans les maisons existantes: www.schl.ca, cliquer sur «Le point en recherche», série technique, 2008.