Une maison de Lotbinière presque bicentenaire, des meubles anciens, des photos, des peintures, des affiches, des planchers qui craquent... C'est le décor qu'a choisi Michel Bois pour installer sa galerie. Une atmosphère conviviale dans laquelle les gens peuvent circuler à leur guise. Chez Michel, on peut toucher, s'asseoir, discuter, s'attarder... sans crainte de déranger.

Artiste et pédagogue, Michel Bois a eu le goût, cet été, de partager avec les gens qui se baladent sur la route 132 son amour du patrimoine, des antiquités et de l'art naïf. Il passera les trois prochains mois à raconter des brides d'histoire, des anecdotes sur les nombreux objets qui meublent sa maison. Certains sont anciens, d'autres plus récents. Mais tous ont un passé qui les distingue.

«Et à travers les collections, l'art populaire est bien présent parce que j'adore ça», avoue Michel Bois. D'ailleurs, les meubles rustiques de Raymond Plaisance et les tableaux naïfs de Nicole Guillemette, deux artistes de Lotbinière, figurent en bonne place.

Endroit prédestiné

À cinq minutes du Domaine Joly, la maison de stuc blanc et bardeaux de cèdre construite autour de 1826 apparaît à travers les arbres. Même s'il n'a pas la généalogie des anciens occupants du 7080, route Marie-Victorin, Michel Bois est convaincu que les six propriétaires qui l'ont habité avant lui avaient un penchant pour les arts. «Ça se sent, dit-il. Il y a des ondes qui ne trompent pas.» En tout cas, l'un d'eux est connu puisque c'est le peintre et parolier Marcel Lefebvre, aujourd'hui résidant de Saint-Antoine-de-Tilly.

À part la cuisine, la maison qui a quelque 180 années est demeurée intacte. En soi, c'est extraordinaire, précise M. Bois. Ainsi, les murs, planchers et plafonds sont composés sans ordre apparent de planches de bois de deux, trois ou quatre pouces de largeur «parce que les gens devaient se contenter de ce qu'ils avaient sous la main, explique le propriétaire. J'ai tenu à conserver l'esprit des lieux tel qu'il était au début du XIXe siècle».

Par contre, les meubles, eux, appartiennent à tous les milieux, à toutes les époques. Pour le côté religieux, un vieux banc récupéré dans la nef de l'église Jacques-Cartier qui fut malheureusement démolie en 2009, juste à côté, un set de six chaises victoriennes en noyer et, sous la véranda, d'authentiques meubles Queen Ann.

Michel Bois nous fait remarquer dans un coin du salon un spécimen plutôt rare au Québec. «C'est ce qu'on appelait autrefois un dry sink ou lave-mains», mentionne-t-il. Un meuble qui était très apprécié des Anglais et qui est considéré, aujourd'hui, comme l'ancêtre des vanités modernes de nos salles de bains.

Mais plus souvent qu'autrement, les gens tombent en amour avec les chaises rustiques de Raymond Plaisance, souligne Michel Bois. Celles-ci sont fabriquées avec une économie de moyens un peu comme le faisaient sans doute les premiers colons venus en Nouvelle-France. Il s'agit d'un assemblage de branches de bouleau qui sont retenues par des goujons et chevilles de bois. Malgré tout, ils sont solides et très résistants, indique-t-il.

En collaboration avec la MRC de Lotbinière, Michel Bois compte remettre en marche le vieux four à pain derrière la maison. «Ça devrait se faire sous peu, dit-il, parce que les portes d'acier sont arrivées.» Elles ont été forgées par des artisans de Montmagny. Et cet automne, quand sa quinzaine de pommiers donneront des fruits, le propriétaire veut organiser un événement réunissant plusieurs artistes et qui marquera du même coup la fin de la saison de la galerie Michel Bois.

Galerie Michel Bois, 7080, route Marie-Victorin, Lotbinière.

mic.bois@videotron