Dans les hôtels-boutiques, les matelas font un tabac. L'Auberge Saint-Antoine en vend un par semaine, alors que les quatre établissements du Groupe Germain en ont écoulé 55 entre septembre 2005 et 2006.

Dans les hôtels-boutiques, les matelas font un tabac. L'Auberge Saint-Antoine en vend un par semaine, alors que les quatre établissements du Groupe Germain en ont écoulé 55 entre septembre 2005 et 2006.

 «Nos clients tombent en amour avec nos matelas et nos couettes en duvet d'oie», mentionne Mélanie Simard-Veilleux, directrice de la boutique Germain, qui gère les ventes du Germain-des-Prés et du Dominion 1912, à Québec, ainsi que des hôtels Le Germain de Montréal et de Toronto. «On en livre même aux États-Unis», poursuit la jeune femme. Bienvenue dans l'ère du «You are where you sleep».

David Mounteer, directeur général de l'Auberge Saint-Antoine, dans le Vieux-Port de Québec, croit que les gens dorment si bien à son hôtel, qu'ils veulent «revivre l'expérience à la maison». Voilà qui explique la popularité de ses matelas. Heureux paradoxe: alors que les hôtels tentent de recréer entre leurs murs une ambiance domestique, leurs clients s'inspirent des hôtels lorsqu'ils aménagent leurs intérieurs.

Selon David Mounteer, l'Auberge Saint-Antoine fait «une vente par jour». Ce peut être un matelas queen à 763 $, une housse de couette à 250 $, un miroir sur pied à 63 $ ou une débarbouillette à 5 $. Pour Noël, les dormeurs se sont rués sur les oreillers, chacun vendu 40 $ ou 50 $. Les achats se font au comptoir ou par téléphone (1 888 692-2211).

Le Groupe Germain dispose depuis un an d'une boutique virtuelle. Tous les articles en vente sont donc présentés dans son site Internet (www.hotelboutique.com). Quelques «objets de courtoisie», peignoirs (125 $), oursons (25 $), aromathérapie (20 $), sont offerts à la réception des hôtels. Mais pour les matelas (à partir de 800 $), les duvets d'oie (à partir de 300 $), les draps d'importation italienne Anichini, 100 % coton égyptien, 250 fils au pouce (à partir de 80 $) ou le lit de chien (119 $), il faut commander en ligne ou par téléphone (1 800 463-5253).

Service et atmosphère

Curieusement, un hôtel-boutique ne se définit pas par la vente de certains éléments de son décor. Selon Mélanie Simard-Veilleux, ce type d'établissement répond plutôt à ces trois exigences : une location urbaine, une architecture et un design recherchés, ainsi qu'un service personnalisé.

Le magazine enRoute le décrit ainsi: «Tout établissement à l'atmosphère branchée, au service personnalisé et à la déco sophistiquée qui vise le voyageur raffiné. Généralement indépendant des grandes chaînes et de moins de 200 chambres, il offre l'expérience d'un séjour décontracté dans un cadre intime (même en voyage d'affaires).»

«Quand on est dans un tel hôtel, on le sait», résume le magazine dans un article publié en janvier 2005. Ainsi, dans les ascenseurs du Germain de Toronto, des poèmes défilent sur des photos de nuages; dans ceux du W Montréal, il y a des images holographiques de bouleaux. À l'Auberge Saint-Antoine, des artefacts sont exposés partout dans l'hôtel. À l'hôtel Godin, à Montréal, chaque chambre a son poisson rouge.

Gens d'affaires

Les premiers hôtels-boutiques sont apparus à New York dans les années 1980, et ont connu un boum à la fin des années 1990. D'après une recherche de Michèle Laliberté, de l'UQAM, leurs principaux clients sont des hommes et des femmes d'affaires, des voyageurs branchés et des babyboomers. Ce que confirme David Mounteer, de l'Auberge Saint-Antoine, fréquentée par plusieurs gens d'affaires montréalais. «Les touristes américains sont fascinés par les éléments design de notre hall», ajoute-t-il. Et quand ils se retrouvent dans leur chambre, ils sont assurés de tomber sur une surprise, un «élément fou», en vertu de la «philosophie» des trois designers, Monique Amyot, Martha et Lucy Price, qui testent tous leurs achats.

Michèle Laliberté constate que les chaînes hôtelières adoptent elles aussi la formule. «Le concept de l'hôtel-boutique n'est-il pas le contraire de la chaîne?», demande-t-elle. Elle évoque un «éclatement de ce segment». Et elle rappelle que l'hôtel-boutique «n'est pas un produit créé pour suivre une tendance ou une mode», mais qu'il a été «créé pour répondre à un besoin». Ce qui importe, conclut-elle, c'est la qualité du produit et un service irréprochable.