En 2006, Paul André Larocque et André Gagnon ont acheté, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, un triplex qui a abrité une succursale de la Banque d'épargne. Au rez-de-chaussée, les caissons du plafond étaient délabrés et couverts de plusieurs couches de peinture. Dans la chambre forte se trouvait un coffre-fort, lui aussi amoché. Les nombreuses moulures et colonnes étaient endommagées et le plancher en marbre était «dégueulasse», se souvient Paul André Larocque. «J'étais même prêt à m'en débarrasser», dit-il.

En 2006, Paul André Larocque et André Gagnon ont acheté, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, un triplex qui a abrité une succursale de la Banque d'épargne. Au rez-de-chaussée, les caissons du plafond étaient délabrés et couverts de plusieurs couches de peinture. Dans la chambre forte se trouvait un coffre-fort, lui aussi amoché. Les nombreuses moulures et colonnes étaient endommagées et le plancher en marbre était «dégueulasse», se souvient Paul André Larocque. «J'étais même prêt à m'en débarrasser», dit-il.

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Le couple aurait pu tout démolir l'intérieur avant de rénover le bâtiment. Nenni. «L'architecture de cette ancienne succursale donne beaucoup de cachet et de valeur à notre appartement», dit Paul André Larocque. Grâce aux conseils du designer d'intérieur Christian Bélanger, le couple a réussi un véritable exploit d'aménagement: créer un décor contemporain et convivial tout en préservant l'esprit commercial de la succursale datant de 1923.

«On a engagé un artisan plâtrier qui a mis deux mois à reproduire les caissons du plafond grâce à un moule en silicone, raconte Paul André Larocque. Il a aussi remis à neuf les moulures et les colonnes des murs composées de gypse et de plâtre.»

Les propriétaires ont réussi à dénicher un autre ouvrier spécialisé qui a pu redonner une seconde vie au marbre gravement abîmé. Il lui a fallu quatre jours pour le restaurer.

Les occupants ont failli remplacer les trois vieilles portes moulurées de la succursale. Mais Christian Bélanger les a convaincus qu'il fallait les conserver. «Je voulais éviter d'aseptiser l'espace en lui retirant trois portes qui évoquent parfaitement l'époque», explique-t-il.

En octobre dernier, après plusieurs mois de travaux, le couple a finalement emménagé dans son appartement en copropriété d'une superficie de 2300 pieds carrés. «Pour nous, c'était important de retrouver l'édifice original», souligne Paul André Larocque.

La porte d'entrée en verre givré est d'ailleurs de type commercial «afin de respecter l'architecture du bâtiment», précise Christian Bélanger. Un bandeau en verre clair a toutefois été laissé à la hauteur des yeux des chats (il y en a trois dans l'appartement) afin qu'ils puissent examiner librement les passants.

Quant aux grandes fenêtres, elles ont été renouvelées, mais affichent les mêmes caractéristiques que celles du bâtiment d'origine. Les balcons ont été restaurés et les garde-corps changés en respectant le style d'antan. «Notre bâtiment fait partie du patrimoine de Montréal», s'enorgueillit Paul André Larocque.

Plafond d'exception

Idée futée: toutes les cloisons intérieures s'arrêtent à au moins 75 cm du plafond. Ce dernier devient un plan totalement libre, ce qui semble agrandir l'appartement (la lumière se disperse partout). En prime, la beauté des caissons du plafond est rehaussée. «Ça nous a aussi permis de diviser l'intérieur selon les besoins des occupants et non selon l'architecture du plafond», fait remarquer le designer d'intérieur.

Autre astuce: la cloison du salon a été peinte en taupe très foncé. Ainsi, un effet de contraste est créé avec le plafond ouvragé.

«J'ai suggéré l'utilisation d'une peinture blanche mate afin d'obtenir un effet de sucre en poudre sur les moulures qui évoquent la glaçure des gâteaux et le plâtre rétro», dit Christian Bélanger. Résultat: le plafond (d'une hauteur de 4,3 m) vole littéralement la vedette de l'espace.

Autre effet: une paroi couverte de miroirs, du côté de la chambre et de la salle d'eau, réfléchit le plafond, provoquant une illusion d'optique confondante.

Des gants dans le coffre-fort

Les propriétaires ont soulevé et déplacé le coffre-fort de la chambre forte grâce à un chariot élévateur. Avant que les planchers ne soient finis, ils l'ont déposé à l'entrée. Ensuite, ils l'ont sablé et nettoyé avant de lui redonner sa couleur d'origine: noir et gris charbon. Cet épais coffre métallique sert au rangement d'accessoires, comme des gants, des lunettes et des casquettes.

Des complets dans la chambre forte

La chambre forte a été transformée en une vaste penderie composée de briques blanches. De chaque côté de la porte massive (et difficile à manoeuvrer!), des plaques d'acier recouvrent les parois usées. «Je trouvais que l'acier rendait la pièce blindée encore plus imposante dans le décor», justifie Christian Bélanger. Au-dessus, un éclairage indirect a été réalisé. Le soir, un bel effet est donné. «Lorsque j'entre dans la chambre forte, j'imagine parfois tout l'argent qui s'y trouvait à l'époque», rêve tout haut Paul André Larocque.

Un studio de photo dans le séjour

Photographe, le copropriétaire métamorphose aisément le séjour de son appartement en studio de photo. Il lui suffit de déplacer la table et les canapés et le tour est joué! Mieux, les nombreuses fenêtres orientées au nord procurent une douce lumière (sans éblouissement).

Lorsqu'ils reçoit des clients, il lui suffit de fermer la porte coulissante du cabinet de toilette. Ainsi, l'intimité des espaces privés (chambre et salle d'eau) est préservée.