Souvent aménagé sobrement, le « studio » des musiciens qui répètent à domicile doit avant tout être fonctionnel et favoriser la concentration. Dans son plus simple apparat, on y trouve l’indispensable lutrin et des tas de partitions. Il ne reste qu’à y ajouter une touche personnelle, toute légère, car c’est plutôt à la musique de meubler l’espace.

Souvent aménagé sobrement, le « studio » des musiciens qui répètent à domicile doit avant tout être fonctionnel et favoriser la concentration. Dans son plus simple apparat, on y trouve l’indispensable lutrin et des tas de partitions. Il ne reste qu’à y ajouter une touche personnelle, toute légère, car c’est plutôt à la musique de meubler l’espace.

Pour Catherine Dallaire et Darren Lowe, tous les deux violonistes et membres de l’Orchestre symphonique de Québec (OSQ), le choix de leur maison respective dans le quartier Sillery de Québec a été fortement influencé par l’aménagement des pièces. « Il y avait une pièce que l’on pouvait réserver à la musique et la maison fut très bien insonorisée. Je n’aime pas les maisons à aires ouvertes. J’aime ce qui est compartimenté, à cause de mon métier », précise Mme Dallaire.

L’ordre est de mise dans la « loge » de la musicienne, située au sous-sol. La propriétaire y a ajouté une touche de couleur avec un tapis rouge et un confortable sofa vert. Le plafond est haut, un atout pour une violoniste. « Je ne me suis jamais cogné au plafond : un archet ça va haut ! » dit-elle en mimant énergiquement le mouvement. De son côté, M. Lowe cherchait une demeure avec deux locaux séparés où lui et son épouse, Suzanne Beaudoin, qui est pianiste, pourraient s’adonner à leur art en même temps. Une exigence importante puisqu’ils y consacrent plusieurs heures par jour.

François Gosselin, membre du groupe hip-hop Sagacité, a aussi choisi son appartement du quartier Montcalm pour pouvoir y aménager un studio où il produit et enregistre ses compositions. S’il n’a pas besoin de lutrin, le multi-instrumentiste possède un arsenal plus techno qu’il doit pouvoir loger : une table tournante, un clavier, une console de mixage, un ordinateur, deux écrans et deux caisses de son de référence.

M. Gosselin a placardé ses murs blancs d’affiches de son groupe, d’autres formations, de commanditaires et de compagnies de disques. Il a aussi pensé à ses invités en installant un sofa et en mettant des magazines à leur disposition.

Julianne Drolet, troisième corniste à l’OSQ, a emménagé dans sa maison de Limoilou en 2001. Sa chambre de musique se trouve au sous-sol.

À l’étage, une autre pièce est réservée aux répétitions de sa conjointe, Cynthia Adamek, elle aussi corniste. « On entend un peu quand on joue en même temps, mais ce n’est pas dérangeant », assure la joueuse de cuivre.

Miroir et lumière

Chez elle, Mme Drolet s’installe habituellement au centre de sa pièce bleu clair avec son lutrin, en face d’un grand miroir. « Le miroir, c’est très important pour vérifier la position, s’assurer qu’on ne fait pas de mauvais mouvements et qu’on ne prend pas de mauvais plis. On est comme des athlètes, il faut faire attention à notre posture », appuie Mme Dallaire, qui en a également accroché un sur ses murs.

L’éclairage est aussi crucial. Seule une petite fenêtre laisse pénétrer la lumière dans le studio de Mme Drolet. Même le jour, elle doit allumer le luminaire du plafond. Une lampe torchère supplémentaire est nécessaire le soir, car lorsque la fatigue prend le dessus, « les notes ont tendance à paraître de plus en plus petites », relate la corniste.

M. Lowe bénéficie d’une belle luminosité dans son « atelier » qui se trouve au deuxième étage de sa résidence. Le violoniste s’assoit devant une des grandes fenêtres qui inondent la pièce de lumière, sur un tabouret ergonomique en bois « qui fait travailler tous les muscles ».

Les trois symphonistes rencontrés par Le Soleil disposent tous d’un classeur réservé au rangement des partitions, d’un système de son et d’une riche collection musicale. Quelques souvenirs de tournées, des diplômes et d’autres reconnaissances ornent les murs aux couleurs discrètes.

Dans le coin de la chambre de Mme Drolet, un classeur renferme ses partitions, séparées selon les types. Baroque, moderne, classique, aigu... certains cors de la Limouloise sont accrochés au bas de la petite fenêtre. On note également un clavier qu’elle utilise comme outil de référence, différentes sourdines dans l’étagère et un lecteur minidisque avec micro qu’elle utilise parfois pour s’enregistrer.

Chez Mme Dallaire, trois étagères gardent des livres de musique. Sur les murs, on remarque des affiches promotionnelles des séries de spectacles Le Rendez-vous musical auxquelles Mme Dallaire a pris part. Des œuvres de la peintre Andrée Vézina, qui représentent les musiciens participants, ont été utilisées pour les illustrer.

L’auteur-compositeur-interprète du groupe Sagacité a, pour sa part, réservé une étagère pour ses disques de vinyle, indispensables à la pratique du « scratch » sur sa table tournante.

Acoustique

Avec sa marqueterie, la pièce « musicale » de Julianne Drolet lui offre un son sourd.

En effet, le recouvrement du sol fera légèrement varier l’acoustique. Le tapis absorbera davantage les sons. Le bois donnera une sonorité plus sèche à la chambre.

« J’aime les pièces un peu plus vivantes. J’ai de la misère quand c’est trop sec. Dans le salon il y a une belle acoustique », explique Darren Lowe, qui vient de dénuder le plancher de bois de son studio qui était jusqu’à tout récemment recouvert de tapis. M. Lowe profite du salon, un peu plus spacieux, pour répéter avec le Trio Frontenac que lui et sa femme forment avec le violoncelliste Blair Lofgren.

Malgré l’insonorisation, les chambres de répétition des musiciens laissent échapper quelques notes. Les voisins ne s’en plaignent pas trop, au dire des instrumentistes. Ils reçoivent même d’agréables commentaires de leur part !