Il faut gravir une enfilade de marches à partir du chemin de la Côte-Sainte-Catherine pour franchir le seuil de cette maison datant de 1920. La belle d’autrefois arbore des boiseries opulentes comme on n’en fait plus aujourd’hui : une coquille classique, revisitée avec un brin d’insolence et beaucoup d’humour par une passionnée de déco qui n’en a que faire des idées préconçues sur le « beau » et le « bon goût » !

« Quel serait l’équivalent de pizzazz, en français ? », se questionne Léonie Emmanuelle Duperré. « Du panache, du mordant, du… va-va-voum ? », suggère-t-on en tentant de trouver le parfait synonyme pour décrire les affinités esthétiques de notre hôte. Un seul coup d’œil sur ses créations et son environnement permet toutefois de se passer de mots.

« J’avais une affection pour les maisons modernes de style mid-century. Celle-ci était à mille lieues de ce que je voulais », confie-t-elle. Son conjoint, l’homme d’affaires et ancien PDG du Cirque du Soleil Daniel Lamarre, aura toutefois réussi à la convaincre de la pertinence de cet achat, scellé en 2008.

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Les boiseries d’origine côtoient les accents et objets décoratifs modernes.

De cette centenaire qui a vu grandir la designer Marie Saint Pierre, elle apprécie la stature et les détails. Elle a d’ailleurs eu la sagesse de ne rien altérer de ce patrimoine bien préservé, sinon pour reconfigurer la cuisine où la lumière entre désormais généreusement. Sa touche se reconnaît plutôt à sa façon d’habiller ce corps architectural en secouant les conventions. Son décor, sur mesure, ne ressemble à aucun autre.

J’ai toujours aménagé mes environnements moi-même. Je ne me verrais pas vivre dans le décor de quelqu’un d’autre.

Léonie Emmanuelle Duperré, entrepreneure et touche-à-tout

  • La cuisine, repensée par Léonie Emmanuelle Duperré, fait entrer la lumière dans la maison avec ses grandes fenêtres donnant sur la cour.

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    La cuisine, repensée par Léonie Emmanuelle Duperré, fait entrer la lumière dans la maison avec ses grandes fenêtres donnant sur la cour.

  • Une sculpture d’Armand Vaillancourt et une œuvre de Jean Paul Riopelle jouxtent celle du fils de Léonie, Baltimore Loth.

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    Une sculpture d’Armand Vaillancourt et une œuvre de Jean Paul Riopelle jouxtent celle du fils de Léonie, Baltimore Loth.

  • Dans ce décor éclectique, rien ne se prend au sérieux ou ne tente de se fondre dans un quelconque moule de tendances.

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    Dans ce décor éclectique, rien ne se prend au sérieux ou ne tente de se fondre dans un quelconque moule de tendances.

  • Çà et là, des tableaux créés par les artistes de la famille, dont cette photo (à gauche) prise par Léonie Emmanuelle et graffitée par son fils, Baltimore, et cette toile (à droite) signée par son père, Pierre Duperré

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    Çà et là, des tableaux créés par les artistes de la famille, dont cette photo (à gauche) prise par Léonie Emmanuelle et graffitée par son fils, Baltimore, et cette toile (à droite) signée par son père, Pierre Duperré

  • Le bronze offert par l’astronaute Julie Payette

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    Le bronze offert par l’astronaute Julie Payette

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La visite des lieux s’accompagne de nombreuses anecdotes, chaque objet ayant sa petite histoire. « Cette sculpture, je l’adore. Elle est d’Armand Vaillancourt. Tu vois cette “pierre” ? C’est l’un des trois bronzes qui ont voyagé avec Julie Payette sur la Station spatiale internationale… »

Avec enthousiasme, elle poursuit ainsi son énumération, en s’inquiétant ensuite que ces informations soient perçues comme un étalage de noms ou d’avoirs. « M’entourer de beauté et d’objets qui me touchent, ça m’apaise et me réconforte. »

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Une boule disco, des meubles mid-century modern et des bergères se rencontrent dans ce décor éclectique.

À ces trouvailles sentimentales s’ajoutent plusieurs tableaux et sculptures signés par son père, l’artiste-peintre Pierre Duperré, ainsi que ses fils, Baltimore et Arthur Loth, tous deux artistes multidisciplinaires. Des clins d’œil irrévérencieux complètent cette esthétique éclatée qui marie les antipodes : le traditionnel, une boule disco et un Kidrobot géant en rose fluo.

J’aime qu’un décor ne se prenne pas au sérieux. Cette maison est une maison de party !

Léonie Emmanuelle Duperré, entrepreneure et touche-à-tout

Les coussins de Léonie

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Les coussins, créations de Léonie Emmanuelle Duperré, ornent un sofa. Derrière, une œuvre de Baltimore Loth

Léonie Emmanuelle Duperré est une designer autodidacte, une touche-à-tout, une esthète, comprend-on. À 16 ans, elle décrochait de l’école pour embrasser une carrière de mannequin qui l’a conduite à poser son balluchon dans plusieurs coins du monde, dont Paris, Milan, Berlin et São Paulo. À 24 ans, prête à changer de vie, elle suit les conseils de son père et retourne sur les bancs d’école à la New York Film Academy. Elle devient photographe, puis directrice photo à Miami.

La maternité mettra cette vie de nomade sur pause. « J’ai adoré me plonger à fond dans la maternité. Tout ce temps, je n’ai arrêté de coudre, de photographier, de créer », précise-t-elle. Créer comme un « besoin viscéral » : des bijoux, des vêtements et, maintenant, des coussins.

En pandémie, avec un surplus d’énergie à dépenser, elle ressort un rouleau de toile de Jouy qu’elle a sous la main et entreprend de la transformer. Le résultat, des coussins dont le style classique est trop attendu à son goût, finit par être métamorphosé à coups de plumes d’autruche, de franges, de bandes réfléchissantes et de pompons. Ce projet, amorcé pour le plaisir de confectionner et d’offrir ses créations en cadeau, est finalement devenu l’amorce d’un autre nouveau départ.

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Des coussins à l’allure funky

Cet automne, Les trouvailles de Léonie a lancé sa gamme de coussins fabriqués à la main. Les idées ne manquent pas pour élargir l’offre : des sacs à chien, des poufs, des caftans, des accessoires de maison… « On me fait souvent remarquer que mes coussins sont très “moi”. J’ai un côté classique qui me vient de mon enfance, mais, comme ma mère et ma grand-mère, j’ai ce versant excentrique. » Sa maison, avec ce qu’elle a de traditionnel et de volontairement déjanté, lui ressemble aussi, finit-elle par admettre. « Parce qu’un décor ou une décoration, il faut que ça fasse sourire », à grande dose de… pizzazz !

Les coussins Léonie, vendus entre 250 $ et 400 $ pièce, sont offerts sur la boutique en ligne et à Montréal, chez BOND Vintage. On les trouve aussi à la boutique de Marie Saint Pierre à Miami, chez Massimo Frank Lighting à West Palm Beach et chez Muse à Bruxelles.

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