Artiste singulier, Eric Guay réalise des œuvres fascinantes en cornouiller — un arbuste – qui sont intimement liées avec leur environnement. Rencontre avec un personnage étonnant dont les sculptures créent l’émerveillement, autant chez les petits que chez les grands.

Il y a une trentaine d’années, Eric Guay s’est levé un matin avec la certitude qu’il allait trouver un emploi. Idéalement un emploi qu’il allait aimer, contrairement à ses expériences passées. Est-ce le hasard ou la décision de ne pas lâcher ce jour-là ? Toujours est-il que le jeune homme de 19 ans tombe sur un grossiste pour les fleuristes en faisant du pouce sur la route et que ce dernier lui propose de l’embaucher pour l’aider à fabriquer des couronnes de branches.

« Je me suis aperçu que j’aimais ça et que c’était quelque chose d’inné pour moi. Il m’avait dit de me débrouiller en ramassant des branches de vigne et à la fin de la journée, j’ai réussi à faire un grand panier avec des ramifications, sans aucun enseignement. À cette époque-là, beaucoup de fleuristes en prenaient, mais l’année suivante, avec le libre-échange, les ventes ont chuté. Ceci dit, j’ai continué à faire des paniers et à aimer ça, mais je n’en vivais pas », raconte l’artiste.

Une matière de caractère

L’amour de la terre et des végétaux incite Eric Guay à devenir paysagiste tout en gardant sa fibre artistique. Il s’inspire de ce qui l’entoure pour façonner des objets, des animaux, des personnes à partir d’une plante inusitée : le cornouiller, aussi appelé Hart rouge. Cette plante indigène envahissante, dont les tiges rougissent à l’automne, comble le fondateur de La Branche Artisanale.

  • Les étonnantes sculptures végétales d’Eric Guay sont fabriquées à partir de branches de Hart rouge.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Les étonnantes sculptures végétales d’Eric Guay sont fabriquées à partir de branches de Hart rouge.

  • Ces boules décoratives sont garnies de guirlandes lumineuses afin de créer un décor féerique pour Noël.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Ces boules décoratives sont garnies de guirlandes lumineuses afin de créer un décor féerique pour Noël.

  • Bonhomme de neige ou lapin de Pâques, les sculptures d’Eric Guay sont 100 % écologiques et durent une dizaine d’années. Il pulvérise de l’huile de lin sur ces objets dans le but de les nourrir environ une fois par an.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Bonhomme de neige ou lapin de Pâques, les sculptures d’Eric Guay sont 100 % écologiques et durent une dizaine d’années. Il pulvérise de l’huile de lin sur ces objets dans le but de les nourrir environ une fois par an.

  • Très belle idée de cadeau pour la Saint-Valentin : un Cupidon ou un cœur écarlate (à titre d’exemple, 1000 $ et 750 $ par pièce de 5 pieds de haut). « La couleur brunit avec le temps, mais je propose des œuvres rouges à cette occasion », précise l’artiste Eric Guay.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Très belle idée de cadeau pour la Saint-Valentin : un Cupidon ou un cœur écarlate (à titre d’exemple, 1000 $ et 750 $ par pièce de 5 pieds de haut). « La couleur brunit avec le temps, mais je propose des œuvres rouges à cette occasion », précise l’artiste Eric Guay.

  • Le personnage est-il caché ou nonchalamment adossé à l’arbre ? Les créations d’Eric Guay laissent toute la place à l’imagination.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Le personnage est-il caché ou nonchalamment adossé à l’arbre ? Les créations d’Eric Guay laissent toute la place à l’imagination.

  • Colibri, chauve-souris, libellule et autres animaux ailés en vol animent les jardins de La Branche Artisanale.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Colibri, chauve-souris, libellule et autres animaux ailés en vol animent les jardins de La Branche Artisanale.

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« J’apprécie beaucoup cette matière parce qu’elle est flexible tout en ayant du caractère. C’est différent du saule, dont les tiges sont identiques et droites. Le Hart rouge peut être en fourche, en angle, et je dois choisir la branche en fonction de sa forme pour l’adapter à ce que je veux faire ; elle est flexible seulement au moment de la cueillette. Beaucoup de gens font aussi des pièces en bois de grève, mais je n’en ai jamais vu comme les miennes en cornouiller », affirme Eric Guay, qui ramasse plus de 5000 branches par année sur des terres en friche.

Je vais chercher chez les gens ce qui les émerveille, des items populaires que tout le monde aime.

Eric Guay, artiste, La Branche Artisanale

Domicilié depuis quatre ans dans une rue passante qui relie Magog à Orford, l’artiste expose certaines de ses pièces dans sa cour, à la grande joie des passants. « Les cyclistes me crient : “C’est magnifique, merci beaucoup !” J’utilise une matière vivante, ce qui, selon moi, facilite la tâche pour transmettre de l’expression à mes pièces. Plus je donne de l’expression, plus je vais profondément dans l’émerveillement des gens. » Il ajoute que la sculpture doit aussi refléter le côté émotif du client ; alors souvent, il se rend chez lui pour le voir dans son élément.

Branché sur la nature

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

« Chaque sculpture est personnalisée pour correspondre aux goûts de chacun. Certains peuvent vouloir un cerf en train de gambader, de manger, de marcher… », remarque l’artiste Eric Guay.

Les œuvres insolites et personnalisées de cet artiste séduisent également des commerces, des municipalités et des musées qui lui commandent des projets spéciaux. « Le Musée Beaulne, à Coaticook, m’embauche depuis sept ans pour mettre des œuvres décoratives devant l’édifice. Les gens sont animés par la scène de sculptures de branches qu’ils découvrent là », estime M. Guay.

Captivantes et monumentales, ou encore charmantes et festives, les pièces de La Branche Artisanale sont pensées pour se fondre dans le décor et créer la surprise, un peu comme un chevreuil qu’on entrevoit dans les bois. « Il faut être en symbiose avec la nature, et je me suis rendu compte, en enseignant mon travail à l’occasion, que ce n’est pas évident. Pourtant, c’est important de respecter l’orientation des branches afin que le résultat soit harmonieux », explique l’artiste, dont le rêve ultime serait de créer un sentier sur lequel on apercevrait ses œuvres et qui aboutirait sur un petit kiosque où l’on achèterait ses créations.

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