Un mur de briques à l’aspect tellement rugueux que l’on prend garde de ne pas s’y frotter ; une forêt lumineuse sentant presque le pin ; une fenêtre donnant sur une cour italienne : bien choisies et correctement installées, par soi-même ou avec l’aide d’un designer, les muraux trompe-l’œil peuvent créer des illusions confondantes et immersives.
Un réalisme saisissant
Oubliez les palmiers et cocotiers un peu grossiers qui tapissaient les murs dans les années 80. Grâce à l’apparition de nouveaux motifs plus modernes et aux très hautes résolutions aiguisant la finesse des détails, les murales intérieures peuvent s’affranchir du côté kitsch qui leur colle au papier peint.
« Une murale, pour l’investissement que ça représente, ça peut rapidement avoir un gros impact sur le décor », avertit Esther Pichette, chargée de projet et designer d’intérieur chez Numérart.
Sur son téléphone, elle fait défiler des exemples de projets, résidentiels ou institutionnels, réalisés par l’atelier, dont une reproduction de cimes d’arbres installée sur le plafond de la salle de yoga d’un particulier – ce qui donne l’impression au pratiquant allongé de contempler le ciel. Elle nous présente aussi un mur de briques si détaillé qu’on jurerait qu’il est en 3D. Il ne s’agit que de quelques exemples tirés de la banque d’images très fournie de Numérart, qui propose d’accompagner le client le long de son projet, avec l’aide d’un designer qui pilotera le tout.
« À partir de l’idée, on crée le concept, on fait une recherche d’image, puis on la retouche au besoin pour qu’elle soit parfaitement adaptée au mur. Si nous n’avons pas l’image en banque, on peut la prendre avec notre photographe », explique Mme Pichette. Le tout est imprimé sur mesure dans l’atelier de l’agence.
Du côté de Muralunique, entreprise montréalaise qui conçoit également des trompe-l’œil, on trouve aussi un catalogue très complet, florilège de paysages et textures, déjà imprimés et stockés, et prêts à être installés. Là aussi, les propriétaires nous ont montré leurs belles réalisations, dont un mur-plafond simulant une vue depuis le fond d’une piscine, nageur inclus.
Des tendances qui ne trompent pas
Même si bien des folies sont envisageables, certains types de trompe-l’œil remportent davantage de succès auprès de la clientèle résidentielle. « Les gens aiment généralement les tons assez neutres, les paysages un peu vaporeux, les textures comme la brique ou le béton, qui sont très modernes et accrochent l’œil », énumère Sylvain Chartier, vice-président de Muralunique.
On retrouve ainsi des contrastes, entre des textures d’acier au look industriel, sobres, et des boisés ensoleillés qui apportent une touche naturelle à une pièce.
Des clés pour la réussite d’un projet
Chaque cas est particulier, mais quelques pistes peuvent être suivies pour maximiser l’impact d’un trompe-l’œil. Esther Pichette propose par exemple d’aller chercher un élément d’architecture de la pièce, comme une poutre de bois, pour le reproduire et l’incorporer dans le trompe-l’œil, afin de créer un environnement harmonieux. Mais l’inverse est aussi possible, un trompe-l’œil pouvant au contraire camoufler des éléments indésirables ou inesthétiques, comme une porte de placard ou un cadre de porte.
Le choix du papier où sera imprimé le trompe-l’œil peut aussi sublimer le réalisme recherché. Ainsi, parmi une quinzaine de supports à disposition, Numérart orientera son client vers le mieux adapté au projet. « Il faut que le type de papier reflète le plus possible la réalité de la matière. Par exemple, si on veut reproduire un mur de pierres, on choisira un papier plus granuleux », suggère Mme Pichette.
Pour ceux qui décident de poser eux-mêmes leur trompe-l’œil, un petit truc à savoir au sujet des multiples bandes qui devront se chevaucher l’une l’autre : la bande qui passe par-dessus la bande voisine devrait être située du côté de la source de lumière (provenant par exemple d’une fenêtre), ce qui réduit la visibilité de la jointure, recommandent les propriétaires de Muralunique.
La pose, pas si cauchemardesque
Se lancer dans la pose de bandes de papier peint peut en faire frissonner plus d’un – ceux-ci se tourneront vers le service d’installation professionnel –, mais toute personne un tant soit peu habile devrait parvenir à s’acquitter de la tâche. « Surtout, ne jamais poser sur un mur de latex fraîchement peint ni sur un primer seul », insiste Pierre Cousineau, président de Muralunique, qui recommande un sablage préalable de la surface.
Ce dernier nous a fait une démonstration de la pose et du décollage de papier de type préencollé : trempage dans l’eau, placement des bandes (qui peuvent être ajustées pendant trois minutes) à l’aide de repères pour parfaire les raccords, évacuation des bulles d’air avec un racloir. Il faut ensuite attendre de deux à quatre heures pour le séchage. Le décollage se fait facilement et sans douleur, et il est même possible de réinstaller les bandes en réappliquant la colle adéquate supplémentaire.
Notez qu’un guide d’instruction très complet est offert sur le site de Muralunique.
Ça coûte combien ?
Le prix d’un projet de trompe-l’œil sera fonction de la taille de la murale, du degré de personnalisation du projet, du type de papier utilisé, du recours aux services d’un designer ou d’un installateur. Chez Numérart, qui propose un service personnalisé clés en main, avec designer et installation, il faut compter environ 920 $ pour un trompe-l’œil simple de 8 pi sur 12 pi en papier préencollé.
Du côté de chez Muralunique, il en coûte 319 $ pour les mêmes dimensions et matériaux (papier mélangé avec du polyester préencollé, aspect mat), sans service de designer (on peut vous guider vers des services externes), ce à quoi il faut ajouter 170 $ pour l’installation.