À partir de nos traîneries, de nos bons débarras. À partir de ce que l'on jette. Des esprits fertiles grouillent d'idées.

À partir de nos traîneries, de nos bons débarras. À partir de ce que l'on jette. Des esprits fertiles grouillent d'idées.

De nombreux artisans bohêmes, d'artistes crâneurs, choisissent de montrer au monde «que rien ne se perd, rien ne se crée», en travestissant l'objet quotidien, par d'autres objets, ou parties d'objets qui mourraient autrement, abandonnés au fond des ruelles. Ces artistes n'ont aucune gêne à récupérer métal, bois, verre, cuir, tout ce qui a vécu, en sachant qu'ils vont opérer un miracle. Mettre au monde quelque chose qui n'existait pas.

C'est le cas de Susan Savard, dont l'entreprise de création s'appelle Lady Marianne. «J'ai tout le temps des idées», dit cette madame élégante, à la frêle silhouette, qui ne correspond en rien à l'idée que l'on se fait d'un explorateur de poubelles. «J'adore me promener dans les cours à scrap, toute cette ferraille m'inspire». Elle doit laisser à la maison ses hauts talons, s'armer de gants et de bottes et ramener en atelier, ses trouvailles. «Je mets tous les morceaux devant moi et c'est là, comme un casse-tête que l'objet nouveau apparaît.»

Une fois né, il faut qu'elle le nomme : Clair de lune, Phare à joues, Salade de lumière, ou L'allumeuse, etc. Ce sont des lampes ou bien des tables, des horloges, des porte-serviettes, etc. Ils ont en commun une assiette à gâteau, un coin de cercueil, une caisse de lait, des pattes de lit, des boutons, des bouchons, du caoutchouc d'essuie-glaces, un shaker à martinis ou tout autre chose. Bref c'est en examinant de plus près l'objet qu'on le démasque.

Défaire, refaire. «J'ai toujours été bricoleuse», dit-elle. C'est depuis 1998 que cette graphiste, qui fut longtemps à son compte, met en pratique ce qu'elle a appris à l'Institut des arts appliqués, au Cégep du Vieux-Montréal et finalement en Design 2D à l'Université du Québec à Montréal. «La notion de recyclage m'est venue en écoutant mes neveux et nièces sensibilisés naturellement aux problèmes environnementaux. Je me suis demandé alors ce que je pourrais bien faire pour redonner vie à des objets encore utiles». Son premier exploit a été une petite lampe. Et puis son coffre à outils s'est enrichi de scies, marteaux, perçeuses. Et elle s'est attaquée à plus gros.

En 2002, elle a découvert, au cours de ses pérégrinations, des marches d'escalier mobile du métro, entassées, abandonnées. En 2003, elle a présenté au SIDIM, une table à café, montée sur des pattes et des roues de bois. La marche nettoyée, sablée, certaines parties repeintes, a attiré bien des regards. L'objet branché, design a également été exposé dans plusieurs galeries d'art.

Aujourd'hui, l'artiste aimerait bien que son talent imaginatif serve à d'autres oeuvres, à des décors, des projets où son expérience et sa culture pourraient recréer encore l'inédit.