Peter Pavsek, copropriétaire des boutiques Montréal Images, perçoit une tendance depuis quelques années. «Auparavant, on achetait des affiches pour vivre avec un chef-d'oeuvre de la peinture. C'était la seule façon de posséder un Picasso à la maison, et la clientèle se composait principalement d'amateurs d'art. Maintenant, on délaisse les maîtres pour se tourner vers des peintres inconnus, dont les oeuvres n'iront jamais dans les musées, mais qui réalisent des tableaux au goût du jour», constate-t-il.

Peter Pavsek, copropriétaire des boutiques Montréal Images, perçoit une tendance depuis quelques années. «Auparavant, on achetait des affiches pour vivre avec un chef-d'oeuvre de la peinture. C'était la seule façon de posséder un Picasso à la maison, et la clientèle se composait principalement d'amateurs d'art. Maintenant, on délaisse les maîtres pour se tourner vers des peintres inconnus, dont les oeuvres n'iront jamais dans les musées, mais qui réalisent des tableaux au goût du jour», constate-t-il.

Une oeuvre de Michel Rauscher

Même son de cloche de la part de Lina Sicuro, copropriétaire de la boutique À l'affiche de la rue Saint-Denis. «On a usé à la corde Monet et ses amis impressionnistes. Aujourd'hui, on n'est plus capable de les voir! La vogue est aux peintures aux couleurs fortes, tandis que les tons pastel sont de moins en moins appréciés», explique-t-elle.

Seuls les Picasso, Van Gogh, Klimt et Lempicka séduisent toujours les consommateurs. Mais encore là, ils suscitent beaucoup moins d'intérêt qu'auparavant. Même l'exposition Le paysage en Provence, présentée actuellement par le Musée des beaux-arts de Montréal, et qui met en vedette des oeuvres de Gauguin, Cézanne et Van Gogh, ne change rien à l'affaire. «Les expositions stimulent normalement nos ventes. Pas cette fois-ci», constate avec surprise Mme Sicuro.

La tendance est aux reproductions dont les couleurs s'agencent bien aux murs et aux mobiliers de nos appartements. Pas surprenant alors que les magasins de meubles vendent de plus en plus d'affiches. Donc, la qualité intrinsèque d'une oeuvre n'a plus autant d'importance. C'est beau, j'achète! «Les affiches à la mode créent des ambiances et ce sont généralement des oeuvres faciles à comprendre», fait remarquer M. Pavsek.

La preuve: le grand succès des dernières années, c'est la reproduction du tableau Blues Come Through, de l'artiste américaine Alice Dalton Brown, qui représente d'une manière extrêmement réaliste une vue sur la mer à travers la fenêtre d'un appartement. L'oeuvre, peinte en trompe-l'oeil, crée une atmosphère relaxante. Efficace, mais on est loin du grand art!

Les affiches thématiques, représentant par exemple une femme buvant un martini ou un couple dansant le tango, connaissent aussi beaucoup de succès, tout comme les vieilles affiches publicitaires. L'Américain Justin Bua, avec ses musiciens, disques-jockeys et joueurs de poker fantaisistes, et le Français Michel Rauscher, avec ses toiles d'inspiration africaine, font partie des peintres à la mode.

Autre tendance, les cégépiens et les universitaires, jadis friands de chefs-d'oeuvre de l'art, préfèrent maintenant les affiches de films et les photographies... érotiques.

Un tableau de Claude Théberge

Chez les artistes québécois, les deux Jean-Paul, Lemieux et Riopelle, demeurent les favoris du public. Mais d'autres artistes plus contemporains attirent aussi l'attention, comme Corno, avec ses nus colorés, et Claude Théberge, avec sa série des parapluies. Cependant, le choix des affiches québécoises s'avère limité. Les catalogues d'affiches appartiennent surtout à des Américains et à des Européens.

Finalement, les consommateurs optent de plus en plus pour des affiches grand format, en raison des hauts plafonds qu'on retrouve dans les appartements modernes, tandis que les encadrements ne deviennent plus une nécessité, le style épuré étant très en vogue. «Résultat: on habille un mur avec une seule affiche de grande dimension», conclut M. Pavsek.