Kathleen Auclair, notre hôtesse, joue le jeu de la grande dame en nous accueillant avec grâce, un lundi après-midi, moulée dans un ensemble pantalon vaporeux et chaussée de mules à talons aiguilles. Elle est resplendissante dans ce hall immense, au fond duquel se dresse un escalier dont les dernières marches disparaissent dans les hauteurs du premier étage. «J'ai eu le coup de foudre pour ce hall», confie-t-elle.

Kathleen Auclair, notre hôtesse, joue le jeu de la grande dame en nous accueillant avec grâce, un lundi après-midi, moulée dans un ensemble pantalon vaporeux et chaussée de mules à talons aiguilles. Elle est resplendissante dans ce hall immense, au fond duquel se dresse un escalier dont les dernières marches disparaissent dans les hauteurs du premier étage. «J'ai eu le coup de foudre pour ce hall», confie-t-elle.

Dans le hall immense, le tapis de l'escalier ressemble à ceux des grands hôtels.

Ses portes noires se détachent du plancher de céramique blanche aux insertions de marbre noir. Une table à café a été placée en plein centre, sous le lustre de cristal. Des alcôves ceintes de noir abritent des sculptures antiques. Trois pingouins de bois montent la garde. «On est des maniaques des objets», expose Kathleen. Au début de l'été, elle est allée en vacances au Maroc avec son conjoint, Michel Côté. Ils ont dévalisé les souks: «Ça, ça, ça et ça», fait-elle, en désignant une urne, un buste, une assiette, un chandelier, qui enrichissent l'inventaire hétéroclite de la salle à manger. Deux clinquants lustres de cuivre sont suspendus au-dessus de la table rectangulaire. Sur un buffet, un dragon d'Indonésie argenté souffle au visage d'un buste de plâtre aux formes féminines.

Michel Côté a développé son goût pour les antiquités et les grands espaces, alors qu'il était copropriétaire du Manoir Richelieu, au lendemain de la faillite de Raymond Malenfant. Architecte de formation, «il a l'oeil au compas», fait remarquer sa conjointe.

«Il est maniaque de décoration, poursuit-elle. Il classe ses magazines et ses photos, comme Céline Dion.» Et tel un gamin, il scotche sur le mur de son bureau, à côté de son ordinateur, les photos qui l'inspirent pour son propre décor. «Il fait la recherche, il trouve les idées, puis il me soumet ses propositions», ajoute-t-elle.

La beauté, c'est notre monde

Un coin de la chambre des maîtres. Au fond, un chiffonnier aux formes arrondies.

Le couple a amassé tout son mobilier en huit ans. Cette «maison de bourgeois» bâtie en 1940, qu'ils ont achetée il y a trois ans, était toute désignée pour loger cette accumulation de meubles anciens, «surtout européens», chinés chez les antiquaires et dans les encans. «La beauté, c'est notre monde», résume Kathleen Auclair, propriétaire d'un salon d'esthétique.

L'opulence à l'état pur dans le salon

Dans le salon, une clarinette repose sur une table à café tout en dorures et en fioritures. Personne n'en joue, puis après? Seule sa beauté justifie sa présence. Le foyer de marbre, le piano à queue, les candélabres, les toiles aux cadres dorés, les fauteuils et le canapé de cuir, le globe terrestre sur pied, les bibelots, les armoires, les guéridons et les buffets dont les reflets se répondent dans les miroirs, évoquent la galerie des glaces du Palais de Versailles. C'est l'opulence à l'état pur.

La lumière inonde la cuisine par trois magnifiques portes françaises.

Il y a de la lumière dans cette demeure! Elle émane des fluorescents, camouflés derrière les carrés de plexiglas qui quadrillent le plafond de la cuisine-laboratoire. Elle rebondit sur les robinets astiqués des deux éviers. Elle transforme en miroir les comptoirs de granit. Elle inonde la cuisine, par trois portes françaises aux arches harmonieuses, qui s'ouvrent sur une terrasse fleurie.

Entre ces portes et la cuisine: un corridor, que nos hôtes ont baptisé «la pièce des pas perdus». Le comptoir de granit s'y avance en passe-plats, soutenu par une armoire antique, invisible de la cuisine. Belle astuce, que les proprios ont reprise, à l'étage, en se bricolant un meuble-lavabo avec un somptueux buffet d'époque.

«C'est une maison où il fait bon vivre et recevoir», conclut la dame, lorsque nous prenons congé, ébaubis et ravis.