L'arrivée des nuits plus fraîches de la fin de l'été correspond souvent à l'apparition d'une maladie curieuse sur plusieurs de nos plantes. Leur feuillage, jusqu'ici vert, semble se recouvrir d'une poudre blanche duveteuse. Sous un microscope, on découvrirait qu'il ne s'agit nullement d'une poudre, mais de minuscules pustules blanches bien ancrées dans la feuille : la «poudre» ne s'enlèvera pas juste en rinçant la feuille! Les tissus infestés finissent par noircir. Ainsi, une feuille peut passer du vert au blanc au noir en seulement deux semaines.

Cette maladie s'appelle le blanc ou le mildiou poudreux. (Les plus scientifiques aiment bien l'appeler oïdium, nom d'un des champignons impliqués (Oidium), mais en fait l'Oidium n'est qu'un parmi des dizaines de champignons pouvant provoquer cette maladie.)

 

Le blanc paraît le plus souvent à la fin de l'été. Contrairement aux autres maladies foliaires, qui se propagent par temps pluvieux, le blanc se forme sur les feuilles plutôt sèches. La pluie a même tendance à délaver le feuillage des spores de blanc; ainsi, un été pluvieux est souvent un été peu marqué par le blanc. Ce dernier se développe plutôt quand il y a de la rosée abondante la nuit suivie de journées sèches. Or, la rosée est surtout abondante à la fin de l'été et à l'automne. Voilà alors que, subitement, nos plantes blanchissent en toute fin d'été.

Curieusement, le blanc ne tue pas les plantes pérennes (vivaces, arbres, arbustes, etc.) : elles seront de retour au printemps prochain en parfaite santé... pour ne montrer des symptômes qu'à l'automne suivant. C'est donc plus une maladie esthétique qu'une maladie vraiment nuisible.

Le traitement

Il faut savoir que, quand les premiers symptômes du blanc apparaissent, il est déjà presque trop tard pour agir. C'est que l'apparition de la «poudre blanche» est la dernière étape de la maladie. En effet, les hyphes («racines») des champignons s'installent à l'intérieur de la feuille en premier; les pustules blanches n'émergent qu'une fois les dommages aux tissus des végétaux bien avancés. Traiter avec des fongicides ne fera qu'empêcher que la maladie ne s'étende aux feuilles encore indemnes; les feuilles déjà blanchies - ou encore vertes, mais infestées - ne guériront pas.

D'ailleurs, le meilleur traitement demeure la prévention. Bien espacer les végétaux susceptibles et les cultiver dans un emplacement aéré et ensoleillé est souvent très efficace.

On recommande souvent de couper les tiges affectées et de les brûler pour réduire l'infestation les années suivantes, mais des études récentes n'ont démontré aucun bénéfice à ce traitement. Cela se comprend, car les spores de blanc sont portées par le vent : à moins que tous les jardiniers partout dans la région ne coupent et brûlent leurs plants infestés, ce traitement ne sera d'aucune utilité.

Si vous décidez de traiter avec des fongicides, il faut commencer les traitements tôt en saison et les répéter tout l'été. Le soufre en poudre est l'un des rares fongicides biologiques; les autres sont généralement chimiques. Voulez-vous vraiment risquer de porter atteinte à l'environnement juste pour garder des feuilles plus propres?

Ma suggestion en tant que jardinier paresseux? D'abord, débarrassez-vous des variétés très sujettes à la maladie et remplacez-les par des variétés résistantes. En effet, il existe, chez presque tous les végétaux très sujets au blanc, comme les phlox, les monardes, les lilas, les concombres et bien d'autres, des variétés naturellement résistantes. Pourquoi alors conserver des variétés maladives?

Quant aux plantes qui ne font qu'un peu de blanc ou encore en font seulement de temps à autre, je suggère... de ne rien faire! Puisque la maladie ne tue pas la plante et qu'elle pousse et fleurit bien, pourquoi paniquer? Comme la maladie atteint surtout le feuillage inférieur, placez les plantes légèrement susceptibles plus au fond de la plate-bande où vous ne verrez pas les feuilles du bas. Problème réglé.