Locataire d'un petit quatre et demie dans le quartier Villeray, Cindy Lessard n'a pas hésité à traiter l'espace extérieur comme la cinquième pièce de son appartement.

«Je suis toujours ici. Je déjeune, je dîne et je soupe sur ma terrasse. Je vis dans un quatre et demie, mais l'été, c'est un cinq et demie», dit Cindy Lessard, passionnée de restauration de meubles et auteure du blogue Bûcheronne urbaine. Si son appartement est sombre et trop étroit pour recevoir, il s'ouvre sur une grande cour au fort potentiel. Immense, elle abrite une large terrasse partagée avec le voisin du rez-de-chaussée, et un potager. Du côté ouest, par contre, elle longe un terrain vacant et plutôt passant... «On était à découvert et c'était très venteux. Alors, avec mon copain, on s'est dit: «Gâtons-nous pendant l'été et faisons en sorte d'avoir des amis ici!» »

Afin de transformer l'espace, la jeune femme a combiné du mobilier récupéré remis au goût du jour à des articles de décoration d'occasion au look vintage et des matériaux neufs. «On avait besoin d'intimité, et on voulait quelque chose de convivial qui mélange les couleurs, les textures et le bois. C'est ce qui m'a inspirée», dit-elle.

Apprendre par la pratique

Après quelques recherches sur Pinterest, l'idée de deux banquettes pouvant servir de rangement et des murs d'intimité s'est imposée. «On a trouvé une vidéo YouTube qui expliquait comment faire un banc, et on a repensé plusieurs fois les plans pour l'adapter à nos besoins. On a aussi fait beaucoup de calculs pour rentabiliser l'achat du bois et éviter les pertes», raconte Cindy Lessard. Contrairement au dessin dont il s'est inspiré, qui exigeait l'assemblage de différents types de pièces, le couple a choisi d'utiliser uniquement des 1 x 4 et de renforcer la structure avec des 2 x 4.

«On s'est creusé la tête pour le couvercle, parce qu'il n'y a pas de quincaillerie. Il fallait que les planches de l'assise soient alignées sur les soutiens afin que le couvercle se positionne parfaitement. Finalement, on a disposé les planches en longueur par terre et on a mis le banc par-dessus à l'envers pour fixer les morceaux de soutien. Une fois la banquette à l'endroit, tout était à sa place et bien solide», explique Cindy Lessard.

Si la préparation a été longue, quelques petites erreurs ont tout de même été commises lors de la réalisation. «J'aurais aimé poser les vis des murs par l'extérieur pour qu'elles ne soient pas apparentes, mais j'y ai pensé pour le couvercle!», dit-elle. De plus, si le budget total s'est élevé à environ 1100$, c'est que la confection sur mesure des coussins d'assise a fait monter la facture (à eux seuls, les textiles ont coûté près de 500$). «Si j'avais un conseil à donner, ce serait de choisir les coussins d'assise d'abord et de construire la banquette selon leurs dimensions. J'aurais voulu un rembourrage plus épais à la marocaine et du patchwork, mais j'avais déjà bâti le meuble à la bonne hauteur par rapport à la table», avoue l'apprentie.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Déniché sur Kijiji ou sur le bord du chemin, le mobilier a été remis à neuf avec de la peinture à l'huile et un rouleau mousse. De plus, le tapis d'extérieur permet de mieux encadrer cet espace propice à la détente.

Les bons coups

Les faux pas se font vite oublier grâce aux coups réussis. Les banquettes accueillent six ou sept personnes. La jeune femme a utilisé des vis brunes conçues pour l'extérieur, puis elle a eu l'excellente idée de confectionner un gabarit pour uniformiser la pose. De plus, le cèdre rouge offre durabilité et résistance. Il peut se passer d'un traitement de finition si l'on préfère le laisser grisonner. «On aurait pu aller dans un matériau moins cher comme le bois traité. Mais on aimait son apparence et on ne voulait pas avoir à s'en occuper. En plus, le bois humide sent tellement bon après la pluie, on le sent jusqu'à l'intérieur!», dit Cindy Lessard.

Habituée à courir les rues et les brocantes, elle a fabriqué le plateau en cèdre de la table, dont la base a été dénichée sur Kijiji (payée à peine 20$). «Au début, je pensais la construire complètement en cèdre, mais c'est compliqué de faire quelque chose de solide alors que je suis encore novice.» Les chaises? Ramassées sur le bord du trottoir, elles n'attendaient qu'une cure de rajeunissement pour se faire apprécier.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Côté déco, la jeune femme a misé juste en mariant le gris intemporel des coussins d'assise aux couleurs éclatantes d'éléments faciles à remplacer.