Fin juillet, début août, le potager entre dans sa phase magique. Tomates, concombre, bettes à carde, pois, courgettes et bien d’autres sont en pleine production. Un délicieux bonheur. Mais au même moment, les laitues manifestent une lassitude fatale, les haricots se font beaucoup moins généreux, les radis ont tout donné. Autant d’espaces libres pour prolonger votre plaisir végétal jusqu’au gel. Allez, on sème de nouveau.

Une cueillette régulière

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À défaut d’une récolte régulière, plusieurs plantes potagères comme le concombre cesseront de produire.

Avant d’assurer une deuxième vie au potager, il faut faire en sorte d’obtenir le maximum des plantes qui sont déjà en production, explique l’auteur horticole et semencier Yves Gagnon, du Jardin du Grand Portage, à Saint-Didace, dans Lanaudière, un potager modèle ouvert au public. « Une plante donne des fruits pour assurer sa descendance, dit-il. Si vous ne cueillez pas vos haricots régulièrement, tous les deux ou trois jours, par exemple, la plante cessera alors de produire. Tout simplement parce qu’elle aura atteint son objectif. » Aussi faut-il procéder à une cueillette régulière pour stimuler et prolonger sa production. C’est le cas notamment des pois, concombres, courgettes et aubergines. Autre avantage de récolter fréquemment : un meilleur goût et une texture plus agréable du fruit en raison de son jeune âge. Trop vieux, le haricot est fibreux, le concombre et la courgette, beaucoup moins savoureux.

Une ombre salutaire

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Les épinards et les radis aiment la fraîcheur. En août, ils vont apprécier un peu d’ombre au jardin potager, surtout durant les périodes de chaleur.

Une foule de plantes se prêtent à un semis de mi-saison pour une récolte automnale. Il importe de choisir les variétés qui produisent le plus rapidement possible. Chaque sachet de semences indique le temps de croissance exigé entre le semis et le début de la récolte. Il faut rappeler que ce délai a été établi en fonction de conditions optimales. À partir d’août, les jours sont plus courts, la croissance est donc un peu plus lente. Par ailleurs, il faut éviter de semer en pleine canicule à moins d’assurer un arrosage qui maintienne le terreau humide ou encore de faire les semis dans un endroit mi-ombragé. La situation sera appréciée notamment des épinards, des laitues, des navets et des pois, même si la norme de cinq ou six heures d’ensoleillement quotidien n’est pas respectée, indique pour sa part le semencier réputé Jean-François Lévesque, des Jardins de l’Écoumène, à Saint-Damien, dans Lanaudière.

Moins d’insectes, plus de saveur

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Même s’il n’atteint pas sa pleine maturité après un semis de mi-saison, le chou frisé (kale) sera meilleur après avoir subi un gel léger.

Autres avantages des semis de mi-saison : plusieurs insectes ont terminé leur cycle dévastateur à cette période de l’année, ce qui augmente les chances de succès du jardinier. Le feuillage du bok choi (ou pak-choï), par exemple, est très prisé des altises affamées. Non seulement les périodes de fraîcheur lui seront très propices, mais le feuillage sera de plus impeccable. Mieux encore, comme la plupart des plantes cueillies en fin de saison, ils seront beaucoup plus savoureux après avoir vécu les nuits fraîches de septembre ou octobre. Le chou frisé (kale), lui, atteindra même une saveur maximale après une nuit ou deux de gel léger.

Que sème-t-on ?

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Le radis rose, le radis melon d’eau à la délicieuse chair rouge, le daïkon et le radis traditionnel sont autant de variétés hâtives qui conviennent pour un semis de mi-saison.

Un grand nombre de plantes potagères exigent au moins deux mois de croissance avant une première cueillette. Mais certaines poussent un peu plus rapidement et offrent plus de chances de succès que d’autres. Laitue en feuilles, épinards, radis, navets (pas les rutabagas), radis d’automne (type melon d’eau, noir, daïkon), chou rave et chinois, oignon vert ainsi que plusieurs fines herbes (coriandre, aneth, moutarde, etc.) sont de celles-là. La laitue et les radis poussent aussi très bien en jardinière. On peut également faire un semis de variétés hâtives de carottes, betteraves, haricots, pois, bettes à carde, choux frisés. La maturité sera probablement incomplète à la fin de septembre, mais ils n’en seront que plus délectables. Yves Gagnon conseille par ailleurs de ne pas planter la même espèce au même endroit, le deuxième semis étant privé des ressources minérales déjà utilisées, ce qui diminuera la production d’autant, dit-il. Dans une parcelle de laitue, par exemple, il plantera ensuite une plante d’une autre famille comme le navet ou le radis.

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