La saison des bulbes commence. La frénésie horticole qui s’est produite dans le sillage de la COVID-19 se poursuit et il y a fort à parier, comme l’an dernier, qu’il y aura rupture de stock plus rapidement qu’en temps normal. Vaut mieux faire ses achats le plus tôt possible pour éviter les déceptions. Voici quelques belles printanières méconnues.

Un engouement sans précédent

Ceux qui ont attendu le mois d’octobre l’an dernier pour faire leurs achats de bulbes printaniers ont été déçus. Je suis du groupe. En dépit d’une tournée de plusieurs jardineries, même constat : tout était vendu. Réjean Geoffrion travaille à la Pépinière Jasmin, dans l’ouest de Montréal, depuis plus de 50 ans. « Je n’ai jamais rien vu de tel. À la mi-octobre, nos 250 000 bulbes étaient écoulés. Normalement, il nous en reste plusieurs milliers que nous vendons au printemps pour une floraison en jardinière. Mais cette fois, rien. » Important détaillant de bulbes au Québec, la maison en a commandé 50 000 de plus cette année. Pour bon nombre d’espèces, il n’y a pas urgence de planter, insiste M. Geoffrion. Certains clients attendent même que le sol commence à geler, histoire de décourager les écureuils affamés.

Fleurs d’avril

PHOTO TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS

Les Iris reticulata assurent une semaine de bonheur.

Les petites variétés de crocus figurent parmi les premières fleurs à s’épanouir au printemps, fin mars ou début avril, quand le sol a perdu son couvert hivernal. Les minuscules et mignonnes éranthes jaunes se manifestent au même moment. Mais le plus éclatant est probablement l’iris réticulé (Iris reticulata). On en trouve de nombreuses variétés aux coloris plus vifs les uns que les autres. En dépit de sa taille réduite, autour de 15 cm, ses fleurs sont très grandes. Une beauté, je vous dis. Petit hic : floraison brève, environ une semaine, mais une semaine éblouissante !

Un mois de splendeur

PHOTO PIERRE GINGRAS, COLLABORATION SPÉCIALE

Peu exigeantes, les anémones de Grèce fleurissent durant presque un mois au printemps.

Méconnue, l’anémone de Grèce (Anemone blanda) a pourtant tout pour plaire. De petite taille, elle produit de jolies fleurs de 3 à 4 cm de diamètre, blanches ou violettes chez les variétés les plus rustiques. Peu capricieuse en matière de sol, elle persiste des années et prend parfois de l’ampleur avec le temps. Sa floraison hâtive s’étale sur trois ou quatre semaines et son délicat feuillage disparaît complètement en début d’été. La plante entre alors en dormance, ce qui lui permet de résister sans peine aux sécheresses estivales que nous connaissons ces dernières années. Difficile de demander mieux ! Seule exigence commune aux plantes bulbeuses : un sol bien drainé. Les bulbes sont très petits et devraient être trempés durant une journée avant leur plantation. À défaut de savoir d’où émergeront les racines ou la tige, plantez-les de côté, toujours en les regroupant.

Une séductrice tardive

PHOTO PIERRE GINGRAS, COLLABORATION SPÉCIALE

Jacinthe d’Espagne et ail géant décoratif (à l’arrière)

Les jacinthes d’Espagne sont une révélation ! Peu connues, elles fleurissent vers la fin de mai quand la plupart des plantes bulbeuses de petite taille ont terminé leur spectacle. Elles vous séduiront avec leurs nombreuses clochettes aux pétales recourbés. Elles sont offertes dans plusieurs coloris selon les cultivars, et la hampe florale atteint de 20 à 30 cm. En fleurs durant trois bonnes semaines, elles sont peu exigeantes, mais préfèrent un peu d’ombre. Elles persistent durant des années au jardin.

Floraison automnale

PHOTO PIERRE GINGRAS, COLLABORATION SPÉCIALE

Il faut planter les bulbes à floraison automnale dès réception pour obtenir des fleurs au cours des prochaines semaines. Le colchique « Waterlily », une splendeur, fleurit très rapidement, parfois même dans l’emballage.

C’est à la fin d’août que les plantes bulbeuses à floraison automnale sont habituellement offertes. C’est le cas des spectaculaires colchiques, notamment le « Waterlily », tout de rose vêtu, et des crocus d’automne bleus comme Crocus speciosus (le plus facile à cultiver) ou encore C. sativus (le fameux safran). Toutefois, il faut les planter dès que possible pour s’assurer d’une floraison en octobre ou dans les premiers jours de novembre. Il est d’ailleurs intéressant de mêler variétés automnales et printanières. Comme chez les colchiques, le feuillage de ces espèces fera son apparition seulement au printemps pour disparaître assez rapidement.

Le temps de l’ail

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

En raison du climat, l’ail à tige rigide est le plus cultivé au Québec. Il en existe plusieurs variétés dont « Music », la plus populaire, offerte dans les jardineries.

N’oubliez pas que la période la plus propice pour planter de l’ail au potager est l’automne jusqu’à la fin d’octobre, soit un mois avant les grands gels. En enfouissant chaque caïeu (gousse) qui forme le bulbe d’ail, on lui permet déjà de produire des racines et de favoriser la levée du printemps. Environ 2 m2 de potager suffisent pour planter 1 kg de caïeux et produire autour de 4 à 5 kg de bulbes pour la cuisine. Évidemment, on utilise l’ail québécois des producteurs locaux ou des centres de jardinage. Plante fragile, culture délicate, le paillis de feuilles ou autre s’impose pour éviter que le sol ne gèle. Récolte fin juillet, début août. Nombreux conseils de plantation, d’entretien, de récolte et de conservation sur l’excellent site d’Ail Québec.

Consultez le site d’Ail Québec