Cultiver les plantes d’intérieur est l’une des tendances de l’heure. Chaque mois, nous mettons en lumière une plante qui donnera du style à votre décor. Aujourd’hui : les plantes insectivores.

Dans la grisaille de mars, les affiches du Jardin botanique ont décoré les rues de Montréal avec de belles teintes de vert émeraude pour annoncer le début de l’exposition Les plantes étranges de Mme Z, fermée à peine deux semaines plus tard aux visiteurs à cause de l’épidémie de COVID-19. À défaut de pouvoir voir des spécimens rares de plantes insectivores venus des quatre coins du globe, pourquoi ne pas en adopter une à la maison ?

« Ce sont des plantes exceptionnelles », dit François Paré, horticulteur pour le moins enthousiaste à leur sujet. On pourra difficilement nier qu’elles sont à tout le moins fascinantes, sachant qu’elles étaient les favorites de deux éminents naturalistes : Charles Darwin et le Québécois Marie-Victorin. Ce dernier est allé jusqu’à qualifier de « plus extraordinaire plante de notre flore » un spécimen des tourbières québécoises (la Sarracenia purpurea) !

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

L’horticulteur François Paré

« C’est ce qui a piqué ma curiosité et m’a incité à m’intéresser à ces plantes », remarque François Paré. Sept ans après sa première acquisition, il en compte maintenant pas moins de… 50 variétés différentes chez lui. Un exploit ? « Presque tout le monde qui en achète les perd. Mais en fait, elles sont très faciles à entretenir ! », s’exclame-t-il.

Vraiment ? « Une fois qu’on a les bonnes informations, oui », insiste François Paré.

D’abord, il faut penser à leur donner beaucoup, beaucoup d’éclairage. Horticulteur au centre de Jardin Brossard, François Paré explique qu’une plante insectivore a, en gros, les mêmes besoins de lumière qu’un plant de tomate. Même en ayant une maison bien fenestrée, ce n’est pas une mince tâche au Québec.

Du coup, il suggère fortement de placer les végétaux sous une lampe fluo compacte du lever du jour au coucher, en automne et en hiver.

Le cas de la lumière réglé, encore faut-il arroser… avec le bon type d’eau ! « Il ne faut surtout pas d’eau du robinet ! insiste Marie-France Larochelle, horticultrice au Jardin botanique de Montréal. Il faut utiliser soit de l’eau de pluie, de la neige fondue ou de l’eau déminéralisée [vendue en pharmacie]. »

  • Drosera binata

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    Drosera binata

  • Heliamphora minor

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    Heliamphora minor

  • Heliamphora

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    Heliamphora

  • Nepenthes

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    Nepenthes

  • Cephalotus folicularis

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    Cephalotus folicularis

  • Terrarium

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    Terrarium

  • Pinguicula

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    Pinguicula

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Marie-France Larochelle explique que les différentes familles de plantes insectivores ont toutes en commun de s’être adaptées à des milieux très pauvres, acides, comme les tourbières ou les marécages. Aussi faible soit-elle, la présence des minéraux dans l’eau du robinet suffirait à en brûler les racines.

C’est pour la même raison qu’il faut aussi opter pour un terreau pauvre. François Paré recommande de les planter dans un mélange composé à parts égales de mousse de tourbe et de perlite, ou seulement de sphaigne. Et surtout, « jamais d’engrais ! ». Les minéraux dont elles ont besoin proviennent de la décomposition des insectes.

Dernier défi de taille, et non le moindre… « Il faut éviter de toucher les pièges », explique Marie-France Larochelle. Surtout ceux qui se referment dans un mouvement rapide et très impressionnant. Au bout de quatre à cinq fermetures, les pièges finiront par mourir. La plante en produira d’autres, mais non sans dépenser beaucoup d’énergie.

Ceci explique cela, Marie-France Larochelle préfère ne pas en avoir chez elle. « Je les regarde au Jardin botanique, c’est plus simple. » Il faut souligner, aussi, que plusieurs variétés requièrent une période d’hibernation, dans le réfrigérateur par exemple, suggère François Paré.

Des provisions d’insectes ?

Ces plantes n’ont pas besoin d’engrais… mais ont-elles besoin qu’on les nourrisse d’insectes ? Qu’on s’assure d’avoir toujours une mouche dans la maison pour leur repas mensuel ? Non. L’hiver, on peut les nourrir avec de la nourriture à poisson, délicatement saupoudrée sur le piège, suggère M. Paré. Le reste de l’année, il est bien rare qu’il n’y ait pas au minimum une petite mouche à fruit qui traîne dans la maison.

À ceux qui veulent s’initier, François Paré recommande le drosera qui ne requièrent pas de période de dormance. On pourra en trouver notamment sur les forums d’amateurs de plantes insectivores – en leur faisant bien suivre une quarantaine avant de les placer près de ses autres plantes dans la maison, rappelle Mme Larochelle — ou acheter des semences, mais il faudra être plus patient avant de voir le premier piège s’activer.

Notez qu’une fois l’été revenu, même si l’exposition des Plantes étranges de Mme Z sera terminée, il sera possible d’admirer dans le jardin des Premières Nations — à l’extérieur des serres — des spécimens des Sarracenia purpurea que Marie-Victorin aimait tant.

Exposition

Lumière abondante pour les variétés tropicales

Arrosage

Le terreau ne doit pas sécher ; ces plantes ont pour habitat naturel les tourbières, les marécages. On s’assure qu’il y a toujours de l’eau dans le réceptacle sous le pot. Et jamais d’eau du robinet.

Attention

Jamais d’engrais !

Où les trouver

Dans quelques boutiques ou sur des sites d’amateurs de plantes insectivores, comme celui-ci. N’oubliez pas de placer les nouveaux venus dans la maison en quarantaine.

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