C’est peut-être contre-intuitif parce qu’on commence déjà à penser à l’hiver qui vient, mais l’automne est un bon moment pour revoir son aménagement paysager. On échappe aux grandes chaleurs et les plantations prennent racine de façon à profiter des toutes premières semaines du printemps suivant. C’est aussi l’occasion rêvée d’analyser la pertinence d’installer un système d’irrigation automatique.

Les systèmes automatiques assurent une irrigation idéale du gazon et des platebandes en respectant la réglementation établie par les différentes municipalités. Ça facilite aussi grandement la vie, il va sans dire. « C’est beaucoup plus simple, on n’a pas besoin de se promener et de déplacer les boyaux et les gicleurs, soutient Mireille Dion-Rodier, copropriétaire de Paysages Rodier. Mais ça permet aussi d’économiser de l’eau, comparativement aux gicleurs traditionnels qui arrosent partout pareil. Et pas de risque de voir son arrosoir inonder le terrain parce qu’on a oublié de fermer le robinet. Avec un système automatique, on peut, par exemple, ajuster la minuterie pour que l’arrosage soit plus court pour une zone déjà implantée. Bref, chaque zone reçoit les quantités d’eau nécessaires, et ça n’arrose pas inutilement les stationnements et les trottoirs. »

Il est en effet possible d’ajuster l’angle de fonctionnement des asperseurs de façon très précise. Selon Irrigation Québec, on peut ainsi s’attendre à des économies d’eau de 15 % à 30 % par rapport aux systèmes d’arrosage traditionnels. Pour les platebandes, l’installation de micro-irrigation — des tuyaux installés tout juste sous la surface du sol qui déversent l’eau goutte à goutte — est 50 % plus efficace que l’aspersion, selon la documentation publiée par la Fédération interdisciplinaire de l’horticulture ornementale du Québec. L’eau est ainsi amenée là où elle est vraiment utile, soit au pied des végétaux. Il existe aussi des équipements qui permettent de modifier la fréquence de l’arrosage en fonction des quantités d’eau apportées par la pluie, notamment les sondes qui évaluent l’humidité du sol ou des pluviomètres qui mesurent les quantités d’eau reçues. Les plus récents systèmes peuvent être contrôlés grâce à des applications web ou même être reliés à des centrales météorologiques, ce qui permet d’éviter de déclencher le système quand on prévoit des précipitations.

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On peut arroser son potager ou ses jardinières à l’aide de petits systèmes goutte à goutte.

On pourrait croire que les systèmes d’irrigation sont essentiellement installés sur de grands terrains de banlieue, mais il n’en est rien. « Les gens veulent arroser toutes les surfaces, et la mode actuelle, c’est souvent les potagers, nous explique Jean-François Cortey, copropriétaire d’Irrigation Dépôt, détaillant d’équipement d’irrigation. Il y a des gens qui vont choisir d’arroser seulement leur potager ou leurs jardinières à l’aide de petits systèmes goutte à goutte, c’est vraiment très populaire, et c’est facile d’installation. »

Installer soi-même (ou pas)

Il faut toutefois que l’équipement soit installé de la bonne façon et l’utiliser convenablement, notamment en ajustant le temps d’arrosage pendant les périodes où l’arrosage est moins nécessaire, comme au printemps et à l’automne.

Ce serait d’ailleurs bien de passer le message aux municipalités pour qu’elles limitent l’arrosage au printemps. Il y a des gens qui ouvrent leurs systèmes à fond pendant tout le mois de mai même s’ils n’en ont pas besoin. Avant juin, une pluie par semaine, c’est généralement suffisant.

Jean-François Cortey

C’est pourquoi M. Cortey encourage les gens à s’informer sur le fonctionnement de leurs systèmes. D’ailleurs, son entreprise se spécialise dans la vente en ligne d’équipement et dans la production de plans d’installation faits sur mesure selon la dimension et la disposition des terrains des clients. « Quelqu’un de moindrement manuel peut y arriver, insiste-t-il. On fait une liste du matériel que ça prend pour faire le projet, car c’est surtout là où les gens éprouvent des problèmes ; ils ne savent pas quoi acheter et comment l’installer. Ensuite, le gros du travail est davantage physique, il faut creuser les tranchées. Évidemment, le meilleur moment d’installer un système d’irrigation est lorsque le terrain n’est pas aménagé. »

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Installer un système complet sur un terrain typique entourant 
une maison unifamiliale peut prendre un week-end.

Installer un système complet sur un terrain typique entourant une maison unifamiliale peut prendre un week-end complet. Selon Jean-François Cotret, faire le travail soi-même permet de réduire la facture de moitié. Mais on peut comprendre que certaines personnes ne soient pas à l’aise de réaliser un tel projet et choisissent ainsi de payer pour les services de professionnels — on parle de quelque 4000 $ pour un système automatique à trois ou quatre zones sur un terrain d’environ 7000 pi2.

Chez Paysages Rodier, qui réalise des aménagements paysagers depuis 40 ans dans la région de Saint-Hyacinthe, près de 40 % des clients choisissent d’acheter des systèmes d’irrigation, qui sont invariablement installés par un professionnel. « Mais ça vaut la peine, ce n’est pas un gadget, soutient Mireille Dion-Rodier. Et ça encourage les gens à planter des végétaux. Après tout, on est des humains, on ne peut pas se contenter d’un environnement inerte, on a besoin de plantes et d’arbres ! Souvent, les gens ont peur des racines, des fruits qui tombent des arbres, mais tous les avantages que la végétation apporte sont inestimables, notamment pour contrer les îlots de chaleur. »