(Nations unies) Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a mis en garde mardi contre une offensive militaire israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, qui représenterait selon lui une « escalade intolérable ».

« Un assaut militaire contre Rafah constituerait une escalade intolérable, tuant des milliers de civils supplémentaires et forçant des centaines de milliers d’autres à fuir », a affirmé à la presse M. Guterres, implorant les autorités israéliennes de ne pas s’y engager.

Une telle offensive « aura un impact dévastateur sur les Palestiniens de Gaza et de graves répercussions sur la Cisjordanie occupée et sur l’ensemble de la région », a-t-il ajouté.

« Tous les membres du Conseil de sécurité et de nombreux autres États ont clairement exprimé leur opposition à une telle opération. Je demande à tous ceux qui ont une influence sur Israël de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour l’empêcher », a encore dit le responsable.

Une opération terrestre de l’armée israélienne dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, serait « une tragédie sans nom », a mis en garde mardi le chef des Affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths dans un communiqué.

« La vérité est qu’une opération terrestre à Rafah sera tout simplement une tragédie sans nom. Aucun plan humanitaire ne peut contrer cela. Le reste n’est que détail », a déclaré M. Griffiths, après les déclarations du premier ministre israélien réitérant son intention d’entrer dans Rafah où se sont réfugiés d’innombrables habitants de Gaza.

La mise en garde du chef de l’ONU intervient après que le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a promis que son armée entrerait « avec ou sans » trêve dans la ville de Rafah, frontalière avec l’Égypte, considérée par Israël comme le dernier bastion du Hamas.

« L’idée que nous allons arrêter la guerre avant d’avoir atteint tous nos objectifs est hors de question. Nous allons entrer dans Rafah et y éliminer les bataillons du Hamas, avec ou sans accord [de trêve], afin d’obtenir une victoire totale », a déclaré mardi M. Nétanyahou à des proches d’otages à Jérusalem.

PHOTO MOHAMMAD JAHJOUH, ASSOCIATED PRESS

Des Palestiniens marchent dans les décombres d’un immeuble détruit par une frappe israélienne à Rafah

La ville de Rafah est devenue un refuge pour un million et demi de Palestiniens, ayant fui les bombardements israéliens dans le nord du territoire après le début de la guerre le 7 octobre, provoquée par l’attaque sanglante du Hamas.

M. Guterres a, par ailleurs, imploré Israël et le mouvement islamiste palestinien de conclure une trêve « maintenant », et réitéré son appel à Israël à permettre l’entrée de davantage d’aide humanitaire à Gaza, y compris par le biais de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

« Sans cela, je crains que la guerre, avec toutes ses conséquences tant à Gaza que dans l’ensemble de la région, ne s’aggrave de manière exponentielle », a-t-il dit.

Le chef de l’ONU s’est, enfin, dit « profondément inquiet » par la découverte de fosses communes dans les deux principaux hôpitaux de la bande de Gaza et a appelé à la tenue d’une enquête indépendante.

« Il est impératif que des enquêteurs internationaux indépendants […] soient autorisés à accéder immédiatement aux sites afin de déterminer les circonstances exactes dans lesquelles les Palestiniens ont perdu la vie et ont été enterrés ou réenterrés », a-t-il déclaré.

« Les familles des morts et des disparus ont le droit de savoir ce qui s’est passé. Et le monde a le droit de demander des comptes pour toutes les violations du droit international qui ont pu être commises », a-t-il dit.

Des fosses communes ont été découvertes dans deux des principaux hôpitaux du territoire, al-Chifa à Gaza et Nasser à Khan Younès.