Des bombardements israéliens meurtriers ont frappé mardi la bande de Gaza, où Israël maintient son projet d’offensive terrestre sur la ville surpeuplée de Rafah pour vaincre le Hamas, pendant que les pays médiateurs tentent d’avancer vers un accord de trêve associée à une libération d’otages.

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a toutefois jugé qu’une offensive israélienne sur Rafah ne semblait pas être « imminente ».

Six mois après le début de la guerre déclenchée par l’attaque sanglante menée par le mouvement islamiste contre Israël, les opérations militaires israéliennes ont fait 153 morts en 24 heures dans le territoire palestinien, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Au Caire, les pays médiateurs – Qatar, Égypte, États-Unis – ont mis sur la table dimanche une nouvelle proposition en trois étapes.

La première prévoit une trêve de six semaines, la libération de 42 otages retenus à Gaza en échange de 800 à 900 Palestiniens incarcérés par Israël, l’entrée de 400 à 500 camions d’aide alimentaire par jour et le retour chez eux des habitants du nord de la bande de Gaza déplacés par la guerre, selon une source au sein du Hamas.

À la veille de l’Aïd el-Fitr, la fête marquant la fin du ramadan, le Hamas a dit lundi « étudier la proposition » avant de transmettre sa réponse aux médiateurs, ajoutant qu’Israël « n’avait répondu à aucune » de ses demandes.  

La Maison-Blanche a jugé mardi les déclarations du Hamas sur cette proposition « pas très encourageantes ».

« Il est temps. Concluons ce cessez-le-feu. Nous sommes prêts. Je pense qu’Israël est prêt. Et je pense que le Hamas devrait venir à la table et être prêt à le faire également », a déclaré le conseiller à la sécurité nationale de la présidence américaine, Jake Sullivan.

« Il y a une date »

PHOTO FATIMA SHBAIR, ASSOCIATED PRESS

Israël a annoncé dimanche le retrait de ses troupes de Khan Younès, la plus grande ville du sud du petit territoire transformée en champ de ruines par les bombardements israéliens et des combats acharnés.

Israël avait annoncé dimanche le retrait de ses troupes de la grande ville de Khan Younès, dans le sud du territoire, détruite après plusieurs mois de combats, afin de préparer « la poursuite de leurs missions dans la zone de Rafah » toute proche.

Cette ville frontalière avec l’Égypte abrite, selon l’ONU, environ un million et demi de personnes, en majorité des déplacés.

En dépit de multiples mises en garde de capitales étrangères qui craignent de lourdes pertes civiles, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou se dit déterminé à lancer une offensive terrestre à Rafah qu’il présente comme le dernier grand bastion du Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza.

« Cela se fera-il y a une date », a affirmé lundi M. Nétanyahou, sans dévoiler cette date.

« Nous achèverons l’élimination des bataillons du Hamas, y compris à Rafah. Aucune force au monde ne nous arrêtera », a-t-il encore déclaré mardi, en visite sur une base militaire.

Antony Blinken a cependant assuré mardi qu’Israël n’avait pas fourni aux États-Unis, opposés à une offensive massive sur Rafah, de date pour cette éventuelle opération.

La guerre a éclaté le 7 octobre lorsque des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d’Israël, entraînant la mort de 1170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir des chiffres officiels israéliens.

Plus de 250  personnes ont été enlevées et 129 restent détenues à Gaza dont 34 sont mortes, d’après des responsables israéliens.  

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 33 360 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

La guerre a entraîné un déplacement massif de population et provoqué une catastrophe humanitaire dans le petit territoire assiégé de 2,4 millions d’habitants, où l’ONU redoute une famine généralisée alors que l’aide humanitaire, strictement contrôlée par Israël, arrive en quantité très insuffisante, principalement via l’Égypte.

Israël, confronté à une très forte pression internationale pour laisser passer davantage d’aide, a affirmé que 468 camions étaient entrés mardi dans la bande de Gaza, le nombre le plus élevé en une journée depuis le début de la guerre.

« Un tsunami »

Dans la ville de Gaza, dans le nord, une mission de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a résumé la dramatique réalité après une visite lundi à l’hôpital al-Chifa, détruit lors d’une opération israélienne en mars : « Cet endroit, qui était un lieu où l’on donnait la vie, n’évoque plus que la mort », a dit un médecin membre de la délégation, Athanasios Gargavanis.

Dans les ruines de l’immense complexe hospitalier, l’identification des cadavres est une nouvelle épreuve pour les secours et les familles. « Nous manquons de l’équipement nécessaire et le temps ne joue pas en notre faveur, nous devons terminer avant que les corps ne se décomposent », a raconté à un correspondant de l’AFP le directeur du service des urgences, Amjad Aliwa.

Mardi, l’armée a annoncé avoir détruit « des infrastructures terroristes » dans plusieurs secteurs et fait état de combats dans le centre du territoire.

Depuis l’annonce dimanche du retrait israélien de Khan Younès, des milliers de déplacés ont regagné la ville pour découvrir un paysage apocalyptique.

« Cette maison, ma maison, était un bâtiment de cinq étages et abritait plus de 80 personnes. Il ne reste plus rien. Ici, j’ai vécu mon enfance sous un sycomore qui avait plus de cinquante ans. Je ne le trouve plus », raconte Mohammed Saggah, de retour dans sa ville. « Ce n’est pas une guerre, pas une agression, c’est un tsunami qui a frappé le quartier », ajoute-t-il.

En prévision d’une offensive sur Rafah, Israël veut acquérir un stock de 40 000 tentes permettant d’abriter près de 500 000 personnes, selon une source gouvernementale qui n’a pas précisé où ces tentes seraient installées.