(Genève) L’ONU a affirmé mardi qu’Israël entravait davantage les distributions alimentaires dans la bande de Gaza que toute autre forme d’aide humanitaire.

« Les livraisons de nourriture coordonnées par l’ONU sont bien plus susceptibles d’être entravées ou de se voir refuser l’accès […] que toute autre mission humanitaire », a déclaré un porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires (OCHA), Jens Laerke, à Genève.

Cela veut dire, a-t-il ajouté, citant des statistiques de mars, que « les convois alimentaires qui devraient se rendre en particulier dans le nord, où 70 % de la population est confrontée à des conditions similaires à la famine, sont trois fois plus susceptibles d’être refusés que les autres convois humanitaires ».

Israël est soumis à des pressions internationales croissantes pour laisser entrer davantage d’aide dans la bande de Gaza ravagée par les destructions et menacée de famine, six mois après le début de la guerre déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien.

Le Cogat, organisme du ministère israélien de la Défense chargé des affaires civiles palestiniennes, a fait état mardi sur le réseau social X de l’inspection et de l’entrée de 741 camions d’aides dans la bande de Gaza « au cours des deux derniers jours ».

« Seuls 267 camions d’aide ont été distribués par les agences d’aide des Nations unies à l’intérieur de Gaza (dont 146 transportaient de la nourriture) », a-t-il ajouté.

M. Laerke a expliqué que ces comparaisons étaient « vides de sens », pour plusieurs raisons.

« Tout d’abord, les camions contrôlés par le Cogat ne sont généralement remplis qu’à moitié. C’est une exigence qu’ils ont mise en place », a-t-il dit, expliquant qu’une fois inspectés ces camions sont rechargés par l’ONU à plus de la moitié, et qu’il est donc normal que « les chiffres ne correspondent jamais ».

« Deuxièmement, compter et comparer au jour le jour » les camions inspectés et l’aide acheminée « n’a guère de sens, car cela ne tient pas compte des retards qui se produisent » entre ces deux étapes, a-t-il ajouté.

Ces retards sont notamment causés par les heures d’ouverture des points de passage et par le fait qu’Israël demande que « les chauffeurs et les camions égyptiens ne peuvent jamais se trouver dans la même zone en même temps que les chauffeurs et les camions palestiniens » qui récupèrent les marchandises, a-t-il dit.  

Les convois doivent ensuite être autorisés à circuler dans Gaza par les autorités israéliennes.

Or, a relevé M. Laerke, « la moitié des convois que nous avons essayé d’envoyer dans le nord avec de la nourriture ont été refusés par ces mêmes autorités ».

« L’obligation des parties belligérantes – et en particulier d’Israël en tant que puissance occupante de Gaza – de faciliter et d’assurer l’accès humanitaire ne s’arrête pas à la frontière. Cela concerne également les mouvements dans Gaza », a-t-il insisté.

La semaine dernière, Israël a annoncé vouloir permettre la livraison « temporaire » d’aide à Gaza par le port israélien d’Ashdod, à 40 km au nord de Gaza, et le point de passage d’Erez, dans le sud du pays.