Des responsables du Hamas et des représentants d’organismes humanitaires affirment que l’armée israélienne a pris pour cibles plusieurs hôpitaux du nord de la bande de Gaza, vendredi, dont le grand complexe hospitalier al-Chifa, alors que l’armée israélienne affirme tenter d’atteindre un poste de commandement du Hamas caché sous cette infrastructure.

Ce qu’il faut savoir

L’armée israélienne a concentré une partie de ses attaques de vendredi dans la bande Gaza autour de plusieurs hôpitaux.

Tsahal répète que les hôpitaux visés abriteraient des quartiers généraux du Hamas et un réseau de tunnels.

Les 266 Canadiens massés au poste-frontière de Rafah n’ont pu traverser en Égypte.

De passage en Inde, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a levé le ton envers Israël, indiquant que « bien trop de Palestiniens ont été tués ».

Pendant ce temps, dans le sud de la bande de Gaza, le poste-frontière de Rafah était à nouveau fermé, de sorte que personne ne pouvait entrer en Égypte, notamment un contingent de 266 Canadiens.

PHOTO KHODER AL-ZAANOUN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des Palestiniens marchent près des corps de victimes d’une frappe israélienne sur l’hôpital al-Chifa, dans la ville de Gaza.

Dans le nord de la bande de Gaza, les hôpitaux n’ont pas été épargnés par les troupes israéliennes.

« Nous sommes assiégés par des tanks », a déclaré à CNN Mustafa al-Kahlout, directeur de l’hôpital al-Nasr et du centre pédiatrique al-Rantisi, tout en demandant l’aide urgente du Croissant-Rouge pour évacuer les lieux.

Nous n’avons ni électricité ni oxygène pour les patients. Nous n’avons pas de médicaments ni d’eau.

Mustafa al-Kahlout, directeur de l’hôpital al-Nasr et du centre pédiatrique al-Rantisi

Tôt dans la journée, plusieurs tirs israéliens auraient atteint le grand complexe hospitalier al-Chifa, dans la ville de Gaza, où se trouvent non seulement des malades et des blessés, mais des dizaines de milliers de personnes essayant d’y trouver refuge contre les bombes. L’endroit devient de moins en moins sûr alors que les blindés israéliens avancent de tous les côtés.

Selon The New York Times, le ministère de la Santé de la bande de Gaza affirme qu’au moins un tir israélien a atteint l’hôpital al-Chifa vendredi, tuant une personne. Pendant ce temps, les organisations humanitaires multipliaient les appels à un cessez-le-feu.

Arrêt du « carnage »

Ainsi, le commissaire général de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a appelé vendredi à l’arrêt du « carnage » dans la bande de Gaza et à la fin du siège imposé par Israël à ce territoire.

L’UNRWA a par ailleurs annoncé que plus de 100 de ses employés avaient péri dans la bande de Gaza depuis le début du conflit.

PHOTO MAHMUD HAMS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des familles palestiniennes fuyant la ville de Gaza et d’autres parties du nord de l’enclave s’entassent sur une route menant vers le sud.

De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré vendredi que 20 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza ne fonctionnaient plus. « S’il y a un enfer sur terre aujourd’hui, son nom est le nord de la bande de Gaza », a déclaré le porte-parole de l’agence humanitaire de l’ONU, Jens Laerke, aux journalistes à Genève.

Au cours de la journée, les autorités des Forces armées d’Israël ont affirmé avoir conquis des postes de commandement clés du Hamas dans la ville de Gaza, et avoir tué au passage quelque 150 combattants du Hamas.

Par ailleurs, Affaires mondiales Canada a confirmé en milieu d’après-midi qu’aucun des 266 ressortissants canadiens inscrits sur la liste des étrangers autorisés à quitter la bande de Gaza n’avait pu traverser en Égypte au cours de la journée de vendredi.

PHOTO SAID KHATIB, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des Palestiniens marchent dans les décombres de bâtiments détruits par des frappes israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Aucune raison particulière n’a été citée par les autorités pour expliquer ce qui s’était passé. Rappelons que jeudi, 32 Canadiens, résidents permanents et membres de leur famille avaient traversé la frontière, s’ajoutant à 75 autres passés mardi.

Blinken lève le ton

Alors que les combats se poursuivaient, le premier ministre israélien Benyamin Nétayahou a rencontré les maires de villes situées près de la bande de Gaza pour parler de reconstruction et de sa volonté de placer le territoire palestinien sous le contrôle de l’armée israélienne.

« Les forces de Tsahal garderont le contrôle de la bande de Gaza, nous ne le céderons pas aux forces internationales », a déclaré Nétanyahou, selon un communiqué de son porte-parole, sans préciser s’il le ferait à court ou à long terme.

Les propos du premier ministre Benyamin Nétanyahou surviennent alors que de plus en plus de voix s’élèvent dans le monde pour appeler à un cessez-le-feu.

PHOTO JONATHAN ERNST, REUTERS

Lee secrétaire d’État américain, Antony Blinken, en visite à New Delhi, vendredi

De passage à New Delhi vendredi matin, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a d’ailleurs renouvelé avec plus d’insistance son appel pour qu’Israël ralentisse son pilonnage de Gaza.

Bien trop de Palestiniens ont été tués. Beaucoup trop de gens ont souffert ces dernières semaines.

Antony Blinken, secrétaire d’État des États-Unis

S’il maintient qu’Israël a droit de se défendre et félicite le gouvernement Nétanyahou d’avoir accepté d’observer des pauses militaires humanitaires de quatre heures par jour pour donner une chance aux civils de fuir les bombes, M. Blinken n’en affirme pas moins qu’« il y a davantage de choses qui peuvent et doivent être faites pour minimiser les dommages causés aux civils palestiniens ».

Rafaël Jacob, chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand, voit une « évolution graduelle » dans le discours américain depuis le début des hostilités.

« Plus le temps avance, plus il est évident que la pression est très forte au sein du Parti démocrate pour prendre une posture pro-palestinienne, estime M. Jacob. On l’a vu, notamment, pendant la fin de semaine dernière lorsque des milliers de manifestants ont convergé vers la Maison-Blanche. Et d’un point de vue de politique étrangère, il y a un énorme contraste entre la position américaine envers Israël et celle du reste du monde. »

Otages : plus d’Israéliens souhaitent des négociations

Un sondage mené pour le compte de l’Israel Democracy Institute indique que le nombre d’habitants de l’État hébreu favorables à une négociation pour la libération des otages détenus par le Hamas, sans pour autant interrompre son offensive, est en hausse.

PHOTO KENZO TRIBOUILLARD, AGENCE FRANCE-PRESSE

Bombardements israéliens dans la bande de Gaza, vendredi

Le sondage, réalisé les 5 et 6 novembre et publié vendredi, indique que 38 % des répondants souhaitent le début immédiat de négociations tout en continuant la guerre. Ce taux était de 32 % dans un sondage mené les 18-19 octobre et de 22 % lors d’un premier coup de sonde fait du 15 au 17 octobre.

Les résultats de vendredi montrent aussi que 22 % des répondants rejettent toute forme de négociation.

Le ministère des Affaires étrangères d’Israël a par ailleurs indiqué que le bilan des attaques terroristes du Hamas perpétrées le 7 octobre avait été revu à la baisse, passant de 1400 à 1200 morts. Beaucoup de corps non identifiés depuis les attaques étaient ceux de membres du Hamas. Rappelons que 239 personnes enlevées à la suite de ces attentats sont toujours entre les mains du Hamas.

Sources : CNN, The New York Times, Al Jazeera, Agence France-Presse, The Times of Israel, Associated Press et Reuters