Israël a menacé de faire subir à Beyrouth, capitale du Liban, le sort qu’il réserve à Gaza, samedi, alors que le plus important hôpital du territoire palestinien manquait d’électricité pour maintenir en vie des patients vulnérables, y compris des nourrissons.

L’État hébreu répondait ainsi au dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui avait vanté ses capacités militaires plus tôt dans la journée.

« Ce que nous pouvons faire à Gaza, nous pouvons aussi le faire à Beyrouth », a déclaré le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, lors d’une visite dans le nord d’Israël près du Liban, au 36e jour de la guerre avec le Hamas. « Si [le Hezbollah] commet des erreurs ici, les premiers à en payer le prix seront les citoyens [libanais]. »

La frontière entre le Liban et Israël est le théâtre d’échanges de tirs quotidiens depuis le 7 octobre.

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De la fumée s’échappe des collines de la crête de Ramim après un échange de tirs entre Israël et le Hezbollah, à la frontière israélienne avec le Liban.

Dans ce contexte, « il y a eu un renforcement de l’action de la résistance sur le front libanais, par le nombre d’opérations, le nombre d’objectifs visés et aussi les armes employées », a assuré le chef de la milice libanaise dans un discours télévisé.

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Des partisans du Hezbollah libanais brandissent le poing en écoutant un discours du chef de la milice, Hassan Nasrallah.

Hassan Nasrallah a assuré que sa puissante milice envoyait « des drones de reconnaissance » en profondeur au-dessus d’Israël sur une base quotidienne, « dont certains parviennent à Haïfa, Acre et Safed », dans le nord de l’État hébreu.

« Pour la première fois dans l’histoire de la résistance au Liban, nous utilisons les drones suicides » pour attaquer des cibles en Israël, a-t-il ajouté.

Près de 100 personnes ont été tuées dans les affrontements frontaliers depuis le début d’octobre. La majorité des victimes sont des combattants du Hezbollah.

Deux bébés prématurés meurent

Pendant ce temps, les combats intenses continuaient autour du plus grand hôpital de la bande de Gaza, al-Chifa, où des milliers de civils s’entassent aux côtés des patients. Deux bébés prématurés sont morts, faute d’électricité pour alimenter les incubateurs où ils se trouvaient, selon une ONG médicale israélienne. Un patient adulte serait par ailleurs mort après l’arrêt de son respirateur artificiel.

PHOTO DE L’ARMÉE ISRAÉLIENNE, FOURNIE PAR L’AGENCE FRANCE-PRESSE

Des chars israéliens défilent dans la bande de Gaza alors qu’un bulldozer de l’armée démolit un bâtiment incendié.

« La vie des 37 autres bébés prématurés » du service de néonatalogie est aussi en danger, selon Physicians for Human Rights – Israel. Leurs collègues de Médecins sans frontières (MSF) ont dit « condamner fermement l’arrêt de mort signé par l’armée israélienne à l’encontre des civils actuellement piégés dans l’hôpital al-Chifa », réclamant « un cessez-le-feu immédiat et sans condition ». L’ONG française avait dénoncé des frappes récentes contre l’hôpital et assure que son personnel « est témoin de personnes visées par des tirs alors qu’elles tentent de fuir ».

L’armée israélienne a assuré ne pas en être responsable, montrant plutôt du doigt un tir de roquette raté par le Hamas. A contrario, Tsahal a assuré qu’il collaborait et continuerait à collaborer avec les soignants.

« Le personnel de l’hôpital al-Chifa a demandé que demain, nous aidions à évacuer les bébés du service pédiatrique vers un hôpital plus sûr. Nous fournirons l’assistance nécessaire », a déclaré le porte-parole Daniel Hagari lors d’une conférence de presse.

Quant aux civils, ils peuvent toujours sortir de l’hôpital, ont assuré les militaires. Il existe « un passage défini pour sortir et entrer du côté est de l’hôpital », a dit M. Hagari, alors que les ONG dénoncent des tirs constants.

Pas de cessez-le-feu sans les otages

Toujours samedi, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a maintenu la ligne dure face aux appels internationaux croissants à un cessez-le-feu. Aucun scénario de ce type ne pourra être considéré sans le retour des 239 otages retenus par le Hamas, a-t-il averti.

La guerre actuelle ne pourra pas se terminer avec le Hamas en possession de la bande de Gaza, a-t-il ajouté. L’Autorité palestinienne, qui gouverne actuellement la Cisjordanie, ne fera pas l’affaire non plus, selon lui.

« Il nous faut un contrôle sécuritaire total avec la possibilité d’entrer quand nous le voulons pour déloger les terroristes qui peuvent émerger de nouveau », a asséné M. Nétanyahou dans un discours télévisé.

Le jour d’après, la bande de Gaza sera démilitarisé, il n’y aura plus de menace venue de Gaza sur Israël. Le massacre du 7 octobre a définitivement prouvé que tout endroit qui n’est pas sous le joug sécuritaire israélien verra un retour de la terreur.

Benyamin Nétanyahou, premier ministre d’Israël

Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, « n’a toujours pas condamné » l’attaque du 7 octobre, a souligné le premier ministre israélien, indiquant qu’il était donc disqualifié de ses plans pour l’avenir de Gaza. « Il faudra autre chose là-bas. Mais dans tous les cas, il faudra qu’il y ait notre contrôle sécuritaire. »

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Manifestation à Tel-Aviv en opposition à l’approche du gouvernement sur la question des otages, samedi

À Tel-Aviv, des milliers de personnes ont manifesté leur désaccord avec l’approche du gouvernement : on doit donner la priorité à la vie des otages retenus à Gaza, ont-ils fait valoir. « Ne me parlez pas de conquête, ne me parlez pas d’anéantir Gaza. Cessez de parler. Agissez pour ramener les otages chez eux, dès maintenant », a notamment lancé Noam Perry, fils d’un otage, selon le journal israélien Haaretz.

L’attaque du Hamas, d’une violence et d’une ampleur inédites depuis la création de l’État d’Israël en 1948, a fait environ 1200 morts du côté israélien, en majorité des civils tués le 7 octobre, selon des chiffres officiels israéliens.

Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens ont fait plus de 11 000 morts, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Avec l’Associated Press et l’Agence France-Presse